Un gynécologue raconte, d'Alain Berrebi (éditions Imago)
En livrant une vingtaine d'histoires stupéfiantes de procréation et de grossesse, Alain Berrebi montre une réalité de la gynécologie obstétrique qui dépasse la fiction. Aussi étrange qu'instructif. 
Les histoires que nous raconte Alain Berrebi sont plus incroyables les unes que les autres, mais elles sont toutes vraies. Et pourtant, « comment croire les femmes qui m'expliquaient qu'elles étaient tombées enceintes sans rapport sexuel, à la suite d'un simple rêve, ou dans une marre d'eau dans laquelle un couple avait eu des ébats amoureux peu de temps auparavant ? », reconnaît ce gynécologue spécialiste des grossesses à haut risque. Il est toutefois formel : aussi extraordinaires que puisse paraître la vingtaine de récits qu'il nous livre, la substance de son témoignage est « authentique », qu'elle corresponde à ce que lui ont confié des patientes ou à des cas qui lui ont été rapportés. D'une histoire à l'autre, on baigne néanmoins dans l'étrange et flirte avec l'irrationnel d'une stupéfiante réalité de la gynécologie obstétrique. Par exemple celle de cette octogénaire vietnamienne chez qui l'on découvre un lithopédion, un enfant de pierre, fœtus développé hors de l'utérus et calcifié qu'elle a porté plus de cinquante ans sans chercher à savoir pourquoi elle avait un gros ventre.
Dans ces histoires de procréation et de grossesse exceptionnelles, on apprend l'existence de pathologies extrêmement rares comme le fœtus in fetu dont souffre une jeune fille de seize ans. Une tumeur d'un type très particulier puisqu'il s'agit du fœtus de feue sa jumelle qui s'est agrégée depuis sa naissance à son abdomen. Une centaine de cas de ce type ont été recensés dans la littérature médicale, indique Alain Berrebi qui assortit chacun de ses récits d'un commentaire apportant un éclairage pour comprendre l'invraisemblable. Il s'est pour cela entouré de nombreux spécialistes, du psychiatre au généticien bien utile pour expliquer pourquoi un couple de parents blonds aux yeux bleus peut tout à fait avoir un enfant noir sans que la mère ait trompé son mari. La psychologie aidera quant à elle à mieux saisir comment un homme en arrive à débarquer en panique aux urgences obstétriques en se disant prêt à accoucher, et l'histoire nous renvoie à la tradition légendaire d'un village breton où une jeune femme assure porter un enfant conçu avec la lune. Mais Alain Berrebi nous rappelle surtout que la médecine n'est pas une science exacte et qu'elle garde ses mystères, tout comme la vie. Avec des coïncidences troublantes qu'aucun expert ne pourra expliquer.
Et aussi...
Transmission
Conseils à un jeune professionnel en psychiatrie, de Michel Pinardon (éditions L'Harmattan)
Voilà un livre qui nous rappelle que la psychiatrie est une partie de la médecine singulière. Celle qui s'occupe de l'esprit, un domaine plus difficile à délimiter et à appréhender que le cœur, les reins ou le système intestinal. Jusqu'en 1992, les infirmiers évoluant dans cette spécialité bénéficiaient d'ailleurs d'une formation spécifique. Michel Pinardon en a profité, lui qui a exercé quarante ans comme infirmier. Il est aussi depuis vingt ans psychothérapeute et c'est fort de cette double expérience qu'il délivre aujourd'hui de précieux conseils aux nouveaux venus en psychiatrie en insistant sur un point fondamental : la relation avec le patient, un lien « personnel, singulier et évolutif » qui « doit être nourri, entretenu, cultivé ». Il décrit ainsi avant tout un état d'esprit qui va aider à éclairer mais aussi à nouer la relation thérapeutique, en invitant à ne jamais cesser d'approfondir cette dernière, à la personnaliser en poursuivant une réflexion ouverte sur l'océan sans fin de la connaissance. Ce qui concerne finalement tous les soignants.
Apprentissage 
Soin et autoformation : comment conserver un pouvoir d'agir ?, de Jean Bernard Cottier (éditions Seli Arslan)
Infirmier et titulaire d'un doctorat en science de l'éducation, Jean-Bernard Cottier a toujours considéré que l'exercice de son métier était une voie pour penser sa vie. « Encore restait-il à constituer des ponts entre ces deux mondes », rappelle-t-il dans ce livre où il montre comment l'autoformation en est devenue l'agent. Il y propose ainsi une démarche d'autoformation existentielle qui ne concerne pas seulement une profession mais plus largement une façon de voir le monde par soi-même et avec les autres, comme une quête de signification attribuée à nos choix d'action. En s'appuyant sur son expérience personnelle avant d'élargir son propos aux multiples possibilités qu'offrent autoformations individuelles et collectives, l'infirmier nous indique comment l'apprentissage s'intègre dans un processus de construction de sens, tout en étant un vrai sujet d'actualité par sa nécessité. On comprend aussi combien chaque parcours s'avère différent, et l'importance de savoir se saisir de toutes les occasions qui s'offrent d'enrichir son savoir. En cultivant le plaisir d'apprendre.