Un cadre de santé de l’hôpital de Flers s’est donné la mort le 22 août 2019 sur son lieu de travail. Comment expliquer ce geste, sinon par les conditions de travail auxquelles il était soumis ces derniers mois, comment l’ont expliqué son entourage et ses collègues ? L’établissement qui l’employait a fait parler de lui sur le volet social dernièrement, mais l’enquête n’a pas établi de lien entre ce suicide et l’environnement de travail. Une enquête interne pourrait bientôt apporter quelques réponses...
Dans la soirée du 22 août 2019, un cadre de santé du Centre psychiatrique Maubert, à l’hôpital de Flers (61) s’est suicidé sur son lieu de travail.
Un établissement qui fait parler de lui sur le volet social
Problèmes personnels ? Burn-out ? Terrain psychologique fragile ? Qu’est-ce qui a poussé cet homme de 53 ans, père de famille de 4 enfants, à commettre l’irréparable ? Les différents témoignages recueillis divergent quelque peu, que l’on se place du côté des soignants ou de la direction de l’établissement. Car cet établissement fait tout de même parler de lui, depuis quelques mois, et pas pour son classement des hôpitaux dans Le Point . Loin de nous l’idée de critiquer, ici, la qualité des soins qui y sont prodigués. C’est plutôt sur le volet social qu’il défraie la chronique. Citons par exemple l’épisode de décembre 2018 où 80 contractuels aides-soignants, aides médico-psychologiques, et auxiliaires de puériculture se sont vu supprimer, par leur direction, leur prime de sujétion du jour au lendemain et sans préavis.
« C’est le boulot qui l’a tué ! »
Le 16 juillet dernier, ce sont quelques 150 personnes qui se sont rassemblées devant le CH de Flers, établissement support du GHT des Collines de Normandie, pour protester contre la surcharge de travail, le manque de moyens, la pénurie de médecins et autres fermetures de lits, soutenues par l’ensemble des organisations syndicales. Une situation tout à fait précaire, mais pas exceptionnelle par les temps qui courent. Il n’empêche que le beau-père du défunt, interrogé par Ouest-France, tenait l’établissement pour responsable de ce qui est arrivé à son gendre : c’est clairement le boulot qui l’a tué. Dans sa vie privée, tout était en parfaite harmonie. Mais il travaillait dans ce service difficile à gérer, en sous-effectif, avec la pression de la direction et un manque de reconnaissance
.
Ce n'est pas anodin qu'il ait fait son passage à l'acte au sein de l'hôpital, ça faisait des mois qu'il se plaignait des conditions de travail qu'on subissait tous, affirme Francine Fourmentin, une de ses amies et collègues, elle-même cadre de santé
Une demande de mutation acceptée, puis refusée
Notre collègue avait, semble-t-il, fait plusieurs demandes de mutation, excédé par les conditions dans lesquelles il assumait ses missions. Il avait d’ailleurs observé récemment un arrêt maladie de quelques semaines pour burn-out. Selon les témoignages récoltés, cette demande avait été acceptée, puis repoussée, ce qui, en termes d’empathie, de motivation ou tout simplement de respect de la personne est très discutable, pour rester mesuré dans nos propos. Reste que l’Établissement Public de Santé Mentale (EPSM) de Caen, pour lequel il avait semble-t-il postulé, a annoncé ces jours-ci que notre collègue était attendu dans leurs murs en octobre prochain. Avait-il été prévenu de cette décision, ce qui, deux mois avant l’échéance, aurait été la moindre des chose ? Ou cette annonce sert-elle uniquement à calmer les réactions des observateurs et de ses collègues ?
Une enquête ne permettant pas d’établir un lien avec ses conditions de travail
En tout cas, la direction de l’établissement a ouvert une cellule d’urgence médico-psychologique pour l’équipe soignante et pour la famille, ne souhaitant pas s’exprimer à chaud, par respect pour cette dernière. Le parquet d’Argentan, quant à lui, a ouvert une enquête qui a été clôturée très vite, rien ne permettant, selon lui, d’établir un lien entre les circonstances de son geste et ses conditions de travail
. Un enquête interne pilotée par la direction et le CHSCT est en train de se mettre en place. Peut-être aurons-nous bientôt les raisons de ce passage à l’acte cruel.
Une marche silencieuse sera organisée le jeudi 5 septembre à 14 h 30 à l'hôpital de Flers en son hommage
Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34
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