Rester soignant devant la mort, de Lucile Rolland-Piègue et Stéphanie Träger (Editions Le Coudrier)
Accompagner la fin de vie fait partie du métier du soignant, comme l’apprend l’expérience. La voilà partagée pour éclairer une situation clinique et améliorer la pratique.
Tous les soignants sont amenés à faire face à la mort, et beaucoup déplorent ne pas y avoir été préparés, qu’ils soient médecins ou infirmiers. Tel est le constat fait par la psychologue clinicienne Lucile Rolland-Piègue et l’oncologue Stéphanie Träger, toutes deux membres d’une équipe mobile de soins palliatifs. C’est que la fin de vie fait peur et met ainsi fréquemment en difficulté des soignants qui se disent réticents à rentrer dans la chambre d’un patient en train de mourir. Un sujet délicat voire tabou auquel on a tendance à préférer ne pas penser, et dont on parle donc rarement, même chez des professionnels de santé qui y sont régulièrement confrontés. Les deux auteures ont souhaité l’aborder frontalement afin de rendre plus sereine la prise en charge de patients sur le point de partir. Un moment souvent vécu par le soignant comme un échec, surtout si la personne décédée est jeune, et incite à s’interroger sur ce que l’on a bien pu rater, ce que l’on aurait pu faire pour l’éviter.
Parler de la mort
En traitant aussi bien la réalité physiologique du décès que de son vécu émotionnel, ce livre montre combien les aspects médicaux et psychologiques vont de pair. Sans rentrer dans le débat sur la fin de vie et l’aide active à mourir, il porte l’attention sur les différentes étapes de la mort en appelant à rendre pleinement sa place à cette dernière. Pour cela il donne la parole à des soignants et souligne l’importance d’en parler aussi bien avec son équipe qu’avec le patient et ses proches. Il indique quels sont les signes cliniques de la fin de vie et ceux qui signifient la mort en donnant des conseils pour accompagner ce moment et l’annoncer aux concernés. Sans oublier le côté pratique de l’après décès, avec les soins apportés au défunt, la chambre à réinstaller ou les rituels qui peuvent alors être mis en place. De quoi répondre à un vrai besoin que symbolise le témoignage d’un infirmier expliquant n’avoir pas choisi ce métier «pour faire face à la mort », ajoutant qu’il ne pensait pas y être « confronté aussi régulièrement ». La réalité lui a rappelé son devoir de toujours rester soignant.
Et aussi…
HÔPITAL
Dans l’intimité de l’humain au cœur des urgences, de Marc Magro (Editions Christine Bonneton)
Voici une chronique qui pourrait paraître improbable : celle d’un urgentiste heureux. Marc Magro exerce depuis trente ans dans un de ces services dont on entend sans cesse les appels au secours face à des sous-effectifs du personnel conduisant à un burn-out généralisé. Ni aveugle ni candide, ce médecin en est évidemment parfaitement conscient et ne le nie en aucune manière, mais il a pris le parti de s’attacher avant tout aux « petites choses délicieuses qui m’entourent et me réjouissent ». Et d’abord des rencontres privilégiées avec des patients et leurs familles qui font preuve d’une résilience émouvante face à leurs épreuves. Pas uniquement à l’hôpital, car l’urgentiste a fait le choix d’exercer en partie comme médecin-pompier au SAMU, ce qui le conduit sur la route et à domicile et stimule son goût pour l’improvisation, la débrouille, l’écoute des autres mais aussi de soi. Et en nous plongeant dans son intimité d’humain, son témoignage est une vraie leçon de vie au cœur des urgences.
SEXOLOGIE
Sexe, cerveau et amour, d’Aurore Malet Koras (Editions humenSciences)
Sexologue et docteure en neuroscience, Aurore Malet Koras s’étonne que les journalistes et ses patients qui la questionnent sur le sexe et les rapports amoureux n’envisagent que rarement la biologie comme un paramètre important. Elle assure pourtant que la neurobiologie pourrait nous aider à trancher nombre de problèmes importants en nous rapprochant davantage d’une réalité naturelle sur des questions comme le désir, la passion ou le couple. Face à ces mots chargés culturellement d’une conception devenue parfois anachronique, elle invite à un pas conceptuel qui ramène au fonctionnement des neurones et d’acteurs chimiques qui interviennent dans le jeu érotique et contribuent à l’orgasme. Ce livre incite donc à prendre conscience de l’action de la dopamine, la sérotonine, la prolactine, les stéroïdes ou l’ocytocine dans un cocktail de l’amour qui apparaît comme le fruit de l’évolution darwinienne, mais reste toutefois encore loin d’être complètement rationalisable. Dieu merci !