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Travailler en tant qu’infirmier à l’île de la Réunion

Publié le 24/11/2017
Fleurs

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Aujourd’hui Florence, manipulatrice en électroradiologie, et Yoan, infirmier, sont installés à la Réunion. Ils nous proposent quelques conseils pour y travailler en tant qu’infirmier. Si ce projet vous tente, voici de quoi le rendre un peu plus réaliste et mettre toutes les chances de votre coté pour y parvenir !

Cet article n’est que le fruit de nos observations et il n’est en aucun cas d’une légitimité absolue. Il est le fruit de nos expériences et c’est surtout un condensé de nos informations récoltés via notre groupe Facebook : infirmiers dans le monde.

Tenter l'aventure réunionnaise : ce qu'il faut savoir !

Après plus d’une année sur place, nous pensons avoir accumulé assez d’expériencs pour pouvoir enfin partager quelques conseils pour trouver un emploi en tant qu’infirmier sur l’ile. Grâce à notre groupe Facebook et à nos apéros « infirmiers voyageurs » nous avons pu discuter et conseiller un bon nombre d’infirmiers (mais aussi d'autres paramédicaux) sur les démarches à adopter pour trouver un emploi rapidement ici. Même si le titre est réducteur, ces conseils sont aussi applicables pour les autres professions paramédicales (mais pas toutes) : aide-soignant, manipulateur radio, auxiliaire de puériculture… Pour les kinés et les infirmiers ayant une spécialité (Iade, Ibode, Ipde) la majorité de ces conseils ne s’appliquent pas, car il semble un peu plus aisé pour eux (en 2017) de trouver un poste sur l’île (parfois même à distance). Attention tout de même… Pour les Iade et les Ibode, il existe sur l’île un centre de formation qui prépare alternativement à ces deux spécialités. Pour les aides-soignants, il est extrêmement difficile de trouver un emploi sur place, la majorité de ces emplois étant occupés par les Réunionnais.

L’Ile de la Réunion, le paradis pour les paramédicaux ?

L’Ile de la Réunion est une île très populaire et, de fait, très prisée par les infirmiers (et les kinés !) de métropole (mais aussi de Belgique et d’Espagne). C’est une île où il fait bon vivre et où le niveau de sécurité est équivalent à la France métropolitaine, avec un niveau sanitaire plutôt bon. Certains tombent amoureux de l’île et s’installent pour plusieurs années. D'autres, pour des raisons multiples, décident de rentrer en métropole au bout de quelques mois. En fonction de la période où vous postulerez, trouver un emploi peut donc devenir une tâche ardue. Pour le dépaysement nous pensons qu’il est relatif, surtout si l’on compare avec des iles comme la Nouvelle Calédonie, Mayotte ou la Guyane. Le niveau de vie est très (trop?) bon… Mêmes infrastructures, mêmes magasins et même confort de vie qu’en Métropole. Ce n’est clairement pas ici que vous sortirez de votre zone de confort, à moins d’aller habiter dans le cirque de Mafate !

Premièrement, et je me répète si vous n’avez pas de spécialité (Iade, Ibode, Ipde…) il ne sert à rien de postuler depuis la métropole. Au pire vous n’obtiendrez aucune réponse et, au mieux, une réponse négative ! Pour avoir une chance d’être contacté, il vous faudra suivre quelques conseils être sur place, être mobile rapidement (donc avoir une voiture), avoir un numéro de téléphone et une adresse locale (personne ne vous appellera avec une adresse et téléphone de métropole) et pour finir, on vous appellera souvent au dernier moment et pour commencer dans les trois jours.

Notre autre conseil est de choisir son logement après avoir trouvé un poste. En effet, l’île n’est pas grande, mais les embouteillages peuvent vraiment saboter votre expérience sur l’île. C’est par exemple une mauvaise idée d’habiter à Saint-Leu et de travailler à Saint-Benoit ou encore de travailler à Saint-Denis et habiter à Saint-Pierre. Tout est faisable avec nos horaires décalés, mais habiter loin de son lieu de travail c’est avoir l’assurance d’être dans les embouteillages à un moment ou à un autre. Les lieux à éviter le matin sont la route du littoral, Savannah Saint-Paul, le centre-ville de Saint-Pierre, le barachois, le boulevard Sud… L’idéal est donc de prendre un logement chez l’habitant. En plus d’être immergé dans la vie locale directement dès votre arrivée, cela vous permettra de vous installer sereinement et de faire vos démarches d’installation en toute tranquillité.

