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"S’il n’y avait qu’une image..." : le beau projet d'une infirmière/photographe

Publié le 24/03/2016
crédit photo Hélène Maury

crédit photo Hélène Maury

Hélène Mauri, bénévole d’action de ASP-Fondatrice, remporte pour son projet « S’il n’y avait qu’une image » le Prix Spécial Infirmier Any-d’Avray 2016 . Merci à l'Institut Curie pour le partage de cet article.

Marie, 75 ans - « Je voudrais la photographie d’un arbre, un chêne de préférence, c’est tellement beau... »

« S’il n’y avait qu’une image… »  C’est la question que pose depuis mars 2015 Hélène Mauri à certains patients hospitalisés en service d’oncologie, notamment en soins palliatifs à l’Institut Curie. Cette jeune infirmière est photographe et bénévole d’action de l’association ASP-Fondatrice, qui milite pour le développement des soins palliatifs. Depuis tout juste un an, elle rencontre ainsi des patients, se met à leur écoute avec une démarche inédite en leur demandant quelle serait la photographie qu’ils aimeraient voir, avoir et qui leur ferait plaisir.

Ces personnes malades font souvent face à la fois à des douleurs physiques, psychologiques, parfois aussi spirituelles et culturelles. Elles ont la liberté de demander n’importe quelle photographie (paysage, portrait...). Suite à cette demande, je propose d’aller faire cette photographie quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, explique Hélène Mauri. Et je reviens leur offrir un tirage de cette image que nous accrochons souvent au mur de leur chambre d’hôpital ou disposons sur leur table de nuit.

Au-delà de l’émotion procurée par la photo reçue, la nature de la photo varie d’un patient à l’autre. Selon leurs vécus, leurs cultures apportant diversité et richesse au projet : c’est en lien avec un souvenir, avec l’enfance, un repère du quotidien perdu, une image pour revoir quelque chose ou quelqu’un, pour échapper à l’isolement ou bien encore un substitutif à ce que les patients n’ont pas pu voir ou faire. Le choix d’une seule image représente un retour à l’essentiel d’une photographie qui est réellement importante et qui a du sens pour eux, constate la jeune femme. Cette forme d'accompagnement original associe écoute, engagement et art thérapie, poursuit le Dr Carole Bouleuc, chef du département de soins de support à l’Institut Curie. Pour les patients, c’est un soutien bienveillant, généreux, positif et… artistique.

Robert, 65 ans

J'aimerais une photographie d'une cascade. Il y a une forêt autour de cette cascade et en face une vallée. Elle se situe prè de la ville d'Amélie-lès-Bains, c'est une ville près de Perpignan. J'y suis allé plein de fois en vacances. Quand je fais des "visualisations" qand je suis décontracté, je visualise cet endroit dans lequel je me sens bien. J'extrais ma tumeur et je la jette dans le torrent qui suit cette cascade.

Elle se situe plus précisément à Arles-sur-Tech. J'y suis allé quand j'étais gamin et ensuite j'ai amené toutes les personnes que j'aimais là-bas. L'endroit est resté intact depuis que je suis petit. Récemment j'ai rencontré par hasard une personne qui connaissait aussi cet endroit, pourtant, il est difficile d'accès.

Il y a un circuit de grande randonnée qui passe à côté, peu touristique. Pour y aller, il faut traverser le village, dépasser la gendarmerie, puis il faut tourner un peu à gauche, on tombe alors dans une zone de pâturages et il y a une forêt. A côté, il y a un torrent à se qui devient ensuite un chemin. C'est le GR 10 entre Biarritz et Perpignan. Il ne faut pas y aller quand il pleut mais plutôt quand il fait chaud pour pouvoir se baigner au bord de la cascade, c'est un peu comme une baignoire.

Au-delà de son côté novateur, ce projet lumineux allie soins infirmiers et art photographique. Les photos sont magnifiques ! L'écoute doit être parfaite pour arriver à ce résultat, reprend Sylvie Arnaud, directeur des Soins à l’Institut Curie. A chacun de ses passages, Hélène apporte un bol d'air frais aux malades en les faisant voyager, réalisant leur rêves, simples et grands en même temps, poursuit Narayani Subramanian, cadre de soins au Département d'oncologie médicale. Elle ne réfléchit pas au temps consacré mais au plaisir qu'elle peut apporter. Son écoute est indéniable car ce qu'elle produit par la suite est incroyable avec le sourire et l'apaisement qu'elle leur a apportés.

Hélène Mauri vient une fois par semaine dans les services hospitaliers parisiens de l’Institut Curie. Les infirmières et aides-soignantes identifient les patients susceptibles de vouloir participer selon leur temps d’hospitalisation et leur état de santé. Une fois les souhaits recueillis, elle va - sur son temps encore libre - chercher l’emplacement pour prendre la photo demandée. Ses frais sont désormais couverts pour quelque temps par la dotation octroyée par la Fondation Dominique et Tom Alberici, qui va également lui permettre de publier un livre regroupant chaque image avec le prénom du patient, son âge et le texte de sa demande.

Le jury de la 22e édition du Prix Infirmier a reconnu la qualité de ce travail inédit et l’intimité qu’il suppose en lui décernant un prix Spécial. Créé en 1994, le Prix Infirmier Any-d’Avray récompense, encourage et soutient les projets utiles et innovants d’équipes infirmières, destinés à améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer.

« S’il n’y avait qu’une image » est l’un des quatre projets récompensés le 19 mars 2016 aux côtés de celui de l’infirmière Louise Massing-Flouet, du Département d’oncologie médicale de l’Institut Curie, lors des Rencontres infirmières en oncologie (RIO) organisées par l'Association française des infirmières en cancérologie (AFIC). Le patient peut s'évader via sa photo et donc prendre un peu de distance par rapport à son contexte de maladie ou reboucler sur sa vie..., conclut Sylvie Arnaud.

Nathalie OUDAR  Institut Curie

Merci à l'institut Curie pour le partage de cet article.


Source : infirmiers.com