Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

INFOS ET ACTUALITES

Un court-métrage entre amour, passion, douleur et théâtre

Publié le 22/11/2017
Nicolas Brimeux

Nicolas Brimeux

Le court-métrage a obtenu le Grand Prix du jury du festival Regards Croisés qui s’est tenu à Saint-Malo les 8, 9 et 10 novembre derniers. Break a leg !, réalisé par Pascal Roy, a pour personnage principal Nicolas Brimeux. A 35 ans, ce comédien de théâtre et de cinéma, metteur en scène et écrivain, est aussi tétraplégique de naissance. Le film montre de manière poignante son rapport à la fois au handicap et à sa passion : le théâtre.

Ce court-métrage, "c’était une retrouvaille avec le monde du travail, avec les projets, avec moi-même".

C'est un luxe de pouvoir se projeter. Un luxe immense. Et il n'y a que le théâtre qui m'apporte cette grâce. Nicolas Brimeux tient le premier rôle dans Break a leg ! (Exclamation anglaise pour souhaiter bonne chance avant de monter sur les planches). Ce film a reçu le Grand Prix du jury du festival Regards Croisés, premier festival de courts-métrages sur le thème Métiers et Handicaps. Car Nicolas Brimeux, 35 ans, comédien de théâtre et de cinéma, metteur en scène et écrivain, est aussi tétraplégique de naissance. Nous l’avons contacté pour qu’il nous parle du film et de son métier d’acteur.

C’est à huit ans que Nicolas Brimeux a su qu’il voulait faire du théâtre. J’ai rencontré le texte de Cyrano (Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand), qui m’a ouvert les yeux sur plein de choses par rapport au handicap. Le texte parle de la différence, de l’amour de l’autre, de l’amour de soi. Pour moi c’est un texte fondateur. Je me souviens être allé voir une ouverture théâtrale avec Belmondo et quand le rideau s’est refermé, après 3h50 de spectacle, je me suis dit que c’est ça que je voulais faire. Aujourd’hui, le théâtre est effectivement devenu son métier. Il en vit comme beaucoup de comédien peuvent en vivre avec des hauts et des bas..., balaye-t-il avant de mettre les points sur les I : De toute façon, je n’ai aucune envie de faire autre chose.

Pour moi, théâtre et handicap sont liés, mais aucun ne doit dépasser l’autre. Sinon, on est déséquilibré… et on tombe. 

Je me sens avant tout acteur

Nicolas Brimeux est tétraplégique incomplet, explique-t-il, infirme moteur d’origine cérébrale (IMC) de naissance. Il a souffert d’une anoxie périnatale. Je me suis étranglé avec le cordon ombilical, résume-t-il. Sa carrière de comédien l’a-t-elle aidé ? Bien sûr qu’elle m’a aidé. Ça m’a donné confiance en moi, notamment. Aujourd’hui, c’est l’inverse, précise le comédien. Le théâtre, parfois, m’aide à parler du handicap ; mais je ne veux surtout pas être tamponné dans le handicap au théâtre. Le fauteuil est un accessoire mais je me sens avant tout acteur. Il m’est d’ailleurs arrivé de refuser certains projets trop axés sur le handicap. Pour moi les deux sont liés, mais aucun ne doit dépasser l’autre. Sinon, on est déséquilibré… et on tombe.

Un jour Pascal a débarqué avec sa petite caméra

Avec Pascal (Roy, le réalisateur de Break a leg), c’est une très longue histoire. On se connaît depuis 2011, raconte Nicolas Brimeux. Ensemble, ils ont déjà deux autres projets à leur actif. J’ai participé en tant qu’acteur à l’un de ses premiers courts-métrages de fiction qui s’appelle "Corps solidaires", consacré  à la découverte, par une jeune fille, des services d’accompagnement sexuels auprès de patients handicapés. Quant à l’autre projet : il s’agit d’un documentaire de 52 minutes intitulé Ultreïa ! (en référence au cri de ralliement des pèlerins sur le chemin de Compostelle). On a parcouru 198 km, lui, moi et une auxiliaire de vie, dans une Randoline, un véhicule adapté tracté par un âne.

Depuis 2015, j’avais de gros problèmes de santé –rénaux – qui se résorbent peu à peu aujourd’hui. Durant cette période, j’étais donc très souvent allongé, une posture difficile à vivre. Je faisais un peu de théâtre à domicile pour tenir le coup. (Le principe : les gens choisissent parmi une série de textes à disposition, celui que le comédien viendra interpréter chez eux). Un jour Pascal a débarqué avec sa petite caméra. Il m’a proposé de me filmer dans cette période où je faisais beaucoup de "home théâtre", il m’a proposé de me filmer dans tout mon travail d’acteur, autour de mes doutes, de ce que le théâtre m’apportait aussi. C’est ça, "Break a leg", c’est l’alchimie entre amour, passion, douleur et théâtre.

Découvrez le court-métrage "Break a leg !" 

L’homme en moi a été bouleversé par ce film

Pascal Roy a donc filmé Nicolas Brimeux chez lui. Il a pas mal d’heures de rush. Il a beaucoup filmé. Il a su tirer des choses de moi que d’autres mettraient peut-être des années à avoir. On a une grande intimité lui et moi. Qu’est-ce que ça lui a fait de se voir dans un court-métrage ? En tant qu’acteur…l’acteur n’a pas été très concerné, avoue Nicolas Brimeux. En revanche, l’homme a été bouleversé. Parce que je me suis retrouvé, déjà. Je me disais que je n’avais pas eu de projets depuis deux ans. C’était une retrouvaille avec le monde du travail, avec les projets, avec moi-même, se souvient le comédien. Je dois ajouter que ma compagne m’a beaucoup aidé dans ce  projet de film, elle y a cru avec moi et ça m’a beaucoup aidé.

Le jour de la remise des prix, Nicolas Brimeux a fait le trajet de Lille, où il réside, à Saint-Malo, où le film a été récompensé. C’est un immense plaisir. Le président, Radu Mihaileanu (réalisateur de Va, vis et deviens, La source des femmes), est un homme d’une grande sensibilité, que j’aime beaucoup. C’est lui qui nous a remis le Grand prix. J’étais très ému. Nicolas Brimeux, à présent, a d’autres projets. Quelques pièces de théâtre et des projets de cinéma dans les tiroirs, sourit-il.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com