La Fédération Île de France de FO santé nous communique son diagnostic et ses recommandations pour la santé des salariés hospitaliers d’Île de France.
La santé au travail des salariés hospitaliers est une problématique qu’il nous faut traiter si l’on ne veut pas que les indicateurs d’alerte qui sont préoccupants aujourd’hui ne deviennent catastrophiques demain.
Tout d’abord, la prévention des risques professionnels et de la santé des travailleurs hospitaliers doit être considérée comme un investissement et non comme une simple dépense de fonctionnement. Payer un agent en bonne santé qui travaille à l’hôpital vaut mieux que de le voir malade chez lui.
Cette simple évidence ne convainc déjà pas tous les acteurs, ce qui démontre l'importance des écarts qui peuvent exister entre le discours, les textes et la réalité et la nécessité d’une réelle campagne d’information sur les effets très positifs d’une bonne santé au travail.
La situation à l’hôpital n’est pas brillante. Les milliers d’emplois supprimés, les repos ou congés reportés, les plannings non respectés, les prolongements de journée au-delà des 10 heures, 12 heures, voire 14 heures par absence de relève, épuisent les personnels hospitaliers. Les accidents de travail, les maladies professionnelles, et les arrêts pour maladie ordinaire augmentent.
Les charges deviennent insupportables pour les agents, ingérables pour les établissements, humiliantes pour les personnes hospitalisées. Les violences à l’encontre des personnels se multiplient, le malaise s’enracine, les personnels de santé se démotivent.
L’inadéquation entre les besoins et les moyens devient source de troubles psychosociaux qui eux même encouragent les troubles musculo-squelettiques.
Ce n’est pas toujours une question de moyens, nous en convenons ! Il y a aussi quelques égarés qui ordonnent, imposent, harcèlent comme si la gravité de la situation n’était pas suffisante. Ils ajoutent de l’autorité là ou il faudrait de l’accompagnement.
Il est souvent reproché la mauvaise organisation de l’hôpital, des pôles, des services. Ce temps est révolu. Les cadres hospitaliers de proximité subissent la triple contrainte du service au malade, du manque de personnel et de moyens pour y répondre, et des objectifs imposés qui sont inaccessibles. Eux-mêmes sont touchés par les troubles psycho-sociaux.
Les conséquences
Le taux d'absentéisme à l'hôpital a progressé de 20% pour atteindre 9,7 % en 2003 et 10% aujourd’hui, observe Dexia Sofcah (filiale de Dexia crédit local, en charge de l'assurance statutaire des établissements hospitaliers).
Ce taux de 10% équivaut, pour une structure de 1000 agents, à 100 agents absents en permanence sur l'année.
Selon les chiffres de Dexia, une simple transposition sur le million d’agents hospitaliers porte ce chiffre à 100.000 agents par jour (10%).
Le coût d'une journée non travaillée est évalué à 171 € pour une IDE et de 145 € pour une AS, ce qui ouvre une marge conséquente, surtout si on prend en compte les charges induites par les remplacements (intérim, heures supplémentaires, voire CDD).
Ainsi l’absentéisme coûterait chaque année à l’hôpital plus de 4 milliards d’euros (10% de dépenses sur les 65% que représentent les charges de personnels cela représente 6,5% des dépenses hospitalières soit environ 4 milliards d’euros)
L’étude poursuit en indiquant que les absences au travail pour motif médical ont un impact non seulement sur la gestion des ressources humaines, mais également sur le budget des établissements, puisque ce sont ces derniers qui sont responsables de la prise en charge financière des arrêts de travail des agents. "Il s'agit donc pour eux de trouver des solutions en termes d'organisation des ressources humaines ou de prévention des risques professionnels, afin de limiter la survenance et la durée des absences mais aussi de promouvoir la santé au travail".
Nous partageons cette conclusion.
Alors que peut-on faire ?
Que doit-on faire ?
Comment le faire ?
Pour la fédération FO-Santé il est urgent de :
- Programmer un plan de relance pour l’hôpital.
- Investir pour les services de santé au travail des établissements hospitaliers.
- Fixer des objectifs de réduction de l’absentéisme.
- Préconiser des mesures immédiates pour la prévention des risques professionnels.
