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PORTRAIT / TEMOIGNAGE

Témoignage : "mon père était régulièrement couvert de bleus"

Publié le 08/11/2019
Témoignage :

Témoignage :

Nous avons reçu il y a peu une lettre, le témoignage d’une femme sur les conditions d’accueil de son père, résident d’un établissement pour personnes âgées privé. Nous avons choisi de le publier, en l’anonymisant, parce qu’il se fait l’écho de la situation de maltraitance que vivent certains de nos aînés dans ces établissements, comme en témoignent de plus en plus d’enquêtes, de témoignages ou d’articles de presse ces dernières années. Nous le publions in extenso.

"Il y a, comme partout, des gens bien : l’infirmière principale de l’établissement Y, l’aide-soignant qui gérait mon père en UP de l’EPHAD, mais est-ce normal de traiter les résidents de cette manière ?"

Je me permets de vous faire parvenir mon témoignage. Je vais tenter de résumer ce que mon papa a vécu dans l’établissement Y : mon père a été d’abord hospitalisé en Août 2018 en psycho-gériatrie de l’hôpital de X pour troubles cognitifs (pertes des repères, Alzheimer non diagnostiqué mais symptômes similaires). Cette structure lui convenait mais était temporaire.

La cadre de santé du service l’a ensuite envoyé dans un autre établissement Y car selon ses propos votre mère a les moyens de payer. Pourtant, 3000 euros par mois- sans le nettoyage du linge de mon père - j’appelle cela du racket. Ma mère âgée de 83 ans allait rendre visite à mon père tous les deux jours. Moi aussi. A partir de janvier, mon père est donc rentré dans l’établissement Y. Aucun soin, aucune empathie. Avec ses mots à lui, il était capable de nous dire qu’il avait peur et il pleurait beaucoup.

Il a été mis en Unité Protégée (UP) mais pour une raison obscure, ils l’ont retiré (il se montrait soi-disant trop proche d’une patiente, mais j’ai fini par l’apprendre de manière hasardeuse...) L’établissement Y l’a envoyé un soir aux urgences : il faisait moins deux degrés, il était en pyjama d’été, vêtu d’un simple short et d’un tee-shirt. Je suis allée le chercher, il déambulait dans les couloirs des urgences de l’hôpital, il avait froid. Nous avons attendu 5h avant de voir une interne qui a téléphoné à l’établissement Y vers minuit : la personne au téléphone de cette maison de retraite ne voulait pas qu’il rentre ! Le médecin a alors insisté et je l’ai ramené, enroulé dans mon châle.

Quand l’établissement Y voulaient se débarrasser de lui (parce qu’il était déambulant la nuit ...), mon père était placé en psychiatrie. Il était régulièrement couvert de bleus. Jamais je n’ai eu d’explication. Ma sœur a mis un commentaire sur internet concernant cette maison de retraite, un commentaire juste qui faisait état des dysfonctionnements de cet EPHAD. Nous avons été convoquées. Rien n’a changé. L’état de mon père se dégradait. De plus en plus.

L’établissement Y l’a envoyé un soir aux urgences : il faisait moins deux degrés, il était en pyjama d’été, vêtu d’un simple short et d’un tee-shirt.

Il est décédé le 11 octobre 2019. D’une pneumonie contractée parce qu’il aurait pris froid la nuit en tombant de son lit ? On ne sait même pas. Une fausse route dixit le médecin de l’établissement Y alors que cela faisait des jours qu’il n’était plus nourri... Il est décédé en moins de 48 heures. Nous réclamons sa courbe de poids : très sportif toute sa vie, il ne faisait plus qu’une 40aine de kg (apparemment). Nous n’avons rien obtenu. Cet établissement est un exemple parmi d’autres, certainement.

Je n’en resterai pas là. Je me battrai pour obtenir son dossier médical.

Quand l’établissement Y voulaient se débarrasser de lui (parce qu’il était déambulant la nuit ...), mon père était placé en psychiatrie. Il était régulièrement couvert de bleus. Jamais je n’ai eu d’explication.

Il y a, comme partout, des gens bien : l’infirmière principale de l’établissement Y, l’aide-soignant qui gérait mon père en UP de l’EPHAD, mais est-ce normal de traiter les résidents de cette manière ? Abruti de médicaments, mon père n’était plus nourri. Pas de psychologue, pas d’orthophoniste proposés pourtant présents dans cet établissement. Pas d’empathie, pas de soins. Rien.

Je ne sais pas pourquoi je m’adresse à vous. C’est une bouteille que je jette à la mer. Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ce message.

Redaction d'infirmiers.com


Source : infirmiers.com