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PSYCHIATRIE

Suicide d'un infirmier à l'hôpital Le Vinatier

Publié le 11/02/2015
centre hospitalier spécialisé le Vinatier

centre hospitalier spécialisé le Vinatier

Le centre hospitalier spécialisé en psychiatrie Le Vinatier, situé à Bron, près de Lyon, a connu depuis le début de l'année une grave agression d'un agent par un adolescent suivi par l'établissement, deux suicides de patients dans ses locaux et pour finir le suicide d'un infirmier dimanche dernier.

Le CHS Le Vinatier, à Bron, près de Lyon,vit actuellement des jours difficiles avec l'agression récente d'un infirmier et le suicides de deux patients...

Mise à jour du mercredi 11 février 17h - Selon les informations apportées mercredi par la direction du Vinatier à l'APM, l'infirmier qui a mis fin à ses jours  travaillait dans l'unité de soins intensifs en psychiatrie (Usip), où une patiente a tenté de mettre fin à ses jours dimanche 1er février et est décédée mercredi 4 février des suites de cette tentative de suicide. Mais, contrairement à ce qu'avance la presse régionale mercredi, l'infirmier n'était pas en poste à l'Usip au moment où la patiente a commis sa tentative de suicide, a assuré la direction de l'établissement à l'APM. Elle a signalé qu'une conférence de presse a été organisée mercredi après-midi au CH avec des médias locaux, pour démentir cette assertion publiée par plusieurs supports.


Le Centre Hospitalier Le Vinatier rappelle que "l’infirmier mentionné n’était pas en poste au moment des faits et que toute allégation d’un lien de cause à effet entre l’arrêt actuel du dispositif DAU et ces deux drames personnels est infondée."

Dans un communiqué diffusé mercredi, la fédération CGT appelle l'ensemble de ses syndicats et adhérents, plus particulièrement ceux de la psychiatrie, à se rassembler lundi 16 février 2015 à 14 heures devant les directions d'établissement ou devant les services.

Mise à jour du mercredi 11 février 2015 - 9h On apprend ce matin par la presse régionale que dimanche, c'est un infirmier âgé d'une cinquantaine d'années qui a mis fin à ses jours à son domicile. Travaillant à l'USIP, l'unité de soins intensifs psychiatriques, c'est lui qui avait tenté le 1er février de sauver la patiente qui s'était pendue dans sa salle de bains. Avec la panne du système d'appel d'urgence, il n'avait pas réussi à prévenir ses collègues et donc à éviter la mort de la femme. Selon certains collègues, l'infirmier connaissait également des difficultés personnelles.

Rappels des faits

Le 28 janvier, un infirmier a été poignardé par un patient de l'unité pour adolescents Hubert-Flavigny du centre hospitalier, rappelle-t-on. Après un séjour à l'hôpital, l'infirmier est rentré chez lui en milieu de semaine passée, a indiqué à l'APM le 9 février le directeur, Hubert Meunier. Physiquement, il n'aura pas de séquelles fonctionnelles, a-t-il assuré, soulignant néanmoins le traumatisme psychologique "important" subi par cet agent. Il y aura bien évidemment une plainte et évidemment des réparations, a-t-il précisé. Quant à l'agresseur, un jeune homme de 17 ans, il a quitté l'unité pour adolescents de l'hôpital, mais est toujours en soins au Vinatier, en hospitalisation sous contrainte dans une autre unité, a indiqué le directeur. Cet accident nous rappelle la difficulté de l'exercice médical en psychiatrie, a-t-il également commenté. Toute l'équipe était sous le choc car nous pensions que ce patient allait mieux.

Interrogé sur l'enquête menée par l'agence régionale de santé (ARS) Rhône-Alpes à la demande de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Marisol Touraine, Hubert Meunier a indiqué que deux inspectrices étaient venues dans l'établissement pendant deux jours la semaine dernière. Sans préjuger des conclusions de leur enquête, il a répété que l'agression à l'unité Hubert-Flavigny n'avait rien à voir avec une sur-activité ou un sous-effectif.

Par ailleurs, vendredi 30 janvier et dimanche 1er février, deux patients de l'établissement se sont donné la mort par pendaison dans leurs chambres respectives. Il s'agissait d'un patient détenu de l'unité d'hospitalisation spécialement aménagée (UHSA) et d'une patiente de l'unité de soins intensifs en psychiatrie (Usip), qui est en fait décédée mercredi des suites de cette tentative de suicide. C'est vécu par les équipes comme un échec. Elles ont le sentiment de ne pas avoir vu, de ne pas avoir fait ce qu'il fallait, alors qu'en fait, les médecins le disent, il n'y a pas de prédictivité du suicide, a commenté Hubert Meunier. Je ne veux pas m'avancer sur les rapports d'enquête, mais a priori, il n'y a pas eu de négligence de qui que ce soit dans la surveillance de ces patients. Ils sont passés à l'acte entre deux visites de soignants dans leur chambre. Ils n'avaient pas donné des signes de passage à l'acte, a-t-il assuré. Il a souligné que tous les ans, Le Vinatier enregistrait un certain nombre de tentatives de suicide (17 en 2012, 18 en 2013, 23 en 2014), entraînant "trois à six" décès par an.