Des critères de recrutement … différents…

Honnêtement, trouver du travail ici est possible. La période pour postuler est plus importante que votre CV. Selon nous, il est préférable de venir postuler à partir du mois de janvier et jusqu’au mois de juillet (sortie des nouveaux diplômés de l’île). Le mois de septembre/octobre est une période compliquée où l'on remarque une grosse vague de nouveaux arrivants, majoré par les nouveaux diplômés de l’île qui sortent en juillet et qui commencent à travailler. Nous pensons clairement qu’en plus du facteur chance, le « piston » et le bouche à oreille fonctionne mieux qu’un CV élogieux et bien garni d’expériences en tout genre. Avoir une connaissance qui mettra votre CV sur le dessus la pile vous permettra de trouver un poste très rapidement (expérience vécue plusieurs fois). En cas de poste vacant, le recruteur semble s’intéresser à plusieurs facteurs qui nous échappe… votre expérience en tant que soignant ne compte guère, c’est en tout cas l’impression que ça donne d’après les différents témoignages recueillis. Avant d’arriver sur l’île nous avons souvent entendu parler de préférences régionales à l’embauche. En pratique, depuis que nous sommes là, nous trouvons que cela n’est pas aussi marqué. Je ne pense pas qu’un CV créole à plus de chance de se faire recruter par rapport à un CV métropolitain. Il y a un poste vacant, le recruteur va chercher à pourvoir ce poste le plus rapidement possible, peu importe la candidature. Les étudiants que nous accueillons dans nos services nous le confirment d’ailleurs, à la fin de leurs cursus il n’y a aucun poste qui leur est réservé une fois diplomés.

Dialyse et exercice libéral

Sur l’île, il existe un grand nombre de patients souffrant de pathologies chroniques (HTA, diabète et insuffisant rénaux) qui ont besoin de soins quotidiens dans la prise en charge de leurs maladies. Il existe donc une offre assez grande en dialyse mais surtout en tant qu’infirmier libéral. Pour trouver un poste de remplacement, direction le groupe Facebook ou encore le site du SNIIL 974. Sachez qu’en général les rétrocessions sont de 70/30. C’est beaucoup, mais ça fonctionne comme ça, du moins au départ. L’installation et la création n’est pour le moment plus possible sur l’île (sauf rachat de cabinet). Comparé à la Guyane ou à Mayotte, et encore une fois si nous n’avez aucune spécialité, il est très difficile de se faire muter directement sur l’île et depuis la métropole. Le choix de soignant est pléthorique ici et les directions des services de soins et des ressources humaines des établissemenst de santé n’ont aucune raison de vous proposer un poste par voie de mutation. Sachez tout de même qu’il est possible de muter en tant qu’infirmier à l’île de la Réunion en respectant ces conseils. Il vous faudra poser une disponibilité dans votre établissement de départ en métropole (ou ailleurs), puis s’installer à la Réunion, postuler et trouver un poste en tant que contractuel à la Réunion. Informer votre hiérarchie ici et demander votre mutation au bout de 4 ou 5 ans. Sachez quand même que certains infirmiers en disponibilités n’ont pas réussi à se faire recruter en tant que contractuel (notamment au CHU Nord-Bellepierre) car pendant l’entretien de recrutement ils ont expliqué qu’ils étaient titulaires en disponibilité. Les choses sont différentes, évidemment en cas de pénurie dans des services particuliers (bloc opératoire, pédiatrie…).

Les différentes structures de santé de l’île

Comparé à la Guyane, il est beaucoup plus complexe de lister dans cet article les différentes structures de l’ile, car elles sont beaucoup plus nombreuses (ce qui est une bonne nouvelle pour la prise en charge des Réunionnais). Les établissements de santé listés par zone ci-dessous sont les plus gros pourvoyeurs de postes sur l’île, mais sachez-le, il existe aussi pas mal de petites structures disséminées sur l’ensemble de la région.

