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PUERICULTRICE

"Une spécialité incontournable pour la santé de l'enfant et l'accompagnement de ses parents"

Publié le 20/06/2019
PMI signalitique

PMI signalitique

bébé, main, couverture

bébé, main, couverture

Trois jours. Trois jours de formation, de rencontres, d'échanges et autant d'expériences partagées et de savoirs renforcés. Les Journées nationales d'études des puéricultrices, 44e du nom, les 12, 13 et 14 juin derniers à Bordeaux, à l'initiative de l'ANPDE (association nationale des puéricultrices (teurs) diplomé(e)s d'Etat), ont rempli leur mission, rassemblant quelque 800 infirmier(e)s et cadres du secteur. Alors que l'association fêtait ses 70 années d'existence, il s'agissait, tout en se retournant vers le passé, de se tourner surtout vers l'avenir d'une spécialité qui attend toujours beaucoup en termes de réingénierie de formation, de reconnaissances de compétences et d'une place affirmée, jugée pourtant incontournable, pour la santé de l'enfant et l'accompagnement de ses parents. Charles Eury, président de l'ANPDE, a su poser LA question du moment : "sommes-nous utiles à la société ?"

Depuis 70 ans, les puéricultrices et les puériculteurs sont sur le terrain avec les enfants et leurs parents. Ils ressentent, entendent, soignent et guident les enfants et leurs parents dans chacune des situations parfois complexes, toujours singulières qu’ils sont amenés à vivre.

Charles Eury, président de l'ANPDE, en est convaincu et il l'a affirmé haut et fort lors de son discours d'ouverture de ces 44e Journées nationales d'études des puéricultrices, à Bordeaux, le 12 juin dernier. Notre présence, auprès de l'enfant et de ses parents, notre professionnalisme et nos compétences, sont le gage du bien-être des générations futures. Le diplôme d'État de puéricultrice été créé le 13 août 1947. En 1949, il y a donc 70 ans, peu après le conflit qui devait faire prendre conscience à tous que pour construire demain, il était important de considérer l’enfant comme une personne, qu’il était important de le considérer lui et sa santé comme un enjeu majeur de santé publique, de considérer ses spécificités qui feront de lui un individu, l’ANPDE voyait le jour. L'objectif premier n'a pas changé : protéger le titre de puéricultrice.

Aujourd'hui, plus encore, alors que la société ne cesse d'évoluer et nos systèmes de santé avec, il est légitime de s'interroger sur comment accompagner et protéger les enfants face à ces évolutions, mais aussi comment accompagner ou soutenir leurs parents ? Et Charles Eury de poursuivre : alors oui, l’enfant est au cœur des préoccupations de tous, et depuis longtemps. Nous sommes aujourd’hui près de 22 000 infirmières puéricultrices et infirmiers puériculteurs (IPDE) sur le terrain. Nous connaissons une croissance forte avec 22 % de professionnels spécialisés en plus en 5 ans. Nous sommes la plus grande spécialité infirmière et de loin. De fait, nous devons considérer notre force et le poids que nous représentons dans les échanges avec les institutionnels, l'Etat, mais surtout dans les propositions que nous portons, que l'ANPDE porte auprès des instances.

Au fil des années, cependant, les attentes demeurent. En 2016, nous rapportions déjà dans nos colonnes à l'occasion des 41e Journées de l'association, les attentes qui perduraient pour que les infirmières(iers) puéricultrices (teurs) puissent mener à bien leurs multiples missions . Construire le métier de demain, c'est espérer des évolutions et des reconnaissances qui, avouons-le, tardent toujours à venir. Charles Eury l'a rappelé, au travers une consultation de terrain menée en 2018, nous avons publié un Livre Blanc couvrant les principaux secteurs d’activités de la spécialité ; un Livre Blanc ne voue d'autre ambition que celle du bien-être de l'enfant et de ses parents à travers un accompagnement de qualité, réalisé par des professionnels formés spécifiquement. Il exprime ce que pourrait être, ce que devrait être l’avenir de notre profession : mobiliser les compétences des puéricultrices qui ne sont pas utilisées comme elles le pourraient. La vaccination par exemple, où nous sommes encore très limités par rapport aux prescriptions médicales qui sont encore obligatoires alors que les puériculteurs sont formés et peuvent aller beaucoup plus loin. On sait aussi qu'environ 60 % des urgences pédiatriques pourraient être traitées en amont par des puéricultrices en libéral ou en Protection maternelle et infantile (PMI). Cela permettrait de fluidifier le parcours de santé de l'enfant... La mise en œuvre de nos propositions passera nécessairement par des modalités différentes : réforme des décrets relatifs au secteur hospitalier, exercice coordonné dans le cadre d’une nouvelle activité libérale , redéfinition du parcours de santé de l’enfant et articulation des dispositifs existants. Dans un contexte de tension de la démographie médicale, de complexification des situations familiales, mais aussi d’une technicisation des prises en charge hospitalières, ces évolutions apparaissent incontournables.

