Un paradoxe des maladies professionnelles

Les Echos rendent comptent d’une étude de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques – ministère du travail) dont les résultats alimentent la complexité du débat sur les retraites. En effet, les dispositions du projet de loi sont basées sur « l’approche par incapacité » pour abaisser l’âge de départ, c’est-à-dire sur le fait d’avoir déjà été malade pendant sa vie professionnelle en partie à cause de celle-ci.

Or l’étude montre que cette approche « couvre paradoxalement beaucoup de pathologies invalidantes sans qu'elles touchent l'espérance de vie et une part limitée de pathologies qui, elles, diminuent la durée de vie à la retraite. » Ainsi, 3 cancers professionnels sur 5 sont reconnus après 60 ans, alors que la majorité des maladies professionnelles sont déclarées entre 40 et 59 ans.

De plus, l’essentiel des maladies en cause sont des TMS, dont la symptomatologie, la fréquence et les conséquences sont très variables selon les secteurs professionnels et les métiers. Cela serait en faveur de l’approche par professions, préconisée par certains chercheurs, mais risquerait de pénaliser les efforts de prévention qui, dans certaines entreprises, sont bien réels et efficaces !

Ça n’est pas l’avis de Serge Volkoff, statisticien, éminent spécialiste des questions de santé au travail, pour qui « une prise en compte des expositions professionnelles dans les modalités de fin de vie active aurait au contraire toutes les chances de stimuler le débat social en ce domaine, donc de favoriser l'amélioration des conditions de travail. Ce dont notre pays a grand besoin. »

En effet, « : des études épidémiologiques nombreuses montrent que les toxiques, le travail de nuit et les gros efforts physiques expliquent une part de la différence de mortalité entre catégories sociales et une partie des maladies des personnes âgées, dont beaucoup apparaissent après le départ en retraite. »

Serge CANNASSE
Rédacteur en chef IZEOS
serge.cannasse@izeos.com