Santé mentale des Français : la feuille de route de François Braun

Le gouvernement souhaite la montée en charge des dispositifs de lutte contre le suicide, avec des actions ciblées pour les personnes âgées et les enfants et adolescents. Au mois de décembre 2022, le programme Vigilans de prévention de la récidive suicidaire était déployé dans 17 régions et 92 départements. Celui-ci se poursuit. Objectif : étendre sa couverture départementale. Selon une étude récente, Vigilans aurait ainsi déjà empêché 40% des récidives. Le ministère envisage donc d'adapter ce dispositif aux personnes âgées, par exemple avec une prise de contact à partir d'autres critères qu'une tentative de suicide, par exemple en cas de repérage d'un risque suicidaire élevé au cours d'une hospitalisation, à la suite du décès du conjoint, ou encore à l'entrée en Ehpad.

Du côté des enfants et adolescents, une population également très à risque, le ministère signale qu'une expérimentation de maisons de l'enfant et de la famille est prévue pour vingt-quatre mois (2023-2025). Pilotée par la DGS, elle sera conduite en Corse, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Par ailleurs, le ministère a poursuivi l'objectif d'installer au moins une maison des adolescents dans chaque département et de renforcer les maisons déjà en activité. Une enveloppe annuelle de 10,5 M€ est prévue à cette fin sur 2023-2026 (contre 5 M€ en 2022). L'exécutif signale également l’ouverture récente de maisons des adolescents en Ardèche et dans l'Aisne, ainsi que deux ouvertures (en Lozère et dans l'Oise) programmées début 2023. À ce jour, 122 maisons sont recensées : elles ont reçu 100 000 jeunes et familles, à raison de 850 situations accompagnées par structure par an. 

Mon parcours psy

Plusieurs actions visent aussi à garantir un parcours de soins coordonnés, en commençant par faciliter l'accès à ces soins. Bien que décrié par de nombreux psychologues, le dispositif «Mon parcours psy» qui permet d'obtenir huit séances entièrement remboursées a largement été utilisé. Lancé il y a moins d'un an, plus de 90 000 patients en ont déjà bénéficié. Le gouvernement envisage à présent de donner la possibilité aux sages-femmes d'envoyer leurs patientes vers des psychologues, lorsqu'elles repèrent des signes de dépression post-partum. 

Inclusion 

Le troisième grand objectif de la feuille de route en psychiatrie et santé mentale vise à mieux inclure les personnes touchées par un trouble psychiatrique. Différentes actions sont programmées en ce sens sur les prochaines années. Elles visent notamment le soutien à la pair-aidance*

Le ministère a par ailleurs fait un point sur l’extension du dispositif «Un chez soi d’abord» qui vise spécifiquement des personnes sans domicile présentant des pathologies psychiatriques sévères. Pérennisé sous la forme «appartement de coordination thérapeutique (ACT) Un chez-soi d'abord» en 2017, le déploiement de ce dispositif entre 2018 et 2022 a permis d'ouvrir trente-deux sites pour 2 570 places en France métropolitaine et sur deux territoires ultramarins. À fin 2022, 66% des places autorisées étaient pourvues et la fin de la montée en charge des sites est prévue à fin 2024. Une expérimentation «Un chez-soi d’abord jeunes» a aussi été lancée sur Lille (Nord) et Toulouse (Haute-Garonne), à raison de cinquante jeunes par site, pour quatre ans. 

Dans les prochains mois, le ministre de la Santé souhaite également, notamment, mettre l'accent sur les publics précaires : 500 psychologues et infirmiers seront recrutés pour intervenir dans les lieux d'hébergement et d'accueil.

*Le principe de pair-aidance repose sur l'entraide entre des personnes étant ou ayant été atteintes d'une maladie psychique, pour soutenir et rendre autonomes les patients en santé mentale.