Une étude marseillaise rappelle que c'est la meilleure protection contre une maladie dont le risque de survenue est multiplié par 13 chez les professionnels de santé.
Elisabeth Botelho-Nevers, du pôle des maladies infectieuses de l'AP-HM (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille), et ses collègues ont émis des recommandations dans Eurosurveillance sur la vaccination contre la rougeole des professionnels de santé, après avoir été confrontés à 14 cas entre avril et novembre 2010. Tous ces cas, sauf un, étaient âgés de moins de 30 ans. Le statut vis-à-vis de la vaccination contre la rougeole était disponible pour 10 de ces professionnels de santé : six n'étaient pas vaccinés et quatre n'avaient reçu qu'une seule dose de vaccin lorsqu'ils étaient enfants.
La vaccination contre la rougeole est recommandée pour les professionnels de santé, mais pas obligatoire (les auteurs de l'étude rappellent que le risque d'attraper la maladie est 13 fois plus élevé chez eux qu'en population générale - ndlr Infirmiers.com). Au moins huit cas de rougeole parmi les professionnels de santé auraient pu être évités si les recommandations nationales avaient été appliquées, soulignent les chercheurs. A leur connaissance, aucune transmission de professionnel de santé à patient n'est survenue. Elle ne peut cependant être exclue, notamment en raison de la période d'incubation prolongée de la rougeole, même si une prophylaxie post-exposition par immunoglobulines a été administrée aux patients immunodéprimés, soulignent-ils.
D'avril à novembre 2010, 108 cas de rougeole ont été diagnostiqués à l'AP-HM. Après la notification du premier cas de rougeole parmi les professionnels de santé, une enquête sérologique a été menée auprès de professionnels de santé volontaires travaillant dans des services à risque élevé de contagion tels que les services de maladies infectieuses, d'urgences, de pédiatrie, de maternité, d'oncologie. Un total de 154 professionnels de santé ont participé à l'enquête, soit un taux de participation de 42,4%.
Le taux de professionnels présentant une sensibilité à la rougeole était de 6,5% et celui pour les oreillons, de 11,7%. L'absence d'immunité contre la rougeole (naturellement acquise ou par la vaccination) était significativement associée à un plus jeune âge. La sensibilité aux oreillons était aussi plus élevée chez les professionnels de santé plus jeunes. Un quart des professsionnels de santé ne connaissaient pas leur statut vaccinal vis-à-vis de la rougeole et un tiers pour les oreillons.
Lors de cette épidémie, une vaccination post-exposition a été réalisée dans les 72 heures après l'exposition suivant les recommandations, mais cette mesure n'a pas permis d'éviter la transmission de la rougeole dans deux cas. Ainsi tous les professionnels de santé sensibles à l'infection et exposés ont dû rester chez eux même si des mesures de prophylaxie ont été entreprises, notent les chercheurs.
Ils estiment que les professionnels de santé âgés de moins de 30 ans, quel que soit leur emploi, devraient faire l'objet d'une analyse de leur taux d'anticorps contre la rougeole. Tous ceux qui sont sensibles à l'infection devraient être rapidement vaccinés. Cette vaccination devrait être mise en place dans les hôpitaux par la médecine du travail durant l'examen médical avant le recrutement mais aussi par la médecine préventive avant l'entrée dans les écoles de médecine ou d'infirmières, ajoutent-ils. Ils suggèrent que les professionnels de santé refusant la vaccination devraient être écartés des soins pour les patients immunodéprimés.
Vaccin ROR et autisme (ndlr Infirmiers.com)
Deux papiers du BMJ (British medical journal) publiés début janvier 2011 sont revenus sur l'étude publiée en 1998 par le Lancet (un journal médical de référence) établissant un lien entre la vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (ROR) et l'autisme. Dix ans plus tard, le journal retirait l'article, signé par le Dr Wakefield, au motif que les travaux de ce chercheur étaient "malhonnêtes" et "irresponsables".
Dans le BMj, le journaliste Brian Deer montre non seulement comment le Dr Wakefield a fraudé, mais aussi qu'il a été payé pour le faire ! par des responsables d'une ligue antivaccinale. Il voulait de plus promouvoir un vaccin "sûr" développé par une compagnie dirigée par sa femme ... Rappelons qu'en Grande-Bretagne, les campagnes médiatiques contre la vaccination ROR ont été de même ampleur que celles menées en France contre la vaccination contre l'hépatite B, aux conséquences graves en termes de morbi-mortalité.
Références :
- Brian Deer. How the case against the MMR vaccine was fixed. BMJ 2011; 342:c5347
- Brian Deer. How the vaccine crisis was meant to make money. BMJ 2011; 342:c5258
Webographie
- Eurosurveillance, 13 janvier, vol.16, n°2, 5 pages
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