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Reportage sur la maltraitance: le directeur s'explique

Publié le 31/10/2008

La maison de retraite de Saint-Jean-Les-Deux-Jumeaux mise en cause dans le reportage tourné en caméra cachée et diffusé mercredi 22 octobre dépend de l'hôpital intercommunal de Jouarre.

Sollicité vendredi par l'APM, Raoul Passy, qui est aussi directeur du CH de Coulommiers (Seine-et-Marne), a d'abord expliqué qu'il avait pris la direction par intérim il y a huit mois de l'hôpital intercommunal de Jouarre avant d'en prendre la direction commune depuis six mois.

L'hôpital de Jouarre compte 409 lits d'unités de soins de longue durée (USLD) et d'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) répartis sur trois communes, a-t-il indiqué. Parmi les 155 lits d'USLD, 47 vont être conservés dans la cadre de la réforme des USLD, le reste deviendra Ehpad d'ici 2010, a-t-il ajouté. L'établissement de Saint-Jean-Les-Deux-Jumeaux compte 96 lits d'Ehpad et d'USLD.

Interrogé sur le reportage diffusé mercredi, le directeur a indiqué qu'il avait un "sentiment mélangé". Il a estimé que cela "permettait d'alerter sur certains dysfonctionnements", mais il a déploré les méthodes utilisées et que le reportage soit "orienté". Il a également regretté ne pas avoir été interrogé et que plusieurs éléments n'aient pas été évoqués.

Il s'est notamment étonné que le reportage n'indique pas que cette maison de retraite allait fermer dans quatre mois pour être transférée sur un nouveau site en construction. Un nouvel hôpital de 200 lits va ouvrir en février à Jouarre, a-t-il indiqué, précisant que 38 millions d'euros avait été investis par l'Etat et les collectivités territoriales pour cette nouvelle structure. Tous les lits de l'établissement de Saint-Jean-Les-Deux-Jumeaux seront transférés sur ce site.

Ensuite, il a déploré que le reportage fasse état du manque de ressources de l'établissement. "Nous ne manquons pas de ressources financières", a-t-il expliqué, précisant que le Gir moyen pondéré (GMP) de l'établissement était élevé.

"Le problème est l'attractivité", a-t-il indiqué. Il manque 16 infirmières et 16 aides-soignantes pour l'ensemble de l'hôpital intercommunal, a ajouté Raoul Passy. "Nous compensons ce manque de personnel en embauchant des agents de service hospitalier (ASH) qualifié", a-t-il expliqué, précisant que son budget d'assurance maladie était ainsi excédentaire.

Il a également indiqué qu'il travaillait avec la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) pour améliorer l'attractivité.

Sur l'établissement de Saint-Jean-Les-Deux-Jumeaux, l'équipe de jour est composée de 4,8 infirmières et 17 aides-soignantes alors que les budgets permettraient d'employer huit infirmières et 28 aides-soignantes. Pour la nuit, l'équipe est composée de six aides-soignantes et trois ASH. Un médecin est salarié à temps plein sur l'établissement et un pool de deux infirmières de nuit est présent pour l'ensemble de l'hôpital de Jouarre.

Interrogé sur les difficultés de recrutement pour cet établissement, il a expliqué que les causes étaient multiples. Il a notamment évoqué le manque d'encadrement qualifié, précisant que certaines infirmières faisaient fonction de cadres. Il a indiqué qu'il allait recruter des cadres diplômés.

Il a aussi affirmé qu'il ne découvrait pas les problèmes d'organisation avec le reportage, mais qu'il travaillait dessus depuis six mois.

Alors que le reportage montre principalement des actes de maltraitance passive de la part du personnel, un médecin et un des soignants sont filmés lors du reportage pour des actes et des comportements plus graves, note-t-on.

Interrogé sur ces deux membres du personnel, Raoul Passy a indiqué qu'il n'avait pas d'éléments écrits lui permettant d'avoir une quelconque défiance vis-à-vis du médecin mais que, suite au reportage, il allait mettre en route une procédure contre ce praticien. Il a également jugé "inacceptable" le comportement du jeune soignant qui menace une personne âgée lors du reportage et a indiqué qu'il pourrait être sanctionné.

Questionné sur les réactions du personnel et des familles après le reportage, il a précisé que le personnel n'avait pas nié et reconnu qu'il y avait du travail à faire, mais certains se sont sentis complètement trahis, a-t-il indiqué. Les familles, qui savent que la situation n'est "pas idéale", ont estimé que la vision donnée par le reportage était cependant "déformée" et "caricaturale", a-t-il rapporté.

LA DDASS LANCE SON ENQUETE

Raoul Passy a précisé qu'il avait appris par l'un de ses collaborateurs que le reportage concernait l'un de ses établissements et qu'il avait immédiatement appelé la Ddass pour le signaler.

Il a indiqué avoir apprécié que la secrétaire d'Etat à la solidarité se rende immédiatement sur place. Valérie Létard s'est rendue sur place et a annoncé plusieurs mesures pour aider l'établissement, rappelle-t-on.

Après avoir participé à une réunion avec les élus et les responsables de l'établissement, le directeur a exposé la situation à Valérie Létard, lui expliquant notamment que l'établissement allait fermer dans quatre mois.

Raoul Passy a précisé que la secrétaire d'Etat avait porté plainte auprès du procureur de la République avant de connaître le contexte. La justice décidera de poursuivre ou non après avoir eu tous les éléments du dossier, a-t-il expliqué.

Contacté vendredi par APM, le cabinet de la secrétaire d'Etat a confirmé que Valérie Létard avait bien déposé une plaine auprès du procureur de la République et ouvert une enquête administrative.

Raoul Passy a précisé que la Ddass devait démarrer son enquête administrative lundi.

Il a indiqué que Valérie Létard avait proposé de les aider pour la formation du personnel à la bientraitance. Il a précisé qu'un directeur adjoint délégué allait également être nommé pour l'hôpital de Jouarre d'ici janvier.


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Source : infirmiers.com