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Santé des nouveaux-nés : enjeu de santé publique mondial

Publié le 08/11/2017
Pied nouveau-né

Pied nouveau-né

Evolution de la mortalité infantile Ile de la Réunion depuis 50 ans

Evolution de la mortalité infantile Ile de la Réunion depuis 50 ans

Alors que les Nations Unies publient un rapport sur la situation mondiale en terme de mortalité infantile, les premiers résultats de l’enquête nationale périnatale 2016 ont été publiés par la Drees et l’Inserm. Les deux rapports permettent de montrer que malgré une évolution globalement positive, la santé des nouveaux-nés reste un enjeu majeur de santé publique et que de nombreux efforts restent encore à faire en France et dans le monde.

7000 nouveau-nés meurent chaque jour malgré une baisse constante de la mortalité des moins de 5 ans.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de décès d’enfants de moins 5 ans dans le monde n’a jamais été aussi bas (5,6 millions en 2016, contre près de 9,9 millions en 2000). Cependant, la proportion relative de la mortalité néonatale (dans les 28 premiers jours de vie) augmente avec près de 46 % des décès avant 5 ans, contre 41 % en 2000. C’est donc 2,6 millions de nouveaux-nés qui meurent dans les 28 premiers jours de vie et 2,6 millions de mortinaissances chaque année, dont 50 % après le début du travail. (cf. graphique fin article : mortalité néonatale, mortinaissance, de quoi parle-t-on ?).

L’OMS alerte ainsi sur la situation de près de 30 millions d’enfants qui mourront dans les 28 premiers jours de vie d’ici à 2030 si rien n’est fait, principalement en Asie du sud (39%) et en Afrique subsaharienne (38%). Pourtant, 75% de ces décès pourraient être évités avec des soins de qualité et des interventions de santé publique “simples et économiques”, affirme l’OMS. Les principales causes de ces décès sont actuellement la prématurité, les complications pendant l’accouchement et les infections graves.

L’OMS demande un investissement plus important des états dans les soins dispensés aux mères et aux nouveau-nés pendant le travail, au moment de la naissance et au cours de la première année de vie. Selon l’OMS, l’investissement nécessaire représente 1,15 US$ par personne.

Rappelons qu’un des objectifs de développement durable fixé par les Nations Unies est de mettre un terme aux décès évitables de nouveau-nés d’ici 2030. Sans investissements supplémentaires, l’OMS considère que plus de 60 pays dans le monde n’atteindront pas cet objectif.

La situation des nouveaux-nés en France est bien sûr globalement plus satisfaisante. Cependant si l’on se replace dans le contexte des pays dits « développés », on peut exprimer quelques inquiétudes. La Drees et l’Inserm viennent en effet de publier les résultats de l’enquête nationale périnatale 2016, permettant de donner un aperçu de la situation des naissances en France et l’organisation des soins dans les maternités. Cinq enquêtes de ce type ont déjà eu lieu depuis 1995. L’évolution des différents indicateurs correspond en partie à l’évolution de notre société. Ainsi, les facteurs de risque tels qu’un âge maternel élevé (35 ans ou plus), le surpoids et l’obésité ont augmenté depuis 2010 de 2 à 3 %, et la consommation de tabac durant la grossesse n’a pas diminué (17%).

L’allaitement exclusif pendant le séjour en maternité s’est également dégradé puisqu’il est passé de 60 % à 52 %. Le taux de prématurité à quant à lui augmenté, ce qui peut toutefois être le signe d’une meilleure prise en charge médicale puisque les prématurés sont pris en charge de plus en plus tôt. Globalement, les chiffres sont moins bons en Outre-Mer qu’en France métropolitaine.

Des points positifs sont toutefois remarqués : si le nombre de maternités continue à diminuer (517 en 2016), cela va de pair avec une augmentation du nombre de services ayant en permanence sur place un obstétricien, anesthésiste ou pédiatre, donc une meilleure sécurité. La prise en charge de la douleur s’est également améliorée et 88 % des femmes se disent satisfaites de ce qui leur a été proposé pour gérer la douleur et les contractions. Enfin, les recommandations de bonnes pratiques sont mieux suivies (diminution des épisiotomies, du taux de césarienne, approche moins médicalisée).

Rappelons enfin les derniers résultats publiés cet été de l’étude EPIPAGE 2 qui ont montré une nette amélioration de la survie des enfants nés prématurément et une nette diminution des séquelles cérébrales à 2 ans. Pour autant les efforts doivent s’intensifier sur le suivi périnatal, les soins de développement et le soutien à l’allaitement, en faisant appel à des professionnels formés spécifiquement à ces problématiques.

Barbieri Magali, Catteau Christine, « L'évolution de la mortalité infantile à la Réunion depuis cinquante ans », Population, 2003/2 (Vol. 58), p. 229-251. DOI : 10.3917/popu.302.0229.

Charles EURY   Infirmier puériculteurPrésident de l'ANPDE,Membre du comité de rédaction d'infirmiers.com  president@anpde.asso.fr


Source : infirmiers.com