Dans le nord, qui est la capitale de l’île, les plus gros pourvoyeurs de postes sont le CHU de la Réunion (hôpital de Bellepierre) et la clinique Sainte-Clothilde. En fonction de la période, il est en général plutôt facile de trouver un poste à la clinique Sainte-Clothilde, le turn-over est assez important qui s’explique par le salaire plus bas comparé à la fonction publique . Les remontées que nous font les infirmiers qui sont passés par la clinique Sainte-Clothilde nous parlent d’une charge de travail assez soutenue. Il existe d’autres structures dans le nord comme la clinique Saint-Vincent dans le centre-ville de Saint-Denis, la clinique Jeanne d’Arc au Port, l’hôpital des enfants,  la Clinique les orchidées, l’EHPAD Astéria…

L’est est le côté de l’île qui souffre le plus de désamour de la part des infirmiers « sac à dos ». En effet c’est le côté de l’île qui bénéficie d’un climat plus chaud et humide que la côte ouest qui, elle, bénéficie d’un climat plus sec. Selon nous, c’est le coin de l’île qui est aussi le plus authentique et qui souffre le moins du tourisme de masse comme sur la côte ouest. Vous souhaitez vivre une expérience au plus près des traditions réunionnaises, c’est le coin qu’il faut choisir ! Le principal recruteur est surement le GHER de Saint-Benoit, c’est un hôpital qui prend en charge tout le bassin Sud-Est (jusqu’à Salazie) de l’île de la Réunion. Juste à côté du GHER, il existe plusieurs établissements : dialyse, établissement public de santé mentale de la Réunion, Maison d’Accueil spécialisée de l’Est (MAS) et un établissement de soins de suite. Sur Saint-André il y’a un EHPAD communal, un centre de rééducation (SSR) et une l’unité de soins de longue durée gérée.

Dans le Sud, qui est selon nous le parfait compromis entre l’authenticité de l’est et le lagon de l’ouest, il est assez difficile de trouver un poste, mais tout est possible ! Le plus gros pourvoyeur de poste est surement le Groupe Hospitalier Sud Reunion ou le CHU de la Réunion Site de St-Pierre) situé à Terre Sainte-Saint-Pierre. C’est un établissement immense qui regroupe l’ensemble des spécialités et qui est le centre de référence pour la neurologie. Toujours à Saint-Pierre, il y’a la clinique des flamboyants (Psychatrie). Au Tampon, pas très loin, et un peu plus dans les hauteurs, il y’a quelques cliniques comme la Clinique Durieux. Pour la dialyse il existe la aussi plusieurs centres, dont un à Saint-Louis, deux à Saint-Pierre, un au Tampon et un à Saint-Joseph. Pour continuer sur le sud sauvage, vers Saint-Joseph, une offre de soin de type SSR à la clinique de Saint-Joseph. Pour les plus téméraires et pour ceux qui rêvent de calme et d’une expérience inédite sur l’île, vous pouvez postuler dans le centre de soin du cirque de Cilaos (région montagneuse au centre de l’ile) qui dépend du CHU de Saint-Pierre (GHSR).

Dans l’ouest, secteur qui regroupe plusieurs villes faisant partie de la principale station balnéaire de l’île, on retrouve le centre hospitalier Gabriel Martin. Cet hôpital regroupe aussi plusieurs spécialités, mais de moindres mesures comparé au CHU site Nord et Sud. A Saint-Gilles les hauts on retrouve un centre d’addictologie (Institut Robert Debré). Le principal employeur concernant l'HAD (hospitalisation à domicile) est surement l’ARAR, que l’on retrouve sur une grande majorité de l’île. Il existe aussi une Association de Soins à Domicile à La Réunion) dont le siège est à Sainte-Clothilde.

Langue créole et intégration en tant que « zoreil »

L’île de la Réunion est un département Français, la langue officielle écrite et parlée est donc le Français. D’usage ici, les Réunionnais parlent le créole Réunionnais au quotidien, surtout les anciens (les gramoun). Le créole est un mélange de langage de plusieurs ethnies : les Malgaches, les Indiens, les Africains… En tant qu’infirmier libéral vous serez donc confronté tous les jours au créole qui peut être en fonction de la personne quelque peu difficile à comprendre ! 

