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Travail de nuit et cancer du sein : quelles conséquences ?

Publié le 15/10/2018
Cyclosein

Cyclosein

infirmière de nuit auprès d'un patient.

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L'association Cyclosein veut attirer l'attention des pouvoirs publics, de la population ainsi que des professionnels de santé sur le lien qui existe entre le travail de nuit et le cancer du sein. Explications.

Octobre rose. La couleur aujourd'hui devenue le symbole de la mobilisation contre le cancer du sein. L'objectif de cette campagne qui a commencé en début de mois ? Parler de ce cancer qui tue chaque année près de 12 000 femmes en France et sensibiliser les Françaises âgées de 50 à 74 ans à réaliser une mammographie gratuite. Depuis sa création en septembre 2015, Cyclosein, présidée par une infirmière Sylvie Pioli, organise des actions de sensibilisation à l'attention du grand public sur l'augmentation du risque de cancer du sein chez les professionnels en poste de nuit. L'association souhaite en effet développer la prévention ainsi que le suivi médical au travail, et faire reconnaître le cancer du sein lorsqu'il survient comme maladie professionnelle.

Cancer du sein : pédaler pour sensibiliser sur les impacts du travail de nuit

Des parcours à vélo pour la bonne cause

Le risque de développer un cancer du sein s'élève à 30 % chez les travailleurs de nuit.

Cyclosein souhaite avant tout attirer l'attention des pouvoirs publics sur les conséquences du travail de nuit. Ainsi, le 30 septembre dernier, la présidente de l'association, Sylvie Pioli, accompagnée d'une petite équipe, s'est lancée dans un périple afin de rallier Paris et Bruxelles à vélo. Jusqu'à l'année dernière, cette jeune retraitée était encore infirmière. Si elle est aussi concernée par cette cause, c'est parce qu'elle a elle-même développé un cancer du sein. Quand elle l'apprend en janvier 2015, elle tombe des nues : elle qui ne fume pas, ne boit pas, fait du sport et n'a pas connaissance d'antécédent dans sa famille qui pourraient expliquer une prédisposition... En revanche, cette ancienne soignante a travaillé 30 ans de nuit, explique-elle devant le Parlement Européen. Lors de mes soins, j'ai rencontré un médecin spécialiste qui m'a dit : ne cherche pas, travail de nuit et cancer du sein, ça va ensemble. De là sont parties mes recherches. Sylvie Pioli apprend alors que la nuit nous permet de fabriquer une hormone, la mélatonine, aussi appelée hormone du sommeil, que la lumière empêche de sécréter. 

Des explications d'ordre biologique

Le maintien d’une luminosité la nuit entraîne une désynchronisation de l’horloge biologique (ou horloge interne) située dans l’hypothalamus qui reçoit ses informations directement des cellules photosensibles de la rétine. Par conséquent, cette désynchronisation entraîne une dérégulation des rythmes circadiens, en particulier hormonaux (ex: œstrogènes), et impacte les gènes horloges de l'organisme qui interviennent dans la division cellulaire. De plus, on constate une très nette diminution de la sécrétion de mélatonine, hormone du sommeil dont le pic se site entre 2h et 5h du matin, et dont les effets anti-oestrogéniques et anti-oxydants sont connus.

Cyclosein estime que les études menées au préalable ne sont pas suffisamment significatives car elles s'appuient sur un faible échantillon de population. Néanmoins, les résultats publiés tendent à prouver que les liens entre le cancer du sein et le travail de nuit existent bel et bien.

Le travail de nuit comme facteur cancérigène

Selon l'étude française CECILE (Cancer En Côte-d’or et ILe-et-vilaine) pilotée par l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) en 2010, le travail de nuit aurait un impact significatif sur le cancer du sein. En effet, cette étude menée sur plus de 2.500 femmes avait pour but de démontrer les liens entre l'environnement professionnel et l’apparition de cette maladie. Elle met en évidence que les femmes ayant travaillé de nuit (entre 23h et 5h) durant leur carrière ont un risque de cancer du sein accru de 30%.

Ce risque, corrélé à la fréquence et à la durée du travail de nuit, a également été reconnu par plusieurs études internationales, par la HAS (Haute Autorité de la Santé) et par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) qui a classé le travail de nuit comme facteur cancérigène.

Cancer du sein : quelques chiffres clés

En France, le cancer du sein est celui qui est le plus prévalent chez les femmes, avec une incidence estimée à 48 7631 en 2012. Dans 80 % des cas, il touche les personnes âgées de plus de 50 ans. Il reste ainsi la première cause de mortalité par cancer chez les femmes, avec un nombre de décès qui s'élève à 11 8861  pour la même année.

Si cette pathologie multifactorielle est causée dans 5 à 10% des cas par une altération génétique, pour l’ensemble des cancers du sein, les facteurs environnementaux jouent un rôle essentiel (pesticides, perturbateurs endocriniens, radiations ionisantes, obésité, tabac, alcool…). Soulignons que le travail de nuit en ferait désormais partie d'après l'étude CECILE.

En France, 3,5 millions de personnes, soit 15,4 % des salariés2, travaillent habituellement ou occasionnellement de nuit. Les métiers principalement concernés sont les secteurs tertiaires, et donc notamment les professionnels de santé.

J'avais une telle rage ! Cela ne pouvait pas m'arriver à moi : parce que je suis infirmière, parce que j'ai une vie saine - je ne bois pas, ne fume pas, je suis sportive -, parce que dans ma famille il n'y avait aucun antécédent... Je ne présentais aucun facteur de risque.

Si vous souhaitez soutenir l'association Cyclosein

Notes

  1. Institut National du Cancer
  2. Direction de l'Animation de la Recherche des Études et des Statistiques

Ophélie PERROTRédaction Infirmiers.comophelie.perrot@infirmiers.com@OliePrt
Article mis à jour le 15 octobre 2018 par Susie Bourquin


Source : infirmiers.com