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AU COEUR DU METIER

A voir - « Femmes en guerre, deux anglaises au chevet des poilus »

Publié le 11/11/2015

Si chaque 11 novembre la France rend hommage aux soldats français qui ont combattu durant la première guerre mondiale, il fut des femmes courageuses dont l'histoire mérite d'être racontée. Parmi elles, Juliet et Marcia Mansel, deux sœurs anglaises déterminées à mener leur « propre » guerre. Engagées comme infirmières volontaires, elles ont consacré quatre années de leur vie aux soins des soldats, bravant les dangers du front. Dans un devoir de mémoire, France 24 leur consacre un web-documentaire afin que nul ne les oublie...

Juliet et Marcia, les sœurs Mansel. Crédit : Archives de la famille Mansel.

Dans son web-documentaire intitulé « Femmes en guerre, deux anglaises au chevet des poilus (1915-1919) », Marie Valla, rédactrice en chef à France 24, raconte l'histoire de deux sœurs issues de l'aristocratie anglaise qui se sont distinguées par leur bravoure durant la guerre de 14-18. Une histoire inédite remplie d'humanité, mais avant tout oubliée comme celle de milliers d'autres infirmières volontaires courageusement parties au front. A l'époque, lorsque les hommes étaient appelés c'était pour eux une obligation de partir au front. Paradoxalement, les femmes, elles n'avaient pas le droit de prendre les armes. Il y avait donc une vraie frustration de ne pas pouvoir aller se battre. Alors devenir infirmière, c'était en quelque sorte prendre part à la guerre, explique Marie Valla qui a été particulièrement sensible à l'histoire de ces deux bourgeoises anglaises qui ont choisi les soins infirmiers au détriment des mondanités. Les sœurs Mansel ont volontairement pris la décision de quitter le confort de leur vie alors qu'elles n'y étaient pas du tout obligées. C'était un choix engagé et c'est ce qui le rend fascinant. Juliet et Marcia ont donc du s'adapter et apprendre en 6 mois ce que les infirmières professionnelles assimilaient en 3 ans. Les jeunes femmes qui s'engageaient partaient courageusement à des centaines, voire des milliers de kilomètres de chez elle, quittant famille et proches. Elles n'étaient absolument pas préparées aux atrocités des tranchées et au métier d'infirmière, pourtant elles ont été reconnues par tout le personnel médical militaire, notamment les chirurgiens, comme des femmes qui avaient gagné leurs lauriers. Elles ont été considérées comme de vraies professionnelles à la fin  de la guerre. C'est donc au travers d'un documentaire interactif consacré à deux d'entre-elles, rythmé par des témoignages, des lettres, des photos d'époque et des enregistrements audio, que Marie Valla a tenu à rendre hommage à ces héroïnes du front... si souvent oubliées.

Je ne cesse de me dire que si j’étais un homme, je me retrouverais de la même façon loin des miens. Et j’aime croire que je suis un homme ! (Marcia Mansel)

Un an et demi de travail et d'investigation

Il aura fallu plus d'un an de recherches pour retracer le vécu de deux femmes à la fois différentes et liées par des convictions similaires et un désir irrépressible de rejoindre le front. Il y a Juliet, la cadette, première à traverser la Manche pour se joindre aux infirmières françaises. Réfléchie et féminine, elle s'est distinguée pour son altruisme et son empathie. Soucieuse de  procurer réconfort et soutien aux blessés, elle s'est montrée sensible à la souffrance des poilus et des Allemands. Quant à Marcia, l’aînée au caractère fort et combatif, elle est aussi mère de deux enfants qu'elle quitte pour ne pas sombrer dans le désespoir après la disparition de son mari. Elle n'a qu'une idée en tête : participer elle aussi à la guerre.

Pour retracer leur histoire le plus authentiquement possible, Marie Valla s'est plongée dans la correspondance épistolaire qu'entretenaient les sœurs Mansel avec leur mère restée en Angleterre : 1 300 feuillets, 4 ans de correspondance et des mois de recherches. Un minutieux travail d'investigation qui aujourd'hui met en exergue de façon inédite ce que furent les soins infirmiers à cette époque. Et pour offrir un documentaire vivant et anecdotique, l'auteure a rencontré Philip Mansel et François Thibaux, les descendants directs de Juliet et Marcia, permettant ainsi le partage d'un riche héritage familial avec le grand public. Je voulais restituer avec véracité le parcours à la fois très unique et extraordinaire des sœurs Mansel. Et curieusement, on s'aperçoit qu'il ne s'agit pas là d'une expérience isolée. En consultant l'historienne Christine E. Hallett qui relate d'autres histoires d'infirmières volontaires dans l'un de ses ouvrages, on peut se rendre compte qu'elles ont été nombreuses à apporter leurs soins, tant bien que mal, dans des endroits bombardés et boueux, confrontées de fait à la réalité de la boucherie et du sang.

Maintenant, je souris en me remémorant à quel point j’étais sûre de savoir ce que signifiait être infirmière « sur le front » (Juliet Mansel).

Des combattantes à la poursuite du front

Finalement, ce qui rend l'histoire des sœurs Mansel si saisissante, c'est leur désir quasi obsessionnel de rejoindre le front. Elles auraient pu rester dans les hôpitaux les moins exposés, mais au contraire, elles voulaient à tout prix intégrer les formations sanitaires les plus proches du front, ainsi que les « autochir », ces ambulances chirurgicales dont la mission était de circuler au plus près des combats pour secourir le plus vite possible. Car Juliet et Marcia tenaient à se battre pour ce à quoi elles croyaient. C'était des femmes assez militantes. Elles avaient été élevées par une mère suffragette (NDLR : militante du droit de vote en  Angleterre) avec la conviction que dans une vie il fallait embrasser une cause et se donner les moyens de la faire triompher. C'est donc ce qu'elles ont fait, se distinguant par leur résistance et dévouement. Elles m'inspirent beaucoup. J'aimerais croire qu'à leur place, j'aurais eu le cran de faire ce qu'elles ont fait. Elles se sont lancées dans tout ça avec tellement d'enthousiasme et de détermination qu'on ne peut s'empêcher d'avoir une vraie admiration pour elles. Une admiration que partagerons sans doute nombre de soignant(e)s doté(e)s aujourd'hui d'une opiniâtreté comparable à celle des sœurs Mansel.

Lire aussi

  • Veiled Warriors: Allied Nurses of the First World War et Containing Trauma : Nursing Work in the First World War de Christine E. Hallett

Gwen HIGHT  Journaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@gwenhight


Source : infirmiers.com