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Retour d'expérience du premier hôpital ayant rendu obligatoire la vaccination pour tous ses professionnels de santé

Publié le 03/08/2010

Un hôpital américain a rapporté son expérience à cinq ans d'un programme annuel de vaccination obligatoire contre la grippe de tous ses professionnels de santé, qui est, à sa connaissance, le premier du genre.

L'établissement de santé est le Virginia Mason Medical Center à Seattle (Etat de Washington), qui compte 336 lits, environ 5.000 professionnels de santé, dont quelque 400 médecins.

Avant 2005, le taux de vaccination parmi les professionnels de santé n'était que d'environ 50% malgré les efforts déployés (formation, accès facilité aux vaccins avec des chariots mobiles et prix accordés pour la participation), soulignent Robert Rakita, du service des maladies infectieuses, et ses collègues.

Certains hôpitaux ont mis en place un système de signature d'un formulaire en cas de refus d'immunisation, mais la plupart d'entre eux n'ont amélioré que légèrement leur taux de vaccination, ajoutent les chercheurs.

En 2004, le Virginia Mason Medical Center a décidé de mettre en place un programme annuel de vaccination obligatoire de tous les professionnels de santé. La question s'est posée de le restreindre uniquement à ceux en contact direct avec les patients, mais a été écartée pour des raisons d'équité, de délicate définition du contact direct avec les patients et de simplification de la traçabilité.

Les auteurs qualifient cependant leur programme de "flexible", dans la mesure où certains professionnels peuvent ne pas se faire vacciner pour des raisons médicales ou religieuses. Ils doivent toutefois porter un masque en travaillant durant la saison grippale.

Le programme a reposé sur l'implication forte des instances dirigeantes de l'établissement, sur un groupe de travail multidisciplinaire, sur une campagne d'information (site web, module de formation en ligne, conférences, rencontres, différents événements -quiz avec des prix, concours du meilleur nom de la campagne, "vaccination party" avec repas et match de football, création d'une vidéo) et sur un dispositif de vaccination de masse.

ENVIRON 98% DE TAUX DE VACCINATION

La première année, le taux de vaccination a chuté à 29,5% en raison d'une pénurie nationale dans l'approvisionnement en vaccin. Mais dès la saison 2005-06, il a grimpé à 97,6%, augmentant un peu durant les années suivantes pour atteindre 98,9% en 2009-10, où il a été demandé aux professionnels de santé de l'établissement de recevoir le vaccin contre la grippe saisonnière et le vaccin contre la grippe pandémique A(H1N1).

Moins de 0,7% des professionnels de santé ont eu une dérogation pour raison médicale ou religieuse et moins de 0,2% ont refusé la vaccination et quitté l'établissement, soulignent les chercheurs.

Cette dérogation pouvait être accordée par exemple pour les professionnels de santé ayant des antécédents de syndrome de Guillain-Barré, "bien que l'association avec le vaccin contre la grippe soit controversée". Pour les professionnels souffrant d'allergie à l'oeuf ou au vaccin, l'établissement leur offrait des tests cutanés et une vaccination surveillée au sein du service d'allergologie, précisent-ils.

DES ACTIONS EN JUSTICE DES SYNDICATS D'INFIRMIERES

Les infirmières syndiquées étaient exemptées également de l'obligation vaccinale en raison d'une décision de justice défavorable à l'établissement, qui avait été portée par leurs syndicats. Mais 85,9% d'entre elles en 2005-06 et 95,8% en 2009-10 se sont fait quand même vacciner. En revanche, en première instance, la justice a donné raison au Virginia Mason Medical Center sur le port obligatoire de masques pour les infirmières non vaccinées, ajoutent-ils.

Les auteurs se targuent aussi d'avoir vacciné chaque année, en plus de leurs employés, environ 1.300 personnes (étudiants, prestataires, vendeurs, médecins externes travaillant dans l'établissement, volontaires), comme l'établissement l'avait aussi exigé.

Ils aimeraient que le taux de vaccination des professionnels de santé soit rendu public à l'avenir en tant qu'indicateur de qualité permettant aux patients de choisir un établissement de santé plutôt qu'un autre.

Ils estiment que la vaccination obligatoire contre la grippe des professionnels de santé est devenue dans leur établissement une mesure telle que le test tuberculinique qui, lui, n'a pas suscité autant de controverses.

Ils reconnaissent plusieurs limitations à leur étude. La première est l'absence d'évaluation de l'impact de l'augmentation de leur taux de vaccination sur le nombre de grippe chez les professionnels de santé et sur les patients hospitalisés, même si des études antérieures en ont apporté la preuve. La seconde est le fait que l'étude n'ait pas mis en évidence de différence statistiquement significative dans la réduction de l'absentéisme chez les professionnels de santé, précisent-ils.

(Infection Control and Hospital Epidemiology, septembre, vol.31, n°9, p881-892)


Source : infirmiers.com