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Renouvellement de la pilule par les infirmières

Publié le 04/12/2008

Le collège a adressé lundi une lettre ouverte à la ministre de la santé et aux parlementaires dans laquelle elle s'inquiète des "propositions évoquées lors des avant-projets de loi Santé-territoire concernant la prescription de pilule et le suivi gynécologique".

L'avant-projet de loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST) prévoyait initialement d'étendre aux sages-femmes les possibilités de prescription de la contraception, de suivi gynécologique de prévention et d'IVG médicamenteuses dans les établissements de santé, les centres de santé et les centres de planning familial.

Il prévoyait également d'autoriser les infirmiers à renouveler, dans certaines conditions, les prescriptions de contraceptifs oraux et aux pharmaciens, sur présentation d'une ordonnance périmée prescrivant des contraceptifs oraux, de renouveler la pilule pour six mois.

Ces dispositions avaient ensuite été retirées du projet de loi HPST et devaient être intégrées dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2009, en raison de leurs incidences financières sur l'assurance maladie, rappelle-t-on.

Finalement, aucune de ces propositions n'a été retenue dans le texte définitif du PLFSS 2009, qui prévoit simplement, en matière de contraception, que "le gouvernement évalue l'efficacité des dépenses engagées en matière de contraception et étudie les moyens d'améliorer le remboursement des contraceptifs dans l'objectif de mieux adapter les modes de contraception utilisés aux besoins de chacun".

Le Syngof s'alarme cependant du fait que ces propositions "paraissent faire peu de cas de l'importance de la formation des médecins et de leur rôle sur la santé des femmes et risquent d'aboutir à des effets délétères". Il rappelle que la consultation de prescription ou renouvellement de pilule est aussi l'occasion pour le médecin de dépister et prévenir d'autres pathologies.

"La banalisation de la prescription de la contraception ou de son renouvellement par des paramédicaux ou des sages-femmes, dont la formation médicale est essentiellement axée sur le suivi de la grossesse normale, fera perdre aux femmes [le"> bénéfice pour leur santé qu'elles avaient acquis avec le suivi médical lié à la pilule", estiment les gynécologues.

"Nous demandons donc aux législateurs de ne pas sous-estimer le rôle du médecin aux dépens de la santé des patientes".

"La facilitation de l'accès à la pilule doit passer par la mise en place large de consultations spécifiques de contraception dans les centres de santé, milieu scolaire, planning. L'éducation à la pilule, à ses modalités de prise et à la gestion de l'oubli doit être développée et l'accès aux alternatives évitant la prise quotidienne (patch, anneau vaginal, implant) favorisé afin d'éviter les IVG dues à la mauvaise utilisation du contraceptif."

Le Syngof reconnaît le rôle que peuvent avoir les infirmières comme les pharmaciens d'explication dans la gestion de la prise de pilule mais sa prescription doit rester réservée à "un professionnel de santé ayant reçu une formation lui permettant de prendre en charge la santé de la femme dans sa globalité" et doit donc rester un acte médical sous la responsabilité d'un médecin.

Il rappelle que les sages-femmes, qui sont certes des personnels médicaux, n'ont reçu qu'une formation centrée sur le domaine spécifique de la grossesse normale.

UN MEILLEUR REMBOURSEMENT DE LA CONTRACEPTION

Le syndicat joint à son courrier ses propositions en matière de contraception et de prévention-dépistage en gynécologie, qui reposent sur le développement de l'information vis-à-vis des différents modes de contraception (formation des professionnels de santé et information des femmes) et l'amélioration de l'accès à la contraception.

Pour ce second point, le Syngof demande notamment un meilleur remboursement de la contraception pour les moins de 20 ans et la gratuité totale pour les mineures, y compris les patchs et anneaux; le développement de consultations de prescription, d'une part, et d'information, d'autre part, sur la contraception dans les centres de planning familial.

Il propose aussi d'autoriser le renouvellement de dépannage par les pharmaciens d'officine, mais pour trois mois maximum -ce que les pharmaciens peuvent déjà faire, NDLR-, avec une traçabilité informatique.

Il suggère que des consultations infirmières d'information à la contraception soient mises en place par les infirmières scolaires et dans les centres de planning.

La Commission de la transparence près la Haute autorité de santé (HAS) a réévalué en octobre 2007 les contraceptifs oraux de troisième génération en vue d'une éventuelle admission au remboursement, note-t-on.

Elle a confirmé son précédent avis datant de 2002, réaffirmant un service médical rendu important mais pas d'amélioration du service médical rendu (ASRM V) par rapport aux contraceptifs oraux de deuxième génération, "compte tenu du risque de survenue d'accidents thromboemboliques veineux et d'accidents vasculaires cérébraux ischémiques" associés aux pilules de troisième génération.


Source : infirmiers.com