Un programme de formation et d'accompagnement des soignants dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) pour la prise en charge des symptômes psychologiques et comportementaux a permis de diminuer significativement l'intensité et la fréquence de ces troubles, selon une étude française.
Ce travail est présenté lundi lors des journées organisées conjointement par la Haute autorité de santé (HAS) et le British Medical Journal (BMJ) à Nice sur l'impact clinique des programmes d'amélioration de la qualité.
Les symptômes psychologiques et comportementaux font partie du tableau clinique de la maladie d'Alzheimer et des pathologies apparentées et "sont particulièrement perturbants pour les patients à un stade sévère de la pathologie et résidant en Ehpad", rappellent P. Robert du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) et de l'université de Nice Sophia Antipolis et ses collègues. Les traitements pharmacologiques n'ont qu'une efficacité modeste et sont souvent utilisés de façon excessive.
Les chercheurs ont évalué une autre voie : une stratégie de formation des soignants sur les troubles du comportement (agitation, agressivité, symptômes psychotiques).
Seize Ehpad ont été répartis en deux groupes: soit les soignants ont bénéficié du programme, soit ils ont continué à fonctionner comme d'habitude. Au total, 306 patients ayant une maladie d'Alzheimer ou une démence apparentée et ayant des symptômes psychologiques et comportementaux ont été concernés par cette étude.
Dans les Ehpad bénéficiant du programme, les soignants ont eu une formation théorique suivie de séances d'accompagnement, deux fois par semaine pendant un mois puis une fois par semaine pendant un mois. On leur fournissait également des fiches sur les conduites à tenir.
Ce programme a permis de diminuer de 62% la fréquence des troubles du comportement des patients déments à la fin des deux mois de formation des soignants. Et trois mois après l'arrêt de la formation, il y avait encore 47% de réduction par rapport à la période avant l'étude.
Par comparaison, dans les Ehpad n'ayant pas bénéficié de la formation, la réduction de la fréquence des troubles était de 25% à deux mois et 19% trois mois plus tard.
Les auteurs ont également noté une réduction de l'intensité des symptômes psychologiques et comportementaux, avec des baisses significatives sur le score CMAI (Cohen-Mansfield Agitation Inventory), de 7,8 points à la huitième semaine et de 6,5 points à la 20ème semaine. Il n'y avait pas d'effet dans le groupe contrôle.
Il y avait une tendance à la baisse d'utilisation des psychotropes chez ces patients dans les Ehpad ayant eu la formation, contre une tendance à l'augmentation de la prescription dans les Ehpad contrôles.
Les auteurs notent que l'ampleur des baisses de symptômes dans le score CMAI obtenue après cette intervention non médicamenteuse est similaire à ce qui est observé avec des médicaments antipsychotiques ou neuroleptiques.
"Cette recherche action a d'abord montré qu'il était possible de réaliser une étude randomisée en Ehpad", notent les auteurs. De plus, elle montre l'intérêt de ce type d'action avec une formation spécifique des soignants, un bénéfice étant maintenu au-delà de la période de formation.
Ils évoquent la mise en place en 2009 de l'étude STIM-EHPAD, centrée cette fois sur la prise en charge de l'apathie, toujours avec une formation des soignants
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