Nous pouvons faire la différence, ayez confiance en vous, en vos compétences, prenez la place qui vous est due et continuons à défendre notre spécialité et nos missions, toujours tournées vers l’intérêt supérieur de l’enfant.

Un champ de compétence très étendu pour des missions variées et complexes

Il suffit d'observer le programme de ces 44e Journées pour juger de l'étendue du champ de compétence des IPDE. Ces quelques thématiques en attestent : "Quel exercice professionnel pour la puéricultrice de demain ?", "Spécialité de puériculture et pratique avancée", "Impact de la révolution digitale sur les tout petits", "Collaboration puéricultrice/éducateur de jeunes enfants", "Outils de repérage et prévention des situations de vulnérabilité en réseau périnatalité", "Lien entre intra et extra-hospitalier", "Evolution de la parentalité et de l'environnement des enfants"...

Croire en cette spécialité, en sa plus-value pour l'enfant et sa famille, la députée de Seine-et-Marne Michèle Peyron, membre de la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, a pu, elle aussi, l'affirmer à la tribune le 12 juin, veille de la remise de son rapport sur l'organisation des services de Protection Maternelle et Infantile (PMI) à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et à Adrien Taquet, Secrétaire général chargé de la Protection de l'Enfance ; un rapport intitulé "Pour sauver la PMI, agissons maintenant !" qui était très attendu par les professionnels du secteur. La députée l'a exprimé très vivement, pour elle, par ce regard neuf apporté sur la PMI, il s'agissait d'une véritable mission de sauvetage. Rappelant que les missions des PMI sont confiées aux départements depuis 1983, de façon très hétérogènes, à travers un constat "alarmant", Michèle Peyron a esquissé les contours de ses propositions, soulignant l’importance des IPDE dans l'organisation de la PMI. En effet, structurée au départ autour d’une vision globale et cohérente de la santé des enfants et des mères, la PMI regroupe aujourd’hui des missions multiples, pas toujours correctement articulées entre elles ; il en résulte, par exemple, une baisse très marquée des visites à domicile alors que ces dernières permettent de prévenir l’aggravation de certaines difficultés dans les familles vulnérables. La réforme de la PMI est une composante essentielle du parcours des 1000 premiers jours de vie de l’enfant que le gouvernement souhaite bâtir.

Pour Charles Eury, si le constat émis par la Députée s’agissant des problématiques de la PMI est dénoncé par l’ANPDE depuis de nombreuses années, il révèle de manière fidèle le désengagement des politiques de prévention et soulève les pistes de travail à engager rapidement. Parmi les préconisations, la députée sollicite la mise en place d’un bilan de santé systématique pour tous les enfants de moyenne section. Cette mesure a pour objectif d’instaurer une mission préventive universelle à destination des enfants de 3–4 ans. Cette activité, ainsi que l’ensemble des actes de prévention des puéricultrices de PMI, doivent selon Michèle Peyron faire l’objet d’une cotation des actes de puéricultrices, accompagnée dans un premier temps par un fond national délégué aux Agences Régionales de Santé qui pourront contractualiser des objectifs de santé publique avec les départements. Un enjeu majeur pour l'ANPDE, alors que les actes des puéricultrices représentent 50 % de l’activité des PMI. Michèle Peyron préconise également une harmonisation du contenu du bilan de santé en école maternelle (référentiel national) avec un redéploiement de temps des infirmières puéricultrices pour garantir et assurer une couverture nationale d’au moins 80 % des enfants d’ici 2022. Autre proprosition, la création d’un « baromètre national et local des PMI » et du développement des évaluations de leur impact, auquel la députée souhaite pouvoir apporter sa contribution pour identifier les indicateurs pertinents à prendre en compte et les méthodes d’évaluation appropriées.