Un préavis de grève pour jeudi 12 février 2015

Il est sûr que tous ces évènements et une accumulation sur une petite période mettent tout le monde en ébullition ou en inquiétude, a reconnu le directeur. Dans un communiqué diffusé lundi, la CGT de l'établissement rappelle qu'avec FO, elle a déposé un préavis de grève pour jeudi. Les organisations appellent à manifester devant l'ARS. Une manifestation en direction de la préfecture du Rhône suivra : une délégation sera reçue à midi, annonce la CGT dans son message. Dans un communiqué daté du 2 février, la CGT, FO et l'Unsa appelaient également à une grève institutionnelle à partir de lundi, où les agents sont appelés à ne pas faire tout ce qui n'a aucun rapport avec les soins nécessaires et les patients. Ainsi, les organisations syndicales ne participeront plus aux instances (hormis le CHSCT [comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail] qui concerne directement les conditions de travail et la sécurité du personnel) et les personnels sont appelés à assurer sur leur lieu de travail un service minimum de soin et d'accueil. Par ailleurs, dans le cas de la patiente de l'Usip, la CGT met en cause l'arrêt du dispositif d'appel d'urgence (DAU): Depuis de nombreux mois, nous sommes montés au créneau en demandant qu'il y ait un renforcement des équipes par l'embauche de personnels infirmiers et aides-soignants pendant l'arrêt du dispositif d'appel d'urgence. Non, ce n'est pas la faute à 'pas de chance', c'est la faute à la politique d'austérité qui touche notre hôpital, qui touche tous les hôpitaux, assure-t-elle dans son communiqué. Si le risque zéro n'existe jamais, nous sommes convaincus, et nous militons pour ça, que le renforcement des équipes permettrait de limiter fortement ces tragédies, insiste-t-elle.

Dans le cadre de leur préavis de grève, la CGT et FO réclament la réouverture des 40 lits et des unités fermés à la suite de la construction de nouveaux bâtiments, le renforcement des équipes des centres médico-psychologiques (CMP), des hôpitaux de jour et des centres d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), le recrutement de médecins, de psychologues, d'infirmiers, [d'agents] socio-éducatifs, d'aides-soignants, d'ASH [agents des services hospitaliers], d'ouvriers, de secrétaires médicales, d'administratifs, et la remise en service d'un système de DAU. Interrogé par l'APM sur la demande de réouverture de lits, Hubert Meunier a expliqué que la problématique aujourd'hui en 2015 n'est pas de rouvrir des lits classiques. Ce n'est pas le projet de l'établissement, ce n'est pas la solution au problème. Il vaut mieux avoir moins de lits, mais qui soient plus actifs, a-t-il estimé. On a fermé 40 lits en 2013 dans le cadre du projet de reconstruction. Mais depuis, on a par ailleurs augmenté le nombre de lits au service des urgences et on a ouvert, en mai 2014, 10 lits d'UHCD [unité d'hospitalisation de courte durée] sur lesquels sont déjà passés plus de 300 patients, dont moins de 20% ont été réhospitalisés depuis. Cela n'annule pas toutes les difficultés, mais c'est déjà une réponse forte à la problématique que l'hospitalisation en psychiatrie ne doit pas être la fin du parcours, mais un moment du parcours de soins, a-t-il insisté auprès de l'APM.

Dans un courriel aux quatre organisations syndicales de l'établissement (CGT, FO, Unsa, CFDT) daté du 29 janvier, dont l'APM a eu copie, Hubert Meunier explique aussi, concernant la question du renfort de personnel, que compte tenu des contraintes financières nationales et en matière de santé 10 milliards d'euros d'économies à réaliser sur la santé dont trois milliards sur trois ans sur les seuls hôpitaux, il est utopique de penser qu'il serait possible d'obtenir des moyens nouveaux, toutes choses égales par ailleurs. Ce n'est qu'en développant des projets nouveaux, conformes aux orientations politiques nationales et régionales, que nous pourrons espérer des moyens nouveaux, assure-t-il. Il explique aussi que l'extrahospitalier (CMP, CATTP, hôpitaux de jour) devrait être un des axes majeurs de notre projet médical et d'établissement 2015-19.

Trop de dysfonctionnements pour le DAU

Enfin, concernant le DAU, devant l'augmentation des dysfonctionnements constatés sur ce système depuis sa mise en oeuvre à l'UMD [unité pour malades difficiles] et son extension sur l'ensemble de l'établissement (hors UHSA), considérant qu'en l'état actuel nous n'étions pas en mesure de certifier de son bon fonctionnement, j'ai pris la décision, en toute responsabilité, de l'arrêter, affirme le directeur dans le courriel. Le système DAU ne sera remis en fonctionnement que lorsque je pourrai assurer à tout agent que son appel sera bien acheminé en cas de déclenchement de sa part, poursuit-il. Sur ce sujet, un expert a été désigné par le tribunal administratif, qui a rendu des premières conclusions dans lesquelles il relevait que la mission confiée par le juge était trop restreinte puisque les dysfonctionnements vont au-delà de l'appareil lui-même, a expliqué Hubert Meunier à l'APM. Le juge a étendu le champ de sa mission -le jugement a été rendu le 19 janvier et on en a reçu notification le 26, a-t-il précisé. Une première réunion entre l'expert et toutes les parties prenantes, dans ce nouveau cadre, est programmée lundi 9 mars. Une procédure de substitution, moins performante mais au moins fiable est actuellement utilisée, a-t-il précisé.


Source : infirmiers.com