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Travail de nuit en stérilisation : une organisation difficile à maintenir à long terme

Publié le 11/04/2011

Le travail de nuit en stérilisation, de prime abord intéressant, s'avère difficile à maintenir à long terme, selon une expérience lyonnaise présentée lors des Journées nationales sur la stérilisation dans les établissements de santé organisées par le Centre d'études et de formation hospitalières (CEFH).

Au CHU de Rouen, dans le service de stérilisation de Bernard Dieu, la mise en place d'équipes de nuit a été décidée pour faire face aux retards observés dans le traitement de l'instrumentation chirurgicale du fait de l'allongement des plages horaires des blocs opératoires jusqu'à 17h30 et dans un contexte de diminution du personnel de la stérilisation.

L'établissement comprend 12 blocs opératoires dont quatre qui travaillent la nuit. La stérilisation a traité 65.000 boîtes en 2010 avec une augmentation d'activité de 8% par rapport à 2008.

Il a été décidé d'ouvrir la stérilisation quatre nuits de huit heures par semaine grâce à une équipe composée de volontaires (une infirmière et trois agents).

Ainsi, 18% du matériel est stérilisé la nuit et le temps moyen de mise à disposition a été réduit de 55% entre fin 2010 et début 2011 avec cette nouvelle organisation, a rapporté l'équipe rouennaise dans une communication affichée.

Il a fallu résoudre des difficultés telles que prévoir le remplacement des agents de nuit en cas de maladie ou de congés, avoir des services techniques et informatiques opérationnels la nuit et redéployer les agents travaillant le matin car l'activité y était de ce fait plus faible, mais le bilan provisoire est positif avec des clients (les blocs) satisfaits car la stérilisation peut leur assurer une remise à disposition du matériel en moins de 24h pour 90% du parc.

Le bilan du CH Lyon Sud, après trois ans de fonctionnement, est moins positif.

En 2006-07, alors que les Hospices civils de Lyon (HCL) étaient en pleine restructuration et que des solutions d'attente devaient être trouvées pour desservir d'autres établissements en attendant la nouvelle stérilisation centrale qui tardait elle va ouvrir très prochainement, note-t-on, une réorganisation du travail a été mise en place à la stérilisation du CH Lyon Sud.

Le service s'est mis à fonctionner en continu à partir de septembre 2007. Il a été constitué une équipe de jour et une de nuit.Celle de jour comporte cinq ETP (équivalents temps plein) Ibode (infirmière de bloc opératoire) ou préparateur, 19 ETP agent polyvalent de stérilisation (APS) et trois ETP agent manutention et entretien (AME) pour une activité de 120-140 boîtes par jour.

L'équipe de nuit est formée de 4 ETP Ibode/préparateur, 18,5 APS et cinq AME pour une activité de 150-190 boîtes par nuit.

L'équipe de nuit travaille de 20h à 6h (10h), chacun faisant trois à quatre nuits par semaine. Chaque nuit sont présents deux à trois Ibodes/préparateurs, 9-12 APS et 2-3 AME. Une heure de chevauchement est prévue le soir et le matin entre les deux équipes, a détaillé Stéphane Corvaisier.

Le matériel sale arrive à 19h30 et le matériel stérile repart à 6h le matin pour aller alimenter les blocs d'établissements extérieurs au CH de Lyon Sud.

Une telle organisation présente des avantages. S'agissant du matériel, les blocs sont fournis avec un arsenal complet tous les matins et il n'est pas nécessaire de racheter beaucoup d'instruments.

Trop de décalage

Cependant, le décalage spatio-temporel entraîne des difficultés de communication entre les blocs et la stérilisation. Il n'est jamais possible de poser des questions dans un sens comme dans l'autre.

De plus, le transfert de compétences du bloc à la stérilisation (pour la recomposition des plateaux d'instruments) est difficile, les personnels n'étant pas présents au même moment. Il est aussi difficile d'organiser des formations pour le personnel de nuit.

La tournée unique qui est économique ne supporte pas de perturbations à l'inverse d'un fonctionnement au fil de l'eau.

Une telle organisation entraîne une surutilisation des équipements sur des temps courts, une promiscuité dans les zones de travail qui peut être source de conflits (tout le personnel travaille en même temps étape par étape au lieu d'étaler comme dans la journée). "Cela entraîne de la précipitation par absence de seconde chance", a indiqué le pharmacien.

Le matériel est plus vite amorti mais subit une "usure accélérée" du fait de l'absence de refroidissement des autoclaves. Il a fallu adapter les contrats de maintenance du matériel. Les services techniques doivent pouvoir être sollicités la nuit aussi.

"La gestion des non conformités devient excessivement dure à faire", le matériel étant en activité permanente, a noté Stéphane Corvaisier.

"Le travail de nuit est une habitude à l'hôpital, mais pas en pharmacie en-dehors des gardes", a complété sa collègue Christine Barreto. "En stérilisation, cela a représenté une organisation aussi complexe à mettre en oeuvre qu'à maintenir", a-t-elle témoigné.

Si le travail de nuit peut séduire a priori pour la plus grande autonomie et les repos compensateurs qui peuvent être utiles à l'organisation familiale et sociale, ses inconvénients se font vite sentir avec une fatigabilité et une irritabilité, une insuffisance d'encadrement qui pèse en cas de conflit interne et des décalages qui s'installent dans la vie sociale et familiale, a-t-elle rapporté.

Pour l'encadrement, les équipes de nuit sont plus difficiles à gérer. Des difficultés ont été relevées au sein de l'équipe de nuit avec un sentiment d'abandon par rapport à l'encadrement et des conflits facilités par la fatigue physique et nerveuse, ajoutée à la promiscuité.

Il se pose la question de prévoir une représentation de l'encadrement la nuit, ainsi que celle de la permanence pharmaceutique, a-t-elle avancé en conclusion.

Sylvie Lapostolle (APM)


Source : infirmiers.com