Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

INFOS ET ACTUALITES

Système d’Information Hospitalier : allié ou intrus ?

Publié le 16/11/2011

De nombreux outils informatiques ont fait leur apparition dans nos infirmeries. Sensés nous aider dans la pratique quotidienne, ils sont quelquefois sources de contraintes et de difficultés.

La cybernétique envahit de plus en plus l’espace médico-social en général, le domaine hospitalier en particulier. Les personnels soignants se trouvent dès lors confrontés, avec plus ou moins de facilités, à l’appropriation de nouveaux outils de gestion des soins, des lits, des comptes rendus d’examens, voire des images médicales. Même si le déploiement des systèmes d’information hospitaliers (SIH) est très inégalement réparti sur le territoire, ces logiciels font désormais partie du paysage et modifient la pratique quotidienne des infirmiers.

Des applications à tous les étages

On retrouve en effet des applications logicielles à chaque étape de la chaîne du soin. Les plus connues concernent la prise en charge des rendez-vous de consultations et de la facturation des actes. Adossés au SIH, qui aide à la gestion globale de l’hospitalisation (planification des soins, des prescriptions médicamenteuses, du bloc opératoire...), on voit apparaître aujourd’hui des programmes capables de venir en aide aux managers pour l’organisation en temps réel des urgences ou de l’occupation des chambres, entre autres. L’imagerie n’est pas en reste, puisque l’archivage et l’acheminement des images de santé passe par le réseau informatique au travers d’une suite logicielle dédiée, appelée PACS. Ainsi, on peut consulter, sur un écran unique, le traitement suivi par M. Durand, ses consultations et interventions planifiées, les notes médicales et infirmières de son dossier et les images d’IRM qu’il vient de subir…

Le but annoncé de la mise en place de ces solution est de faire gagner du temps aux soignants et d’optimiser les processus par la dématérialisation du dossier patient. Nous verrons que cet objectif n’est pas toujours atteint.

Des contraintes organisationnelles et générationnelles

La conséquence directe de cette intrusion informatique dans l’infirmerie est un changement dans nos habitudes de travail au quotidien, pas toujours bien appréhendé. La recherche documentaire, l’identification des patients, les planifications en tous genres, sont facilités par la rapidité de transmission de la cybernétique. Mais des difficultés peuvent apparaître dans l’appropriation de ces nouveaux outils. Tout d’abord, l’ergonomie de certains logiciels laisse un peu à désirer. Il n’est pas rare de devoir chercher, sur certains programmes, les fonctionnalités permettant d’accéder à un traitement, un compte-rendu de laboratoire, ou un horaire opératoire, par exemple. D’autre part, certaines organisations n’étant pas adaptées à l’évolution électronique de l’environnement hospitalier, nous sommes contraints d’user de l’impression de documents plus souvent qu’il ne faudrait. Il semble, de temps en temps, que nous utilisons plus de papier que lorsque l’on travaillait sur le bon vieux dossier patient ! Une autre difficulté, générationnelle celle-là, rend les soignants inégaux devant le SIH. Les personnels de moins de 40 ans, habitués depuis leur plus jeune âge à manipuler les ordinateurs et autres consoles de jeux, s’adaptent évidemment mieux à ce nouveau mode d’exercice. Leurs aînés, se trouvent quelque peu désemparés devant ces changements qui fragilisent leur expertise.

Lorsque ces cas de figure se conjuguent, le soignant peut se retrouver en souffrance et l’utilisation des logiciels mis à sa disposition devient alors chronophage. Certains infirmiers déclarent même passer plus de temps devant leur écran ou leur tablette qu’auprès de leurs malades !

L’importance de la formation

Ces exemples nous renvoient à la problématique de la formation aux logiciels SIH. Si certains éditeurs proposent des mises à niveaux périodiques à leurs clients - certains même détachent une personne à temps plein durant une période définie, pouvant aller jusqu’à deux ans -, d’autres se limitent à la formation accélérée des informaticiens des établissements de santé, qui sont chargés, dans un deuxième temps, de conduire des sessions d’apprentissage auprès des personnels de services. Cette méthode n’est pas à proprement parler la meilleure, car, sans préjuger des compétences des informaticiens, ceux-ci n’appréhendent pas les logiciels avec la même philosophie que les soignants et passent souvent à côté de fonctionnalités essentielles à la pratique de ces derniers.

« La cybersanté n’étant qu’à son balbutiement, il ne serait pas étonnant que cette branche se développe rapidement ».

L’émergence d’un nouveau métier ?

Il serait souhaitable, maintenant que nous commençons à avoir un peu de recul sur ce phénomène, que les professionnels de la santé que cela intéresse soient plus impliqués dans les processus d’appropriation des outils informatiques hospitaliers. Nous l’avons vu, l’étape de la formation est primordiale pour que leurs collègues atteignent un niveau de maîtrise suffisant à une utilisation optimale des logiciels. Nous avons besoin, aujourd’hui, de personnes se trouvant aux confins du soin et de l’informatique, capables de comprendre les pratiques soignantes pour adapter le discours de formation à leurs attentes. L’idéal serait qu’ils puissent participer aux mises à jour des logiciels afin de les rendre plus efficaces au quotidien.
Voilà peut-être qui présage de l’avènement d’un nouveau métier de la santé, nécessitant des compétences à la fois de soignant et d’informaticien. La cybersanté n’étant qu’à son balbutiement, il ne serait pas étonnant que cette branche se développe rapidement.

Le tableau que nous venons de dépeindre n’est pas très engageant pour qui est sur le point, comme certains d’entre vous, de prendre contact avec un SIH. Mais les choses évoluent, et les nouveaux logiciels ont gagné en efficacité et en ergonomie. Les premiers hôpitaux à avoir été équipés de ces outils ont « essuyé les plâtres », et des modifications structurelles des programmes ont depuis été réalisées en ce sens.
Si vous aussi, avez été confrontés aux difficultés découlant de l’arrivée de la cybernétique dans vos services, n’hésitez pas à nous faire part de vos témoignages, de vos expériences, heureuses ou malheureuses. Car certaines applications sont en effet très prometteuses en terme de simplification des tâches et de productivité…

Bruno BENQUE
Rédacteur Infirmiers.com
bruno.benque@gmail.com


Source : infirmiers.com