Voici le récit de l'activité d'un infirmier sapeur-pompier de garde opérationnelle en région parisienne.
“ Arrivé le matin à 6h50 pour la prise de garde à 7h00 effective; l'ambiance est au repos dans la caserne, pas de bruit, les lumières sont éteintes, un petit regard vers les engins, juste pour voir si tout le monde est là. Et en effet, aucun ne manque l'appel : le V.S.R.(véhicule de secours routier), le F.P.T.(fourgon pompe tonne), l'E.P.S.A.(échelle pivotante semi-automatique), le F.P.T.H.C.(fourgon pompe tonne hors chemin), le V.T.U.(véhicule tous usages), les deux V.S.A.B.(véhicule de secours aux asphyxiés et blessés), et enfin le V.L.S.M.(véhicule léger de secours médical).
De suite, il faut s'assurer du bon fonctionnement du matériel, dans l'hypothèse d'un départ dès les premières minutes de garde. Ainsi, la vérification du matériel s'oriente vers le véhicule (vérification du plein, de la propreté, des avertisseurs sonores et lumineux, des cartes), mais aussi du matériel médical : Eléctrocardioscope, défibrillateur, respirateur, aspirateur de mucosité, des pousses seringues électriques. De plus la vérification comprend le matériel de soins, les perfusions, les médicaments. Le "sac de feu"(composé de la veste de cuir, du casque, ceinturon, gants, tricoise) rejoint son emplacement à l'arrière.
Déjà l'heure du rassemblement, le sous-officier procède à l'appel des effectifs, les sapeurs pompiers volontaires et professionnels sont affectés à différents engins. Pour ma part, c'est facile, c'est toujours le même !!
La première partie de la matinée est réservée au sport ; ce samedi matin, il s'agit de handball. Il faut se rendre avec tous les engins au gymnase, cela créé un grand mouvement dans la remise mais chaque conducteur savent où placer son véhicule.
A peine arrivés, un départ est donné pour un accident de voie publique (A.V.P.) sur la route nationale à proximité. Ainsi, le V.S.R, les deux V.S.A.B, le Véhicule de l'officier de garde prennent le départ... Le sport collectif se transforme presque en sport individuel.
De retour à la caserne, c'est l'heure du réconfort, le foyer ouvre ses portes, nous délivrant les jus de fruits et les confiseries tant méritées.
Mais l'heure de la manœuvre approche et je dois réaliser celle-ci ; le thème retenu est le traumatisme crânien. Une équipe de secours est désignée parmi les sapeurs-pompiers, le cas concret est organisé : ils doivent porter secours à un homme ayant chuter de 3 mètres environ. Les gestes sont rapides, le bilan est bien réalisé...c'est bien !
Bon, on passe à la partie théorique avec le rappel de la sémiologie, les complications, la conduite à tenir (un cours prochainement disponible dans nos pages).
Et déjà l'heure du repas, toujours pas de départ, la garde semble calme.
J'ai du rangement à réaliser, et à vérifier du matériel pour l'après midi. Mais soudain mon bip vibre, puis sonne : c'est un départ ! Le motif est une personne ayant une douleur thoracique, je vérifie la carte pour localiser l'adresse avant de partir. Le V.S.A.B. est juste devant moi, nous allons arriver ensemble.
Notre appel est bien justifié, car devant nous une femme âgée se plaint d'une douleur thoracique ; les pompiers s'affairent chacun connaissant son rôle, l'un procède au bilan, un autre prépare l'oxygène. De mon coté, je peaufine le bilan, exécute des gestes complémentaires en réalisant le contrôle de la glycémie, l'E.C.G. pendant la douleur thoracique...Puis le S.M.U.R. se présente je réalise les transmissions au médecin et à l'infirmière qui vont continuer la prise en charge de la patiente.
Je me rends disponible, en retournant à la caserne. A peine rentré le bip sonne de nouveau, départ pour une personne blessée à l'arme à feu... Je vérifie l'adresse avec l'officier qui se rend également sur place, il est 17h30 la circulation n'est pas très fluide, les avertisseurs sonores et lumineux nous aident dans notre progression difficile pour parvenir à la victime. Celle ci est consciente, a été touchée à la tête par un tir de pistolet. Là encore le bilan est rapide, les constantes prises rapidement, il faut établir la gravité de cette personne. Quelques minutes après je passe le bilan au médecin régulateur du SAMU qui m'a envoyé une équipe sur les lieux. Le blessé est confié au V.S.A.B. et au S.M.U.R.
Pour ma part, je retourne à la caserne. L'ambiance est détendue, les jeunes sapeurs pompiers finissent leurs travaux, la caserne se vide petit à petit. La nuit est bien tombée déjà, la pluie n'a cessé de tomber toute la journée, on craint des accidents de circulation pour la nuit.
Mais lorsque mon bip sonne de nouveau c'est pour une intervention moins banale ; une voiture est tombée dans un fleuve, et des plongeurs sont envoyés à sa recherche, mais le courant est fort à cet endroit, la nuit, l'accès difficile aux berges rend la plongée particulièrement délicate. Je suis donc engagé en protection des plongeurs. Espérant ne pas avoir à intervenir pour un accident de plongée. Les recherches se poursuivent pendant des heures, les plongeurs se relayent, je surveille leur condition physique. Je m'assure du repos intermittent de ceux ci, organise une collation... Mais il est décider d'abandonner les recherches, les risques encourus sont trop importants.
Il est 2h du matin lorsque je rentre dans la caserne, je suis le seul encore debout, je commence à imaginer mon lit afin de me reposer...
Et finalement sans trop de difficultés je trouve le sommeil et ce n'est que le matin à 8h que je ré ouvres les yeux pour rentrer à mon domicile, satisfait d'avoir réaliser une garde de plus...
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