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GRANDS DOSSIERS

Soins d'hygiène et de confort principaux responsables de douleurs

Publié le 19/10/2015
Toilette patient

Toilette patient

SFETD

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Les douleurs iatrogènes chez les patients en fin de vie sont principalement provoquées par des soins d'hygiène et de confort, réalisés sans analgésie spécifique, selon les résultats préliminaires d'une enquête présentés lors du colloque annuel du Centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD), à Paris.

Les soins d'hygiène et de confort peuvent être pourvoyeurs de douleurs importantes.

Les personnes susceptibles de relever de soins palliatifs sont de plus en plus nombreuses. Soumises à des douleurs liées à la maladie elle-même, elles ont encore à subir des douleurs provoquées par les soins qu'on leur dispense et ces douleurs supplémentaires diminuent la qualité de vie et augmentent l'anxiété, la fatigue, la dépression, pouvant conduire jusqu'au refus des soins, rappellent le Dr Frédéric Maillard de l'hôpital Armand-Trousseau à Paris (AP-HP), responsable du CNRD, et ses collègues dans sa communication. Indissociable des gestes les plus courants, la douleur provoquée par les soins est méconnue des professionnels, parfois considérée comme normale, inévitable, alors qu'au contraire, correctement identifiée, elle peut être prévenue, traitée ou évitée, soulignent-ils.

Dans cette étude, le CNRD a souhaité faire un état des lieux des procédures potentiellement douloureuses pour les patients nécessitant des soins palliatifs ciblés, selon un score PPS (performance palliative scale) inférieur ou égal à 60%, au sein de plusieurs services des hôpitaux Saint-Antoine et Tenon à Paris (AP-HP), de structures d'hospitalisation à domicile (HAD) en Ile-de-France et d'un établissement de soins palliatifs, la Maison médicale Jeanne-Garnier à Paris.

Journée mondiale contre la Douleur : 19 octobre 2015

Communiqué de la SFETD - Comme chaque année, le 3ème lundi du mois d’octobre est consacré à la Journée mondiale contre la Douleur. Cette journée internationale veut sensibiliser le grand public, les professionnels de la douleur et les politiques.

Pour le grand public, il s’agit avant tout de lui faire savoir qu’il ne doit plus avoir peur d’exprimer sa douleur s’il la ressent, de consulter pour cela et surtout de demander une prise en charge adaptée. Ceci dans toutes les situations que ce soit dans la douleur aiguë, notamment aux Urgences, dans les douleurs chroniques quel que soit l’âge, et également dans les situations de douleurs induites lors des soins. Cette année 2015 est dédiée aux douleurs neuropathiques, c’est-à-dire liées à une lésion du système nerveux. 

Pour les professionnels de santé, cette journée est également l’occasion de sensibiliser l’ensemble des professions médicales et paramédicales au dépistage de la douleur dans toutes les situations. C’est également l’occasion d’indiquer qu’il existe des professionnels spécialisés dans la prise en charge de la douleur et qu’il ne faut pas hésiter à faire appel à eux, présents sur tout le territoire en France, dans des centres et consultations de la douleur, qu’il faut connaître et ne pas hésiter à solliciter.

Enfin, cette journée est en direction des politiques et des institutions. Ceci pour rappeler que la prise en charge de la douleur est un combat de tous les jours, qui nécessite, bien sûr, des moyens mais aussi un encouragement à la formation des professionnels de santé, au développement des structures et à leur pérennisation. En effet, dans un contexte d’austérité et de contraction de la démographie médicale, ces structures sont menacées. De grandes avancées ont été réalisées entre les années 1995 et 2010 avec les différents programmes « douleurs ». A l’heure actuelle, il n’existe plus de financement, de programmes spécifiques dédiés à la douleur ni de grands projets gouvernementaux dans ce domaine.

Les résultats préliminaires présentés sont issus uniquement de l'enquête menée un jour donné, sur 24 heures, au sein de cet établissement de soins palliatifs, qui comporte 81 lits d'hospitalisation. L'enquête a été menée auprès de 59 patients âgés de 72 ans en médiane, de 32 à 102 ans. La majorité avait un cancer. Les autres maladies étaient neurologiques, cardiaques et pulmonaires. Ils étaient 84,7% à recevoir un traitement de fond antalgique, principalement de palier 3 (morphinique), 54,2% avaient un traitement anxiolytique (32 patients dont 16 à dose élevée à visée prioritairement sédative) et 23,7% un traitement pour douleur neuropathique.

Au total, 603 gestes ont été réalisés chez ces patients, essentiellement des aides-soignantes et/ou des infirmières, et dans 81,4% des cas, sans analgésie spécifique. Près des trois quarts de l'ensemble des gestes (73,6%) étaient des soins d'hygiène et de confort et parmi les autres figuraient notamment des ponctions/effractions (9%), des actes de kinésithérapie (4,8%), des sondes et aspirations (3,3%) et des pansements (2,7%). Parmi les 112 gestes réalisés avec une analgésie spécifique, il s'agissait aussi principalement de soins d'hygiène et de confort (87,5%).

Dans cette cohorte, plus des deux tiers des patients (67,8%) étaient capables d'autoévaluer leur douleur, ce qui a été toutefois fait pour seulement un peu plus de la moitié des gestes (52,4%). Le soignant a évalué lui-même la douleur sur échelle numérique dans la majorité des cas (88,6%) et sur l'échelle Algoplus (en cas de troubles de la communication verbale) dans 90%. Les auteurs notent l'intérêt de cette échelle chez les patients en soins palliatifs même si elle n'a pas été validée dans ce contexte mais dans les douleurs aiguës. Cette enquête montre qu'en 24 heures, une dizaine de gestes est réalisée par patient. Il s'agit principalement de soins d'hygiène et de confort, souvent rassemblés au moment de la toilette. Il est parfois difficile pour le soignant de les distinguer les uns des autres au plan de la douleur provoquée et donc d'envisager la nécessité d'une analgésie spécifique, commentent les auteurs. Ce peut être un déshabillage ou un repositionnement.

Concernant la fréquence élevée des gestes réalisés sans analgésie spécifique, les auteurs se demandent si, pour les soignants, ces gestes sont considérés comme peu douloureux ou si les patients sont considérés comme suffisamment couverts par un traitement antalgique de fond. Ils relèvent en particulier que 112 gestes étaient douloureux chez 17 patients recevant pourtant à la fois un traitement de fond de palier 3 et une analgésie spécifique. Les soins d'hygiène et de confort sont fréquents et, malgré leur appellation, peuvent être pourvoyeurs de douleurs importantes chez des malades en fin de vie avec un PPS bas. Ces douleurs peuvent être dépistées par l'échelle Algoplus, compris en cas de sédation associée, concluent les auteurs.


Source : infirmiers.com