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Stérilisation des dispositifs médicaux: vers une professionnalisation des agents

Publié le 05/02/2009

"Nous avons retenu comme sujet l'homme au coeur de la stérilisation. C'est un sujet essentiel, même s'il surprend certains", a indiqué mardi Bernard Charles, président fondateur du Centre d'études et de formation hospitalières (CEFH) qui organise ces Journées, lors d'une conférence de presse de présentation du programme.

Ces journées, qui se tiendront les 8 et 9 avril à Marseille, réunissent plus de 2.000 participants, médecins, chirurgiens, pharmaciens, directeurs d'hôpitaux, ingénieurs biomédicaux, infirmiers, personnel soignant, techniciens, chercheurs du monde hospitalier public et privé.

"Cela fait des années que l'on parle des équipements, des locaux. On arrive à un tournant concernant les équipes, avec des difficultés de recrutement de plus en plus fréquentes", a détaillé Brigitte Faoro (CHU de Montpellier), coordonnateur scientifique des Journées.

Ces difficultés sont dues au fait que le personnel de stérilisation n'est pas forcément un personnel dédié et qu'il existe un grand turn-over. "Les agents de stérilisation sont des aides-soignants formés sur le tas", a-t-elle expliqué.

Avec la technicité plus importante du process de stérilisation et du matériel à traiter et compte tenu de l'éloignement des stérilisations centrales des blocs opératoires, une formation de six mois à un an est nécessaire. Il faut donc pouvoir fiabiliser le personnel pour amortir cette formation mais souvent les aides-soignants qui ont voulu venir en stérilisation, souhaitent pouvoir ensuite retourner auprès des patients.

"Nous voulons évoluer vers la professionnalisation des agents de stérilisation", a indiqué Brigitte Faoro.

Au sein de l'Association française de stérilisation (AFS), "nous avons travaillé sur la formation de base nécessaire et nous avons abordé le recrutement. Nous voulons mettre en exergue un certain nombre d'éléments. Les agents sont souvent mal reconnus dans l'hôpital. Il faut trouver des moyens pour faire reconnaître cette formation poussée en termes de spécialisation et sur le plan financier", a-t-elle ajouté.

"Nous y réfléchissons depuis deux-trois ans et nous sommes maintenant à maturité pour dire les besoins, définir les profils de postes et travailler sur le management des équipes", a-t-elle poursuivi.

UN MANQUE DE RECONNAISSANCE

"La démarche que nous initions se heurte à des difficultés. C'est à contre-courant car le ministère est très opposé aux filières par crainte d'avoir des agents trop spécialisés plus difficiles à redéployer. Cependant, il y a des métiers à l'hôpital et la polyvalence ne satisfait pas tous les problèmes", a complété Bernard Certain (hôpital Cochin-Saint-Vincent-de-Paul, Paris, AP-HP), co-organisateur.

Par exemple, en cas d'absentéisme, il est très difficile de remplacer au pied levé le personnel.

Cette professionnalisation devient nécessaire devant la complexité grandissante de l'instrumentation chirurgicale à stériliser "qui ne s'acquiert pas en peu de temps au sein de l'équipe" mais qui fait ressortir "un vrai besoin de formation". En outre, ce transfert de connaissances pour la recomposition des plateaux présente l'avantage de libérer du temps d'Ibode (infirmière de bloc opératoire), une profession marquée par la raréfaction.

Le congrès portera également sur la fragilité de ce personnel car le métier est difficile physiquement.

Le turn-over important s'explique aussi par le fait que "l'hôpital reste un des rares endroits où l'ascenseur social fonctionne et une des rares structures qui emploie des agents sans compétences. L'hôpital permet à des agents hospitaliers de devenir cadre. Beaucoup d'agents veulent devenir infirmiers, ce qui entraîne des départs. C'est formidable mais cela s'accompagne d'une obligation de reformer un nouveau personnel", a noté Bernard Certain.

Malgré le refus de faire évoluer ce métier au niveau national, des initiatives locales permettent de répondre à cette demande de professionnalisation comme la formation reconnue au CH d'Orléans ou encore un petit plus financier dans certains établissements parisiens où une dotation complémentaire pour les primes semestrielles a été obtenue pour récompenser les agents ayant suivi des formations pendant cette période.

Pour Bernard Charles, la nouvelle loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) va donner plus d'autonomie aux directeurs généraux, ouvrant la possibilité d'initiatives locales. Or, le souci de la qualité compte beaucoup pour eux, surtout en matière d'infections nosocomiales.

Après cette matinée, les ateliers du mercredi 8 avril traiteront de l'ergonomie du travail et des pathologies professionnelles, de l'organisation du travail du management de la production en stérilisation, de ce que doit faire le personnel de la stérilisation à la réception d'une nouvelle stérilisation et enfin des difficultés liées à l'instrumentation en dentisterie, secteur qui fait l'objet d'une vague d'inspection en ce moment.

LE MATERIEL D'OPHTALMOLOGIE FRAGILE ET DIFFICILE A TRAITER

La matinée de la deuxième journée portera sur le matériel d'ophtalmologie et sa stérilisation. "C'est un matériel difficile, fragile, qui pose des problèmes de traitement et qui est très coûteux", a souligné Brigitte Faoro.

La chirurgie de la cataracte est l'intervention la plus pratiquée avec 500.000 interventions chaque année en France. Les consultations en ophtalmologie nécessitent beaucoup de matériel. De plus, l'oeil est un abord particulièrement opportun pour les infections nosocomiales.

D'autres communications porteront sur la gestion des risques en stérilisation (analyse et maîtrise), sur les produits prionicides et le CHU de Pointe-à-Pitre (La Guadeloupe) présentera l'organisation de sa stérilisation actuellement en travaux.

Les symposiums satellites proposés par des industriels la veille des Journées ont déjà comme inscrits fermes Ancor SPS, Getinge, Dr Weigert, Ecolab, Phacogene, B.Braun et Sterience.

Le CEFH reconduit en 2009 le prix Innoster qui récompense une innovation repérée et choisie par les congressistes sur les stands et le prix CEFH (financé par Alkapharm, Getinge et Amcor SPS) pour distinguer une action réalisée ou en cours de réalisation par une équipe hospitalière sur les thèmes de la stérilisation et innovation, stérilisation et enjeux économiques et organisation des soins et traçabilité. Pour ce prix doté de trois fois 3.000 euros, les dossiers peuvent être envoyés jusqu'à début mars.


Source : infirmiers.com