Un rôle à jouer dans la prévention environnementale

A l'issue d'une réunion plénière jeudi du groupe chargé de réfléchir à "l'instauration d'un environnement respectueux de la santé", le Pr Maraninchi a dressé un bilan d'étape des travaux préparatoires au "Grenelle de l'environnement", qui doit s'achever fin octobre par la validation d'un socle de mesures par le ministère de l'écologie.

"Notre atelier au 'Grenelle' n'a pas vocation à mettre en place un nouveau plan national santé et environnement, ni à effectuer une énième analyse du programme existant. Il se fixe notamment pour objectif de contribuer au changement de la culture actuelle de prévention en matière de santé, en y intégrant la dimension environnementale", indique-t-il.

"Les efforts en matière de santé, à travers la mise en oeuvre de politiques publiques, ne doivent plus être, comme trop souvent dans notre pays, vécus comme des contraintes, mais comme des investissements sur l'avenir", estime le Pr Maraninchi, soulignant notamment le rôle "crucial" que devront jouer les professionnels de santé "en matière de prévention, en particulier en prévention environnementale".

"Si notre système de santé reste l'un des meilleurs au monde, il doit désormais investir dans une politique en termes de prévention des risques plutôt qu'en termes de précaution, alors que les modifications écologiques globales actuelles produisent des effets en cascade", poursuit-il.

Le professeur de cancérologie explique par exemple qu'au "sujet du cancer, il existe des politiques de prévention primaire et secondaire, comme l'information sur les risques liés à l'alcool et au tabac, la prise en charge des addictions, le dépistage, mais pas encore de gestion préventive environnementale".

Pour lui, cette prévention environnementale pose le problème de l'identification de facteurs avant qu'une pathologie n'apparaisse. "Elle passe, par exemple, par la détection, l'observation et la mesure de particules cancérigènes dans l'environnement aérien, d'où l'importance à cet effet des recherches sur les nanoparticules", précise-t-il.

Dans ce cadre, le groupe santé du Grenelle travaille depuis sa mise en place sur un grand nombre de thèmes, dont la qualité de l'air extérieur et intérieur, la qualité de l'alimentation et des eaux de boisson, les risques biologiques émergents ou encore la réduction des substances toxiques, notamment de type CMR (cancérigènes, mutagènes, neurotoxiques).

Le groupe, dont les prochaines réunions plénières sont programmées les 17 et 20 septembre, doit remettre "trois à cinq propositions de mesures début octobre" au ministère de l'écologie.

Reçu mercredi avec les autres présidents des groupes de travail du "Grenelle" par la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, le Pr Maraninchi souligne que les universités doivent contribuer à l'avenir à la formation des professionnels de santé sur ces problématiques environnementales.

Une recommandation similaire a été émise par un collectif de représentants du corps médical absent des négociations au "Grenelle", fédérant notamment des syndicats, des universitaires et des membres du Conseil national de l'Ordre des médecins, rappelle-t-on.

"Ce collectif m'a transmis ses propositions, qui ont été présentées jeudi à l'ensemble des membres de notre groupe de travail", indique le Pr Dominique Maraninchi, tout en saluant "la pertinence et la cohérence" de cette "très bonne contribution" aux travaux préparatoires.

Il considère de "très bon augure" pour l'avenir de la prévention environnementale en santé la constitution de ce collectif "fédéré pour la première fois sur ce thème".

Quant à l'absence du corps médical dans la composition des groupes de travail, le président de l'atelier "santé" estime que le gouvernement a fait le choix de ne pas "constituer des corpus de spécialistes" mais plutôt de "fédérer une grande variété d'acteurs pour approcher de manière transversale des thèmes qui concernent l'ensemble de la collectivité".