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Saturation des services de réanimation : Roselyne Bachelot diligente une enquête

Publié le 30/12/2008

L'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) a mis sur le compte de la saturation des services de réanimation en Ile-de-France le décès dimanche matin de cet homme de 60 ans, dimanche soir dans un communiqué.

Roselyne Bachelot a notamment demandé que soit reconstitué le parcours du patient depuis sa prise en charge par le Samu jusqu'à son décès.

Elle a également demandé un "état des lieux précis" du nombre de lits de réanimation disponibles en Ile-de-France dans la nuit de samedi à dimanche.

La ministre rendra publiques les conclusions de cette enquête dès qu'elle sera à sa disposition et devrait s'exprimer lundi "dès que les premiers éléments sur cette affaire lui auront été communiqués".

L'agence régionale de l'hospitalisation d'Ile-de-France (Arhif) a précisé lundi à l'APM les premiers éléments sur le déroulement des évènements ayant conduit au décès du patient.

L'homme souffrant de détresse respiratoire a appelé dans la nuit de samedi à dimanche le Samu 91, qui a mobilisé le Smur de Longjumeau (Essonne). Le Smur est resté trois heures sur place pendant que le Samu cherchait une place en réanimation. Aucune place n'ayant été trouvée, le patient a été transféré à l'hôpital de Longjumeau, qui ne disposait pas de lits de réanimation, afin d'être pris en charge dans la salle de déchocage aux urgences.

Le patient a alors été atteint d'une pathologie cardiaque et son état a nécessité une coronarographie. Un lit de réanimation a été trouvé à Bichat (Paris, AP-HP) mais l'hôpital demandait d'abord une coronarographie qu'il ne pouvait pas effectuer dans ses locaux. Finalement, le patient a été transféré vers l'hôpital Lariboisière (Paris, AP-HP) pour y recevoir cet examen mais est décédé lors de ce transfert.

L'Arhif a confirmé lundi que la semaine dernière, il y avait une "relative tension" au niveau des lits de réanimation.

Contacté par l'APM, la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) de l'Essonne a observé que le nombre de lits disponibles était tombé à cinq pour l'ensemble du département ce week-end, c'est-à-dire à un niveau "un peu limite", alors qu'en période normale, il est d'une vingtaine et qu'à partir de huit ou dix lits disponibles, la situation est déjà considérée comme tendue.

Des tensions sur les urgences et les lits de réanimation avaient été constatées dans l'Essonne dès mercredi ce qui avait conduit la Ddass 91 à appeler les établissements de santé à la vigilance et à prendre toutes les dispositions possibles pour fluidifier la prise en charge en réanimation.

La Ddass 91 a indiqué qu'elle refaisait un point lundi matin sur la situation du département.

AUCUNE RESERVE DE SECURITE EN HIVER, SELON LA SRLF

Dans un communiqué, le président de la Société de réanimation de langue française (SRLF), Bertrand Guidet, souligne qu'en période hivernale, des situations de "flux tendu" sont régulièrement constatées dans les services hospitaliers.

"Les hôpitaux n'ont aucune réserve de sécurité et l'ensemble des filières sont 'grippées'", dénonce-t-il. "Il est donc indispensable de libérer des places de réanimation et donc de pouvoir transférer les patients des services de réanimation vers les services classiques de l'hôpital".

Bertrand Guidet pointe par ailleurs le retard d'application des décrets qui régissent la réanimation et la mise aux normes, "puisque près de la moitié des services de réanimation français ne sont pas en situation réglementaire, bien que les décrets soient applicables et opposables depuis avril 2007".

"En outre, les réformes de financement des hôpitaux font courir un risque important de sous-dotation des unités de réanimation", ajoute-t-il.

UNE REPONSE IMMEDIATE DEMANDEE PAR LE PS


Suite au décès du patient, la secrétaire nationale du parti socialiste en charge de la santé et de la sécurité sociale, Mireille le Corre, réitère des demandes à Roselyne Bachelot, que le PS avait déjà formulées le 20 décembre.

Elle demande notamment qu'une "réponse immédiate" soit apportée à la situation des services d'urgences en période de fêtes, que toute la lumière soit faite sur "les évènements tragiques qui viennent de se dérouler dans le cadre de l'hôpital" et que soient reprises à la rentrée une concertation approfondie avec les personnels concernés afin de "revoir les projets en cours".

"Les personnels hospitaliers n'ont pas besoin de la compassion de leur ministre ou de ses seules visites de courtoisie dans les hôpitaux les jours de fête. Ils ont besoin de moyens leur permettant d'exercer leur mission avec la qualité et la réactivité nécessaires, là où des vies sont en jeu", ajoute Mireille le Corre.

IL FAUT CENTRALISER LES FERMETURES DE LITS, POUR L'UMP

Dans un communiqué, le Pr Philippe Juvin, secrétaire national de l'UMP et chef du service des urgences de l'hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine, AP-HP), met en garde contre la "récupération politicienne" autour du décès du patient.

Pour lui, "affirmer que ce décès est dû à un manque de moyens est incroyablement malhonnête, surtout que ce cas tragique est probablement plus compliqué qu'il n'y paraît".

"L'hôpital ne manque pas de moyens: ceux-ci sont en réalité considérables", en particulier ceux des Samu, "qui ont été très bien dotés ces dernières années", ajoute Philippe Juvin.

Il estime que le problème réside dans le manque de pilote à l'hôpital, problème qui, selon lui, devrait être résolu dans la future loi hôpital, patients, santé et territoires (HPST). "Par exemple, aussi incroyable que cela puisse paraître, personne ne centralise aujourd'hui les fermetures de lits pendant les vacances. Chaque hôpital décide dans son coin. Sans se préoccuper des besoins de la population et de ce que fait l'hôpital voisin", explique-t-il.

Philippe Juvin recommande de mettre en place un pilotage régional "pour que tous les hôpitaux ne ferment pas leurs lits en même temps et pour que la sécurité des Français soit assurée sans trou dans l'organisation".

"On sait que les Samu n'ont aucun moyen d'imposer un malade dans une réanimation qui n'en voudrait pas, même si celle-ci a des lits disponibles: est-ce acceptable?", s'interroge-t-il par ailleurs.


Source : infirmiers.com