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« Une brève histoire du temps » aux urgences...

Publié le 04/03/2016
Web-documentaire Emilie Fontaine

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web-documentaire Emilie Fontaine

web-documentaire Emilie Fontaine

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web-documentaire Emilie Fontaine

web-documentaire Emilie Fontaine

Le regard d'un photographe, le travail qui en résulte et qu'il livre à celui qui le reçoit s'avère souvent plus explicite que tout autre format, restituant au plus serré, dans un angle d'attaque personnel, émotion et réalisme, interrogations et révélations. A partir du travail mené six mois durant aux urgences du centre hospitalier de Macon, la photographe Emilie Fontaine nous propose, sous forme d'un web-documentaire de 19 minutes intitulé « Serious game », une approche plurielle de la temporalité : celle du patient, celle des soignants mais aussi la sienne sur le choix de « l’instant décisif ». 

Le web-documentaire d'Emilie Fontaine « au plus proche des gens », une immersion « en temps réel » où tout est dit.

Encore un sujet sur les urgences allez-vous penser… Encore une fois un service de soins qu'une photographe aurait choisi comme objet d'étude pour les raisons que l'on connaît et pour les avoir vues maintes fois médiatisées. Aux urgences, en effet, la réalité dépasse la fiction, l'hyperactivité rime avec l'engagement, la technicité s'imbrique avec l'humanité, les salles d'attente sont le réceptacle de tout ce que la vie peut réserver d'inattendu et de dramatique, où le médical côtoie le social…

L'angle qu'a choisi Emilie Fontaine est inédit et c'est pour cela qu'il nous interpelle. Il s'agit de s'attacher à la question du temps, ce temps qui fait défaut aux uns et jugé trop long pour les autres, ce temps qui demande aux équipes soignantes de jongler et d'agir « en priorité » et ce, à flux tendu permanent, ce temps qui passe inexorablement alors que chaque seconde perdue peut être une vie perdue…

On le sait bien, la question du temps d'attente dans les services d'urgence reste une préoccupation récurrente de tous les acteurs engagés et notamment des pouvoirs publics qui tentent régulièrement de la normer pour la réduire, de la minimiser pour rassurer les usagers qui la subisse. On sait d'ailleurs que c'est peine perdue, les urgences hospitalières, en tension permanente, continuent inexorablement de subir les flux de patients, les pathologies qui les conduisent là et les critiques lorsqu'il s'agit de parler du délai de prise en charge…

La photographe Emilie Fontaine l'explique. Mon projet s'est orienté vers le service des urgences de Mâcon pour tenter de traiter ce thème récurrent et sensible de la temporalité dans ce type d'environnement. J'étais là, dans ce service pendant six mois. Au jour le jour, je l'ai vécu, le plus souvent, personne ne sait comment ça va se passer… D'ailleurs je me suis infligée huit jours de pure observation, assise en salle d'attente où j'attendais moi aussi, en observant, sans appareil photo, juste pour comprendre comment les choses s'organisaient. Parce qu'elles s'organisent ! Soignants, patients, pompiers, policiers, familles… quel mélange ! Un flux humain continu entre ceux qui arrivent, qui stagnent ou qui repartent. J'ai bien évidemment découvert le travail des urgentistes sur toutes sortes de terrains, celui des soignants - infirmiers, aides-soignants… - in situ, leur organisation, leurs qualités techniques et humaines, et la patience des malades et de leurs proches mise rudement à l'épreuve. Je n'avais pas la prétention d'apporter des réponses à cette problèmatique de l'attente aux urgences mais je souhaitais pouvoir l'explorer et livrer un point de vue original  après avoir passé dans ce lieu particulier 576 heures en immersion totale...

Le titre de son travail interpelle : « Serious game ». Mais ne nous y trompons pas, à l'heure où les serious game sont de plus en plus utilisés pour former « en simulation » les professionnels de santé à l'hôpital ou ailleurs, il ne s'agit pas de cela. Emilie Fontaine nous l'explique. La sensation première que m’a renvoyée la façon de travailler des soignants que j'ai cotoyé a été de me retrouver dans un immense jeu de «Tetris» où les cubes, les couleurs, les règles du jeu sont dictées par les images de leur outil informatique de gestion du flux de patients. Ce logiciel m’est alors apparu comme le fil conducteur de mon reportage. Si j'ai donc intitulé mon travail « Serious Game » (jeu sérieux), j’ai volontairement fait abstraction de cet outil informatique dans mes prises de vue pour garder l’aspect conceptuel de cet outil qui, de façon invisible, se trouve derrière chacune de mes photographies et forme à la fois comme un lien imperceptible et évident entre les deux.

Un malade est aussi appelé patient, il doit donc s'armer de patience !

La réalisation de la photographe au travers son web-documentaire s'apparente à une déambulation « dans ses pas » au départ, puis dans les pas de ceux auxquels elle s'attache : infirmier(e)s, médecins, patients, parents, urgentistes. Un déambulation qui oscille entre le pas à pas, le pas de côté et le pas de course. Le format, très esthétique sur sa forme originale, mêle images, son et vidéo. La notion de temps à travers mes photographies se distingue tout d’abord par le choix du noir et blanc, qui fait place à mon sens à une notion d’intemporalité. Je ne parle pas du « temps » avec le tic tac de l’horloge et de ses aiguilles mais d’un « temps » où toute la subjectivité de mon travail prend son sens, souligne Emilie Fontaine.  

Les paroles de chacun se mélangent entre interrogations et réponses…  Quatre heures d'attente déjà, on patiente combien de temps ? On ne sait pas, témoigne un accompagnant. Il m'est impossible de vous donner un délai, ce soir on fait vraiment ce que l'on peut, répond une infirmière. Comment imaginer qu'une prise en charge sans programmation possible comme cela se passe habituellement dans tout service hospitalier puisse faire abstraction de l'attente, souligne un médecin… Alors oui, le temps aux urgences est souvent « suspendu », suspendu à un diagnostic, à des résultats d'examens qui seront décisifs, suspendu à des événements que personne ne contrôle. Le flux est là, de fait, parce que c'est la vie qui décide. Mais la temporalité peut également s'inscrire « hors du temps » comme une parenthèse particulière qui n'est pas dans le courant de la vie mais qui en fait partie d'autant quand la vie elle-même est menacée… Le temps doit alors s'accélérer et chaque minute, chaque seconde est vitale…

Serious game : quand la dimension humaine prend toute sa valeur et son sens dans un jeu sérieux...

Découvrez la proposition d'Emilie Fontaine, elle ne livre aucune solution mais son point de vue est juste. Il restitue, en un temps donné 17'29'', et dans un format cinématographique de 28 mm « au plus proche des gens », une ambiance, une immersion « en temps réel » où tout est dit.

En savoir plus sur Emilie Fontaine

Emile Fontaine tient à remercier une fois encore l'ensemble des équipes de soins, la direction du CH de Mâcon (71), les patients, les familles.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com