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Un feedback de qualité pour des relations interpersonnelles assainies

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Publié le 12/12/2024

La pratique managériale se nourrit en permanence des échanges qui se trament entre le leader et ses collaborateurs, des remarques que l’un formule vers les autres au sujet de leurs activités, leur comportement, leur adhésion à un projet. Qu’ils soient de nature positive ou rectificative, ces commentaires et ces interactions portent un nom : le feedback.

Le feedback positif améliore la pratique

Crédit photo : Feedback pexels-tessy-agbonome

Le feedback comme vous n’en avez jamais entendu parler

Cette notion est régulièrement enseignée dans les écoles de management et les IFCS, comme un passage obligé vers des relations constructives et solides au sein d’une équipe ou d’un colloque singulier. Mais si l’on se réfère à l’ouvrage de Stéphane Moriou intitulé « Feedback – le pouvoir des conversations », publié aux éditions Dunod, le feedback est bien plus que cela. On n’aurait pas cru qu’elle puisse remplir les 264 pages d’un livre. Et pourtant, l’auteur part d’une relation interpersonnelle pour étendre ses ramifications vers les domaines de la communication, de l’apprentissage, de la curiosité, du langage notamment, dans un discours toujours étayé de théorie et souvent poétique.

Un cadeau que l’on offre en retour d’une action ou d’un comportement

Le feedback signifie littéralement « nourrir en retour ». Si l’on applique cette définition au domaine des interactions humaines, le feedback est donc simplement, nous le savons tous, une information transmise d’une personne à une autre qui est consécutive à une observation et qui a pour objectif de faire grandir l’autre, une information sur un comportement passé et observé et qui peut influencer le comportement futur. Stéphane Morio propose une autre définition plus poétique. Il le décrit comme « un cadeau que l’on offre à l’autre en retour à une observation directe afin de l’aider à grandir et à réaliser son potentiel ». Cela vaut pour le feedback positif, le feedback correctif servant, quant à lui, à réduire les interférences qui impactent négativement sa performance.

Si un bon feed-back va aider l’autre à grandir, le mauvais feed-back peut durablement affecter l’identité et l’estime de soi de l’interlocuteur.

Un désert de feedback dans un océan d’information

Il rappelle aussi que chacun d’entre nous reçoit peu de feedback, pas assez en tout cas pour pouvoir progresser selon notre potentiel. « Nous vivons dans un océan d’information est dans un désert de feed-back, regrette-t-il. C’est dans ce vide d’attention à l’autre que notre monde devient humainement aride ». Cette affirmation est d’autant plus vraie que, effectivement, l’océan d’information dans lequel nous vivons est de plus en plus fixé par les réseaux sociaux qui sont le vecteur majoritaire du feed-back aujourd’hui, mais souvent dans ce qu’il a de plus violent et de négatif. Car si un bon feed-back va aider l’autre à grandir, le mauvais feed-back peut durablement affecter l’identité et l’estime de soi de l’interlocuteur.

Les deux facettes du feedback efficace

C’est pour cela que nous devrions tous apprendre les compétences du feed-back. Porter le bon regard sur les gens, décrypter un comportement, utiliser les mots appropriés, favoriser un environnement sécurisant, écouter les feed-back, ne pas vexer. Pour résumer, parler un nouveau langage et créer une authentique culture du feed-back. Stéphane Morio entre alors dans le vif du sujet, en citant deux caractéristiques de la performance, le potentiel et les interférences. Ces deux notions sont à l’origine des deux types principaux de feedback : le positif, qui s’attache donc à faire prendre conscience à son interlocuteur son potentiel et qui l’aide à prendre conscience des actions efficaces qu’il a mené dans le passé afin qu’il soit encouragé à le reproduire encore plus efficacement dans le futur ; le correctif, qui vise à réduire l’impact négatif d’une interférence et à réduire nos points faibles.

L’impact négatif du feedback asséné par les réseaux sociaux

L’auteur nous engage, pour aller plus loin dans l’analyse, à ne pas utiliser le feed-back négatif qui est verbalise ce qui a été mal fait et qui montre que le cerveau est résistant aux injonctions négatives. À ce titre, il faut bien dire que le feedback reçu des réseaux sociaux est à majoritairement un feed-back négatif qui traite souvent du superficiel et ajoute à l’ignorance une violence et une méchanceté que seul ce type de média peut asséner. À l’inverse, l’auteur oppose la force du feedback, qui permet d’être exigeant et bienveillant à la fois dans une même formule, exigeant sur les résultats et bienveillant avec les personnes. Et pour qu’il soit plus efficace, il doit être utilisé de manière régulière mais avec un dosage approprié et selon des modalités variées. Il est des moments, en effet, où l’on ne souhaite pas en recevoir.

Telles sont les quelques réflexions, non exhaustives évidemment, que nous avons tirées de cet ouvrage qui prône l’émergence d’une réelle culture du feedback pour des relations interpersonnelles assainies et des performances tendant à mettre en œuvre tout le potentiel de celui qui le reçoit.

*Feedback - Le pouvoir des conversations de Stéphane Moriou - Éditions Dunod - Mars 2023 - (264 pages - Version papier 19,90€ ; ebook 14,99€)

 


Source : infirmiers.com