A bras le corps! Savants et instruments au Collège de France au XIXe siècle. Sous la direction de Jérôme Baudry et Jean Dalibard (Collège de France Editions)
La recherche sur le corps et ses mystères a connu un essor sans précédent au XIXe siècle grâce à de grands scientifiques mais aussi d’instruments qui ont permis d’innombrables expérimentations. Une histoire exposée et mise en page.
Jusqu’au 12 juillet prochain, l’exposition « A bras le corps » retrace l’histoire de la recherche sur le corps réalisé au Collège de France lors de ce grand siècle pour la science que fut le XIXe. Sous la direction de l’historien des sciences et des techniques Jérôme Baudry et du physicien Jean Dalibard, paraît également son catalogue qui présente, en texte comme en images, les découvertes et les acteurs ayant permis à la connaissance de progresser grâce à de nombreuses expérimentations. Et surtout à l’aide d’ingénieux instruments conçus pour mettre à l’épreuve du réel la recherche dans le domaine des sciences de la nature. Plaque de vivisection, tubes à essais, microscope, pneumographe, fusil chronophotographique à bande pelliculaire, appareil magnéto-électrique, tube à rayons X, galvanomètre ou chronomètre, et j’en passe, nombre d’outils (dont sont ici publiées les notices) ont en effet permis de faire entrer la science dans une ère nouvelle dédiée à la méthode expérimentale. Une ère scientifique et médicale dans laquelle les faits ont pris le pas sur les postulats théoriques dans une quête de déterminismes physiologiques et physiques.
Quand la Troisième République glorifiait la science
Cette recherche fut menée par de grands scientifiques tels Claude Bernard et Arsène Arsonval, titulaires de la chaire de médecine, Etienne-Jules Marey, à la tête de celle d’Histoire naturelle des corps organisés, et une quantité d’autres acteurs ayant contribué à l’élaboration de la science au sein du Collège de France. On les découvre d’ailleurs à l’intérieur de ces laboratoires qui rappellent combien cette institution fut alors un lieu de recherche innovante alors que l’on a tendance a davantage l’identifier pour son activité d’enseignement. Cette plongée dans le passé renvoie évidemment à une société d’un autre temps, celui d’une Troisième République qui glorifiait la science émergente en accordant un statut de vedette nationale à ces illustres représentants, mais où la femme n’avait encore pas sa place. L’exposition montre toutefois l’importance d’une féminisation en rappelant que la physiologiste et psychologiste polonaise Józefa Joteyko fut la première femme à avoir enseigner en 1916 au Collège de France. Par ses travaux sur la douleur, la fonction musculaire et la fatigue, elle participa elle aussi pleinement à cette histoire de la science expérimentale remarquablement retranscrite dans ce catalogue.
Et aussi...
ÉTHIQUE
Inclusion, exclusion et vulnérabilité, coordonné par Walter Hesbeen (Seli Arslan)
Quelle éthique pour un juste accompagnement des personnes fragiles et vulnérables dans les établissements de soin et médicaux-sociaux ? Telle est la question à laquelle s’attache à répondre cet ouvrage coordonné par l’infirmier et docteur en santé publique Walter Hesbeen. Il s’intéresse donc à la situation d’individus dont la vulnérabilité est prégnante, qu’elle soit liée à la maladie, la dépendance, l’altération de l’autonomie ou la précarité. Des limitations de toute sorte qui peuvent un jour ou l’autre concerner tout un chacun, et nécessitent d’être accompagnées d’une façon spécifique. Tout particulièrement par des soignants destinés à être à la fois des acteurs de santé publiqueet des vecteurs d’apaisement. Des médecins, des ergothérapeutes, des infirmiers ou psychologues apportent ici leurs expériences, leurs réflexions et leurs propositions pour faire face et tenter de pallier cette vulnérabilité qui peut notamment résulter d’un handicap ou tout simplement de l’âge et de la fin de vie. Un apport notable qui tient compte des contraintes et des caractéristiques des institutions pour mieux favoriser l’inclusion, en identifiant les manières justes de prendre soin de personnes fragiles tout en se souciant avant tout de leur dignité pour nouer une relation humaine sincère.
HÔPITAL
Nous sommes hospitalières, par Gisèle Ciupa, Leonie Donnet et Nathalie Houot (MNH)
Cela part d’un constat fait par les trois membres du comité éditorial de ce livre publié par la Mutuelle Nationale des Hospitaliers, dont l’une, Gisèle Ciupa, est infirmière : les experts qui parlent de l’hôpital dans les médias, essentiellement pour évoquer sa « souffrance », sont essentiellement des hommes. Or l’hôpital est constitué à 80 % d’hospitalières, d’où l’idée de leur donner la parole. Sage-femme, aide-soignante, assistante médico-administrative, gynécologue obstétricienne ou infirmière en psychiatrie, elles sont dix à livrer leur témoignage, un son de cloche qui détonne dans le concert de plaintes et d’appels au secours à un hôpital en péril entendu habituellement. Tout en pointant des difficultés réelles et incontournables, ces femmes n’abondent pas à un discours dramatisant mais revendiquent un métier qui relève pour la plupart d’entre elles d’une vocation et d’un bonheur à prendre soin de l’autre. Un souffle de passion et de bienveillance qui valorise un hôpital tant décrié en envisageant son avenir avec optimisme. Cela ne suffit évidemment pas à effacer difficultés chroniques et dysfonctionnements, mais rappelle qu’un profond goût du soin et du service public demeure plus que vivace chez les hospitalières.