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A voir - La fille de Brest : véritable thriller médical

Publié le 23/11/2016
fille brest cinema

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Dans son hôpital de Brest, le Dr Irène Frachon, pneumologue, découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d'un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon que nous propose la cinéaste Emmanuelle Bercot est une bataille dantesque pour voir enfin triompher la vérité. Le film intitulé "La fille de Brest" sort aujourd'hui en salle. Courez-y, d'autant que l'affaire Mediator, véritable scandale de santé publique, est toujours en cours d'instruction...

La pneumologue brestoise Irène Frachon va longtemps "crier dans le désert" avant de pouvoir se faire entendre et faire entendre raison aux autorités sanitaires... 

Une histoire à la David contre Goliath, un combat mené avec pugnacité et énergie et parfois même avec l'énergie du désespoir... Celui d'Irène Frachon, "petite médecin de province" contre la toute puissance d'un industriel du médicament, le laboratoire Servier qui commercialise l'antidiabétique Mediator depuis 1976, utilisé également hors AMM comme coup-faim et alors consommé quotidiennement par près de 300 000 Français.

Dans sa grande candeur, le Dr Irène Frachon ne voit pas le mal. Elle n'est médecin que pour accompagner et soigner les gens. elle ne recherche pas le pouvoir et, du même coup, n'a jamais eu peur de se mouiller...

"La fille de Brest", c'est donc l'histoire d'Irène Frachon adaptée au cinéma d'après son ouvrage "Mediator 150 mg. Combien de morts ?" publié en 2010. Traité comme un thriller par la cinéaste Emmanuelle Bercot, le film nous entraîne dans une lutte sans merci où tous les coups sont permis - et des coups Irène Frachon en prend ! - et où la pneumologue va longtemps "crier dans le désert" avant de pouvoir se faire entendre et faire entendre raison aux autorités sanitaires (Agence du médicament) qui finiront, face au battage médiatique - la presse s'emparera de l'affaire ainsi que quelques élus -, par suspendre l'AMM du Mediator en novembre 2009 en raison de sa toxicité avec risque avéré d’atteinte des valves du cœur que sa consommation entrainait pour les patients.

Difficile de ne pas voir Irène Frachon comme une Erin brockovich à la française, déterrant, elle aussi, une "affaire" et décidant de se jeter avec coeur dans la bataille et ce, avec les moyens du bord, ses propres moyens. "La fille de Brest" débute d'ailleurs par une scène assez symbolique de nage en mer : une femme qui affronte les vagues et le vent, qui lutte contre les éléments, qui cherche son souffle ; un souffle entre force et épuisement que l'on partagera tout au long du film.

C'est l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen - dans un français parfait - qui interprète Irène Frachon. Peu importe qu'elles ne se ressemblent pas physiquement, l'important est le combat universel mené. On y voit le médecin comme une personne fantasque, drôle, spontanée, dotée d'une énergie incroyable, un espèce de rouleau compresseur à la très grande joie de vivre, au langage fleuri, aux mimiques clownesques, avançant sans cesse coûte que coûte. Emmanuelle Bercot le souligne, Irène Frachon est ainsi, une femme très naturelle, pas du tout politique, une personne ordinaire à qui il arrive une histoire extraordinaire.  

Le film est une charge terrible contre l'administration sanitaire. En ce sens, c'est aussi un film politique et dénonciateur. Mais pour l'instant le procès au pénal est sans cesse repoussé...

Le film au propos pourtant très scientifique - les études cliniques menées sont complexes et le vocabulaire pointu - reste très abordable pour tout un chacun, nous proposant une densité d'informations vertigineuse. Emmanuelle Bercot à le souci de coller au plus près de la réalité des événements. Elle nous propose d'ailleurs deux scènes particulèrement marquantes : une opération à coeur ouvert et une autopsie plus vraie que nature ! Ces scènes ne sont pas gratuites, elle donnent sens au combat poursuivi, rendant hommage aux patients. Il était essentiel de voir les ravages organiques, physiques, causés par le Mediator de manière à ce que le spectateur puisse visualiser et ressentir ce que ce médicament a provoqué dans la chair de certaines personnes. Il était également important de trouver le juste équilibre afin de ne pas provoquer le rejet du spectateur. La scène de l'autopsie se concentre ainsi sur ce que ressent Irène devant ce que subit le corps de sa patiente.

Il est important que des gens qui ne savent rien de l'affaire du Mediator puissent avoir envie d'aller voir La fille de Brest. Très vite on s'attache au combat d'Irène... même si on ne comprend pas toutes les subtilités de l'affaire...

Ce film le souligne avec force et intelligence. Si Irène Frachon a réussi à aller au bout de son combat - et réussir - c'est certes parce qu'elle est un très bon médecin mais surtout parce qu'en excellente clinicienne elle a une immense empathie pour ses patients qui deviennent des victimes. Irène Frachon c'est une Juste, une pure, dit Emmanuelle Bercot. Dans sa grande candeur, elle ne voit pas le mal. Elle n'est médecin que pour accompagner et soigner les gens. elle ne recherche pas le pouvoir et, du même coup, n'a jamais eu peur de se mouiller. Et l'on retourne ainsi à la scène initiale du début du film... Irène Frachon est un médecin, une femme qui s'est baignée dans des eaux troubles et turbulentes, qui a nagé contre vents et marées. Une de ses phrases favorites est d'Albert Einstein : Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regradent et laissent faire.

Regarder la bande-annonce de La fille de Brest

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com