Isabelle Fromantin est infirmière à l'institut Curie et partage son temps entre deux activités : une activité clinique et une activité de recherche. Elle n’a jamais perdu de vue sa priorité : soigner ses patients, un moteur qui la guide y compris dans son travail de recherche. Elle est à l'origine de KDog, un projet de dépistage du cancer du sein grâce à l'odorologie canine, lancé en 2009 et qui s’apprête à entrer en phase d’étude clinique. Rencontre.
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« Blouse blanche et poils de chiens ». Blouse blanche pour sa blouse à elle, d’infirmière, et poils de chiens parce qu'Isabelle Fromantin, chercheure à l’institut Curie, docteure en sciences, mène des travaux pour faire avancer le dépistage du cancer du sein grâce à une technique pour le moins originale : en utilisant l’incroyable odorat canin. « Blouse blanche et poils de chiens », titre qu’elle a choisi pour raconter dans un livre récemment publié, son projet « KDog », dont nous vous avions déjà parlé. Le jour où nous l’avons rencontrée, Isabelle Fromantin avait justement prévu de rendre visite à Didier Valentin, l’un des « cyno » de Kdog comme elle dit, un dresseur de chiens, ex-militaire, qui l’aide en ce moment à préparer la phase d’étude clinique de sa recherche.
Et le résultat est assez impressionnant pour quiconque n’a jamais vu un chien-chercheur à l’œuvre (et à son insu puisque le chien, même lorsqu’il est mis à contribution par des scientifiques, le chien ne fait toujours que jouer). Devant les quatre cônes soumis à sa truffe, et alors que l’un d’eux seulement est porteur d’une odeur tumorale, l'animal renifle et reconnaît celle du cancer. Attention, il n'y a pas de contact entre l’animal et les femmes
, rappelle Isabelle Fromantin. La femme met une lingette sur le sein, dort avec et c'est la sueur qui va être analysée par le chien
.
Pour moi, le soin et la recherche sont complémentaires. La recherche est un moyen de mieux faire du soin.
Chercheure, mais toujours infirmière
Le diagnostic transcutané des cancers par les odeurs, le projet KDog, était l’une des hypothèses d’Isabelle Fromantin - formulée dans sa thèse. Parce que la soignante mène de front de nombreux projets. A 46 ans, et après avoir travaillé en Afrique, au Togo, dans un hôpital d'enfants, au début de sa carrière, elle a fait ce qu'elle a toujours voulu faire
: du soin de plaies. Mais elle ne s'est pas arrêtée là. Après avoir soutenu une thèse, elle a breveté un nouveau type de pansements destiné aux plaies malodorantes qui soit plus efficace que ce qu'on avait actuellement et qui ne soit ni antibiotique ni antiseptique
et a aussi trouvé le temps d’ouvrir la première consultation française spécialisée dans les plaies en cancérologie, à l'institut Curie. Bien sûr, comme elle le répète régulièrement, elle ne travaille pas toute seule. Et de souligner par exemple l’investissement de toute une équipe dans le projet KDog, y compris de la part de bénévoles.
Même après son parcours, même avec ses projets de recherche, même avec son expertise reconnue à l’international, il n'est pas question pour elle de changer de métier. Je me sens très infirmière
, affirme-t-elle, avant de se faire l'avocat du diable (du diagnostic avec des chiens, est-ce que ce n’est pas un peu éloigné des soins ?) et de prendre bien vite sa propre défense : Eh bien pas du tout. Si un jour ces cancers peuvent être diagnostiqués, alors il y aura moins de plaies
. La recherche, pour Isabelle Fromantin, doit rester concrète. Moi, j'ai besoin que ça revienne très vite au patient
, martèle-t-elle, santiags aux pieds.
Le livre : Blouse blanche et poils de chiens : comment j’ai découvert l’odeur du cancer ; Isabelle Fromantin avec Sandra Kollender, aux éditions de La Martinière ; avril 2018.
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Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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