1. Programmer un plan de relance pour l’hôpital.
Ce sont quelques 800 Millions d’euros qui manquent à l’hôpital pour permettre une remise à niveau de ses effectifs, soit un minimum de 20.000 emplois. Le Gouvernement estime que c’est une démagogie dans le contexte actuel. Nous assimilons cela à une goutte d‘eau bancaire. Elle représente environ l’équivalent de ce que l’Etat reverse aux plus riches Français par le bouclier fiscal. Nous sommes de plus convaincus, comme l’ancien Ministre du travail (de la santé) Xavier Bertrand, dans un entretien au Monde, que « s’engager dans la prévention, ce n’est pas un coût supplémentaire, c’est un véritable investissement. Le laisser faire coûte souvent bien plus cher ».
Le ministère de la santé ne peut laisser faire !
2. Investir dans les services de santé au travail des établissements hospitaliers
Extrait du rapport NOIRÉ
« L’enjeu de santé publique que représente la santé du salarié dans son environnement professionnel impose une médecine du travail reconnue dans l’hôpital, aidée par l’équipe pluridisciplinaire, orientée vers la prévention et le maintien dans l’emploi, concernée par la réflexion collective de l’organisation du travail Les obligations de l’employeur imposent une surveillance médicale du personnel et de ses conditions de travail. »
Pour FO-Santé, il est nécessaire d’organiser des équipes pluridisciplinaires ayant pour moyen et pour 1000 agents minimum :
- Un médecin
- Une infirmière
- Un ergonome
- Un psychologue du travail
- Un technicien ou ingénieur chargé de la prévention.
- Une secrétaire
Une équipe de 6 personnes pour 1000 agents :
Au plan national, cela représente 6000 emplois desquels il faut déduire les emplois déjà existants qui représentent environ 10% de ce chiffre. Un effort de recrutement d’un minimum de 5000 agents est donc nécessaire pour ce plan de santé au travail.
Cela représente un investissement d’environ 200 millions d’euros.
3. Se fixer un objectif de réduction de l’absentéisme
Le taux d'absentéisme à l'hôpital dépasse aujourd’hui les 10% et représente une charge de plus de 4 milliards d’euros à l’hôpital, sans compter les dépenses induites pour l’assurance maladie.
Nous voudrions qu’à ce stade, le Ministère de la Santé, employeur indirect des personnels hospitaliers, gestionnaire de ses statuts et de ses finances, se dote d’un contrat d’objectif et de moyens pour la santé au travail des personnels hospitaliers.
5% de réduction de l’absentéisme, c’est 200 millions d’euros d’économisés. Les 5000 emplois pour les services de santé au travail seraient ainsi entièrement compensés.
4. Les préconisations immédiates pour la prévention des risques professionnels dans la fonction publique hospitalière
A ce sujet le rapport Noiré apporte un certain nombre de préconisations que nous sommes prêts à soutenir.
Nous demandons pour la prévention
L’aide nécessaire à la réalisation et le suivi du Document Unique.
La réalisation d’étude ciblée du coût direct et indirect de l’absentéisme; (à la charge de l’hôpital ; à la charge de la sécurité sociale et mutuelles ; à la charge des agents)
Asseoir des modalités de financement pérenne de la prévention. Contribution de tous les employeurs fixe et variable en fonction des résultats obtenus. S’inspirer du principe en place dans le secteur privé.
Dynamiser les instances au plan local et au niveau national. Augmenter les moyens de contrôle et de formation pour tous les acteurs en prévention et des représentants des CHSCT.
Mettre en place un observatoire par région : « sécurité, santé au travail ».
Renforcer l’attractivité des postes de médecin du travail ; diversifier les modes d’accès à la fonction et créer un statut attractif.
Promouvoir les services de santé au travail par la création d’équipes pluridisciplinaires ;
L’abrogation de toutes les dispositions qui exonèrent les directeurs d’établissement hospitaliers des obligations imposées aux employeurs du secteur privé.
La mise en place au sein des établissements d’une organisation du travail qui conduisent au respect absolu des plannings des personnels (Pool de remplacement, etc.).
Nous demandons pour les agents
De promouvoir, dans les établissements, les cellules de reclassement et de gestion des agents en difficulté.
Améliorer les conditions du temps partiel thérapeutique.
Etendre aux hospitaliers les mesures applicables aux salariés du secteur privé victimes de l’amiante et en particulier la retraite anticipée.
Un vrai projet, pour un réel problème.
Fo-santé
153-155 rue de Rome
75017 Paris
http://www.fosps.com/
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