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GRANDS DOSSIERS

Zéro bijou : quand la comparaison améliore la conformité

Publié le 30/07/2015
poignet bracelet bijoux

poignet bracelet bijoux

Le non-port de bijoux est un des pré-requis pour une hygiène des mains efficace permettant d'assurer la qualité et la sécurité des soins apportés aux patients dans les établissements de santé (Surveiller et prévenir les infections associées aux soins - SFHH / Ministère de la Santé et des Sports / HCSP - Septembre 2010 - Recommandation n° R 29). Afin d'en améliorer l'application, l'Equipe Opérationnelle d'Hygiène (EOH) du Centre Hospitalier Avranches-Granville semble avoir trouvé une solution.

En service, le port de bracelet reste anecdotique.

Depuis mai 2013, deux fois par an, l'EOH évalue à l'échelle de l'établissement la quantité et la qualité des bijoux portés par les soignants. Pour cela, l'EOH propose aux cadres de santé des services de soins (chirurgie, médecine, gynécologie, soins de suite...) et médico-techniques (imagerie médicale, kinésithérapie...) de réaliser une prévalence du port de bijoux. Elle consiste sur une journée à observer les mains et poignets de tous les professionnels (médecins, internes, IDE, AS, ASH, kiné ...) et étudiants (IDE, AS...) présents. Une grille de recueil permet de noter pour chacun d'eux l'absence ou le type de bijou(x) porté(s).

Les résultats propres à chaque équipe sont restitués sous forme de posters adressés aux cadres et médecins-chefs du service pour être diffusés auprès de toute l'équipe. Ils peuvent être affichés pour information auprès des professionnels mais aussi des usagers. Ils sont également présentés par l'EOH lors des rencontres d'informations/formations effectuées tous les ans dans chaque service.

Les diagrammes constituant les posters amènent les professionnels à comparer :

  • l'évolution du pourcentage de bijoux présents dans le service en lien avec celle observée au niveau de l'établissement (de mai 2013 à mai 2015) ;
  • la position du service par rapport aux autres en termes de pourcentage de port de bijoux ;
  • le pourcentage et le type de bijoux portés d'une part dans l'équipe médicale, d'autre part dans l'équipe paramédicale au sein de l'équipe ;
  • l'évolution du port de bijoux pour chaque catégorie professionnelle du service.

Ainsi, ont été audités de 221 à 340 professionnels répartis dans les services de soins participant (de 54% à 83% des unités de soins de l'établissement). Par la restitution des résultats à chaque service avec un diagramme qui le positionne par rapport aux autres, nous observons une diminution significative du port de bijoux (33% en mai 2013 vs 21% en décembre 2014 ; p=0,003). Cette baisse perdure puisqu'en mai 2015 le taux de port de bijoux est de 18%. Le taux maximum de port de bijoux observé dans une équipe a chuté de 88% à 46% (p=0,09)1. Nous notons une baisse du taux de porteurs dans les services ayant eu au préalable le plus fort pourcentage (88% à 0% ; p=0,005 - 67% à 22% ; p=0,23 - 64% à 24% ; p=0,11).

En mai 2014, cinq services affichaient un taux de 0% ; en mai 2015 ce sont 8 services sans bijoux et 15 si l'on exclut le corps médical et les sages-femmes. Les professionnels les plus porteurs sont en effet les médecins malgré une baisse à la limite de la significativité (de 73% à 48% ; p=0,07).

En mai 2015, l'alliance reste le bijou le plus présent (11% des audités soit 60% des porteurs de bijoux) suivie par la montre (8% des audités soit 47% des porteurs). Le port de bague (2%) et de bracelet (1%) reste anecdotique. A noter que certains professionnels portent plusieurs bijoux (environ 4%).

Ainsi au centre hospitalier Avranches-Granville, au travers des diagrammes de résultats de la prévalence port de bijoux, une concurrence implicite entre les différents services, et au sein d'une équipe entre les différents professionnels, a permis une augmentation significative de la conformité au "Zéro bijou". Ces résultats sont renforcés par la répétitivité des observations et le retour fait systématiquement aux équipes par le service d'hygiène lors de rencontres effectuées annuellement dans chaque service.

Note

  1. Test statistique. Lorsque la valeur de "p" est inférieure à 0,05, le test est significatif.

Service d'Épidémiologie et Hygiène Hospitalière du Centre Hospitalier Avranches-Granville N. CHEVRIE, R. LESERVOISIER, M. BINET, A. GABARD, E. PIEDNOIR, G-C. BORDERAN

Réseau Régional d'Hygiène de Basse-Normandie (RRHBN) F. BORGEY


Source : infirmiers.com