Inscription à l’Ordre infirmier et numéro ADELI

Le recruteur au moment de la signature de votre contrat vous demandera votre numéro ADELI. Ce numéro qui permet de recenser les soignants par département s’obtient auprès de l’ARS de l’Océan indien. Depuis le 1er janvier 2017, plus besoin de se déplacer. Il suffit de télécharger un document CERFA à renvoyer par mail (attention ne pas remplir ce document à la main, mais via votre ordinateur). Rien de bien compliqué à première vue, mais détrompez-vous :

  • pour récupérer son numéro ADELI, il faudra fournir une attestation d’inscription à l’Ordre infirmier ;
  • pour pouvoir s’inscrire à l’Ordre infirmier, il faudra être patient ou tomber au bon moment, car une commission à lieu…Tous les trois mois ! ;
  • pour pouvoir s’inscrire à l’Ordre, on vous demandera de faire figurer sur le document CERFA…votre employeur ! ;
  • une fois l’ensemble des documents réunis, il faudra prendre rendez-vous dans un créneau horaire… restreint ! (du mardi au jeudi de 9h à 11h45 et de 13h45 à 15h !)

Les délais peuvent donc être plus ou moins longs, et nous vous conseillons de vous inscrire dans votre département de résidence,en France métropolitaine. Une fois à la Reunion, demandez un transfert de dossier avec votre nouvelle adresse réunionnaise, le délai semble plus court en choisissant cette option.

Rappelons que sans inscription ordinale, pas de numéro ADELI.  J’ai donc rencontré pas mal d’infirmiers bloqués dans des situations ubuesques où ils devaient attendre plusieurs semaines avant de disposer d’un numéro ADELI. En pratique, votre employeur pourra patienter si vous n’avez pas encore ce numéro .Il faudra juste lui spécifier que la demande est en cours. La situation est plus complexe par contre pour les infirmiers libéraux. Le numéro ADELI est obligatoire pour faire ensuite toutes les démarches (sécurité sociale, Urssaf, Carpimko) et enfin commencer son remplacement.

Pour conclure

Voila ce que nous pouvions dire à tous les soignants qui souhaitent tenter l’aventure réunionnaise. Comme nous le répétons souvent quand on nous demande des conseils, il faudra s’armer de patiente quand on cherche un poste d’infirmier à l’île de la Réunion. En fonction de la période, il vous faudra de la persévérance, mais surtout une bonne dose de chance. N’hésitez pas à multiplier les canaux de communication lors de vos envois de CV. Essayer de récupérer les adresses mails de la DSSI et des cadres de santé en surfant sur le site de la fédération hospitalière de France, par exemple ! Enfin, se présenter en personne dans les services, c’est marquer encore plus  les esprits et avoir une chance d’être appelé. Bonne chance !

Ressources pouvant être utiles pour postuler

Flo & Yo - Deux soignants à la conquête du monde !

En novembre 2011, Yohan, alors âgé de 31 ans, aide-soignant  - et Florence, 28 ans, étudiante manip radio en 2éme année, férus de voyages et d'expériences insolites ont créé « Care Conception Through the World », une association loi 1901 dont le nom peut être traduit en français par « La conception du soin autour du monde ». Son but ? Réaliser des reportages photos et vidéos, à travers le monde, sur les différentes façons de concevoir le soin. En résumé : voyager, découvrir, et surtout partager avec la communauté soignante et même au-delà ! Ils nous ont présenté leur projet sur Infirmiers.com, partenaire de leur aventure maintenant en cours. Yoan est désormais infirmier, Florence Manipulatrice en électroradiologie et tous deux sillonnent les routes du monde ! Ils ont aujourd'hui posé leurs valises à La Réunion, le temps de pouponner... Ils sont en effet depuis peu les heureux parents de Julia, née le 8 avril 2016 ! Ils travaillent également sur l'île. Retrouvez l'intégralité sur www.floetyo.com

Florence et Yohan MAUVERédacteurs Infirmiers.com  contact@floetyo.com

Cet article a été publié le 29 septembre 2017 par Flo&Yo que nous remercions de cet échange.


Source : infirmiers.com