Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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IDEL

S'il suffisait d'une étincelle…

Publié le 28/06/2016

Il suffit d'une étincelle et c'est toute la profession qui s'embrase et part en guerre tambour battant, mèche allumée. Mais quand la mèche s'éteint et que le soufflé retombe… il se passe quoi ? Un billet explosif - ou pas - de notre blogueuse enflammée La Seringue Atomique...

La Peur !

L'infirmier libéral a peur ! Agrippé au volant de sa voiture, haletant devant son ordinateur, il attend, résigné, le coup de grâce qui l'expédiera, lui et ses congénères, auprès de ses ancêtres les nonnes et autres garde-malades. Cette trouille qui lui tenaille les entrailles n'est pourtant pas spécifique à sa profession. Elle est propre à toute une société tétanisée par la prédiction d'un avenir aussi sombre qu'incertain. L'arrivée sur le marché du soin de nouvelles structures, les restrictions budgétaires en matière de santé mettent en péril le mode d'exercice libéral.

Pour être enfin entendus, il faudra être nombreux, canaliser la colère et profiter de cette énergie pour bâtir un avenir commun..

Menacés dans leur pratique, les infirmiers libéraux sont en pétard ! Les organisations syndicales censées les représenter s'étripent à la foire d'empoigne dans des luttes vaudevillesques. Les plus vindicatifs prêchent, le plus souvent seuls ou en petit comité, une cause à la fois désespérée et désespérante. Au final, la profession voit son coefficient déprime grimper de façon vertigineuse. Il suffit, d'ailleurs, d'une étincelle et c'est toute la profession qui s'embrase et part en guerre tambour battant, mèche allumée. La mise en garde à vue d'une infirmière du Jura pour le motif de non inscription à l'Ordre National des Infirmiers (ONI) est le dernier épisode en date qui secoue la toile depuis plusieurs jours. Malgré un communiqué de l'ONI qui stipule que les faits reprochés à ce soignant sont d'un autre ordre, la colère gronde parmi les soignants qui considèrent ces pratiques conmme une chasse aux sorcières et une forme d'acharnement envers toute une profession.

Pourtant ces prémices d'une révolte qui naît dans la précipitation ressemblent plus à des pétards mouillés puisqu'on ne connaît ni les tenants, ni les aboutissants de cette affaire. Une chose est certaine, ce type d'évènement à répétition pourrait être la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

La Colère !

L'infirmier libéral va mal ! Ce qu'il lui faudrait, c'est un bon mouvement social, une action qui ait de l'allure et qui rallume le feu sacré, une grève avec des banderoles, une manifestation d'ampleur nationale, des haut-parleurs, des chanteurs has been et des flonflons . Mais pour atteindre cet idéal, il est nécessaire d'avoir une volonté de se rassembler autour de causes communes.  Le mode d'exercice isolé propre à sa profession ainsi que l'obligation de continuité des soins sont des handicaps certains pour qui ambitionne une union. Contrairement à l'entreprise où les employés se connaissent, fréquentent le même lieu et partagent du temps ensemble, le monde des infirmiers libéraux est une sphère autistique où chacun évolue dans un monde à la dimension de son pré carré. La colère prend alors des allures de soufflé manqué et se dilue dans un flot de revendications qui demeurent lettre morte.

Cependant, les réseaux sociaux commencent à modifier les comportements. L'infirmier n'est plus seul, il cherche son alter ego, s'informe et communique avec ses semblables. De cette ouverture au monde naissent des idées. Des voix s'élèvent, des collectifs se créent et ce ne sont plus seulement des infirmiers qui s'unissent mais différentes catégories de professionnels de santé qui, jusque là, vivaient en vase clos. Ils ne sont plus étrangers l'un à l'autre, se découvrent et pourraient un jour envisager une union qui donnerait plus de poids à leurs revendications communes. Le patient lui aussi, est en droit de pester. La dégradation des prises en charge en matière de soins n'est pas étrangère à sa colère. Les millions de patients de ce pays pourraient apporter un soutien inespéré à un mouvement social d'ampleur nationale. Pour être enfin entendus, il faudra être nombreux, canaliser la colère et profiter de cette énergie pour bâtir un avenir commun. Pour éviter que le soufflé ne retombe, il sera aussi nécessaire de mettre nos ego de côté.


Ce billet de la blogueuse IDEL La Seringue Atomique a été publié le 25 juin 2016. Merci de ce partage.


 


Source : infirmiers.com