Assurer une couverture nationale de 100% des enfants en s’appuyant sur les infirmières puéricultrices

Faire de la santé des jeunes enfants une priorité : refonder la PMI 

Adrien Taquet, Secrétaire général chargé de la Protection de l'Enfance, l'a exprimé2 lors de la remise de ce rapport1, face à ces difficultés, d’inégales ampleur selon les départements, le gouvernement a décidé de mettre en place un partenariat pour soutenir la PMI3, sous la forme d’une contractualisation avec les départements volontaires. Cette contractualisation démarrera à partir de janvier 2020 après un état des lieux des besoins de chaque territoire. Elle portera sur des objectifs de santé publique qui viendront remplacer les normes actuelles de la PMI, devenues obsolètes.

Recentrer très clairement les missions de la PMI sur ce qui compte vraiment : la santé du jeune enfant, son développement et son bien-être et la capacité à se rendre au domicile des personnes. Il faudrait, à terme, que les PMI se rapprochent de centres de santé de proximité qui feraient à la fois du soin et de la prévention, adaptés aux besoins des personnes.

Parmi ces objectifs de santé publique figureront notamment la réalisation des bilans de santé en école maternelle ainsi que le nombre de consultations pré et post-natales à domicile. Les financements proviendront en 2020 du Fonds d’intervention régionaux avec une montée en charge progressive jusqu’en 2022. La répartition des missions entre médecins et infirmières puéricultrices sera retravaillée dans le cadre d’un nouveau protocole national de coopération inscrit dans la prochaine loi de financement de la sécurité sociale, pour faciliter notamment les délégations de missions. Enfin, le ministère des Solidarités et de la Santé a missionné l’Inspection Générale des Affaires Sociales afin de revoir en profondeur la mission d’agrément des modes de garde collectifs et des assistantes maternelles, et afin d’envisager les conditions de son transfert éventuel afin de permettre aux PMI de recentrer leurs missions sur la santé de l’enfant et l’accompagnement des parents.

La réforme de la PMI est une composante essentielle du parcours des 1000 premiers jours de vie de l’enfant que le gouvernement souhaite bâtir. En effet, aujourd’hui en France les inégalités sociales de mortalité et de santé sont encore élevées et s’observent dès la grossesse et le plus jeune âge. Réduire ces inégalités de destin suppose d’agir à la racine et de manière globale pour répondre aux besoins des parents et des enfants, de manière universelle et proportionnée aux besoins de chacun, en particulier des personnes les plus vulnérables.

Une double dynamoque doit se mettre en oeuvre pour la PMI : elle doit redevenir ce qu'elle est : proximité, universalité, proportionnalité, gratuité, et se réinventerpour répondre aux attentes nouvelles des parents et aux besoins des enfants d'une part, pour relever les nouveaux défis auxquels nous faisons face, au plan territorial, d'autre part.

  1. Rapport de Michèle Peyron "Pour sauver la PMI, agissons maintenant"
  2. Discours de Monsieur Adrien Taquet : Faire de la prévention en santé du jeune enfant une priorité : refonder la PMI
  3. Memo sur la protection maternelle et infantile - Ministère des Solidarités et de la Santé

Oui, les puéricultrices et les puériculteurs sont "utiles" !

Face à ces nouvelles perspectives dressées pour la spécialité, qui tendent notamment vers une valorisation des actes de prévention des infirmier(e)s puéricultrices(teurs), Charles Eury a tenu à citer le Professeur Marcel Lelong, précurseur de la spécialité, s'exprimant lors des Journées nationales d'Etudes en 1960 : Le but de ces réunions est de créer un esprit de corps. Vos destinées futures dépendent essentiellement du fait que vous aurez réussi à créer entre vous une habitude de penser commune, une habitude d’action commune, et des contacts aussi fréquents et rapprochés que possible. Vous aurez à vous défendre, vous avez déjà à vous défendre. Par conséquent, il faut que vous sachiez vous-mêmes ce que vous êtes et que vous en ayez pleine conscience.

En reposant sa question initiale "sommes-nous utiles à la société ?", la réponse est indiscutablement "oui" car, depuis 70 ans, les puéricultrices et les puériculteurs sont sur le terrain avec les enfants et leurs parents. Ils ressentent, entendent, soignent et guident les enfants et leurs parents dans chacune des situations parfois complexes, toujours singulières qu’ils sont amenés à vivre. Et Charles Eury de conclure, fidèle à l'esprit fédérateur qui est le sien, unissons nos forces dans ce combat pour être plus fort et faire entendre nos messages. Nous pouvons faire la différence, ayez confiance en vous, en vos compétences, prenez la place qui vous est due et continuons à défendre notre spécialité et nos missions, toujours tournées vers l’intérêt supérieur de l’enfant. L'ANPDE est une association certes vieille de 70 ans mais toujours agile, fière de son passé et curieuse de son avenir. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même !

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com