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Réingénierie de la formation aide-soignante : le SNIIL dénonce "le mépris du Ministère"

Publié le 12/07/2019

Les réunions de concertation sur la réingénierie de la formation d'aide-soignant, commencées en 2015 puis suspendues en 2017, ont repris depuis le mois d'avril dernier , dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé "Ma Santé 2022" . Celle-ci intègre la revalorisation des aides-soignants en engageant, notamment, une réflexion concernant une refonte de la formation initiale afin de s'adapter aux réalités de l'exercice sur le terrain. Alors que s'ouvre ce vendredi 12 juillet 2019 au ministère des Solidarités et de la Santé une nouvelle réunion de travail, le SNIIL et Convergence Infirmière, deux des trois syndicats représentatifs des infirmiers libéraux, s'alarment. 

La principale inquiétude des syndicats infirmiers libéraux : voir s'appauvrir, voire disparaître, le rôle propre infirmier.

Dans son dernier communiqué, le SNIIL dénonce un ministère méprisant et hypocrite. Une nouvelle réunion de travail sur la réingénierie de la formation d’aide-soignante a lieu ce 12 juillet 2019 au Ministère des Solidarités et de la Santé… sans que le moindre représentant de la profession infirmière n’y ait été invité, regrette le syndicat. Déjà exclus des trois premières séances de travail, les infirmières et infirmiers se trouvent donc, de nouveau, écartés délibérément de ces travaux relève-t-il, alors que le Ministère avait promis lors de la dernière réunion du 24 juin 2019 que les représentants de la profession infirmière seraient désormais systématiquement associés à ces travaux. Et le SNIIL de détailler :  

  • le ministère prévoit le transfert de 27 actes infirmiers vers les aides-soignants ;
  • les aides-soignants ne disposent à l’heure actuelle d’aucun rôle propre ni autonomie, œuvrant uniquement sur délégation d’une infirmière ;
  • certaines organisations infirmières, dont le Sniil, ont déjà fait savoir qu’ils n’étaient pas opposés à une réorganisation du système de santé, mais qu’ils exigeaient que les infirmières bénéficient AUSSI d’une évolution de leurs compétences (ce qui n’est actuellement pas le cas, hormis les fameux IPA qui ne représenteront, à terme, qu’à peine 1,2% de la population infirmière !).

Révolté de tant de mépris pour les 600 000 infirmières et infirmiers de France et s’inquiétant pour la sécurité des soins et des patients, le Sniil dénonce donc avec force l’hypocrisie et la mauvaise foi du Ministère. Se targuant sans cesse d’être à l’écoute des professionnels de santé, Mme Buzyn montre aujourd’hui son vrai visage : celui d’une ministre incapable d’un dialogue franc et ouvert et qui, de plus, se moque totalement des professionnels de santé les plus nombreux de France. Face à cette situation, le Sniil appelle donc l’ensemble des organisations infirmières à se retrouver pour décider d’une action d’ensemble.

A lire aussi : Aide-soignant : nouveaux enjeux et défis d'une profession au cœur du soin

La profession d'infirmier clairement en danger selon Convergence Infirmière

La principale inquiétude des syndicats infirmiers libéraux : voir s'appauvrir, voire disparaître, le rôle propre infirmier. C'est surtout l'extension, via une modification réglementaire, du champ d'intervention des aides-soignants en milieu ambulatoire, qui fait grincer des dents. Réingénierie du diplôme d’AS-AP : le gouvernement veut brader la profession infirmière !, s'inquiétait déjà Convergence Infirmière dans un communiqué le 25 juin dernier. La veille, le syndicat des infirmiers libéraux avait pris part (pour la première fois regrettait-il) à la quatrième réunion du groupe de travail concernant les modifications référentielles de compétences et d’activités des AS-AP. Sans l’engagement de tous c’est 27 actes infirmiers qui vont leur être confiés, s'alarmait Convergence Infirmière, assurant que la profession d'infirmier était clairement en danger et invitant les internautes à s'exprimer sur la question via Facebook. La DGOS, les représentants des employeurs, comme les syndicats des aides-soignantes (AS) et des auxiliaires de puériculture (AP) souhaitent que 27 actes infirmiers puissent être réalisés par des AS/AP. 27 ! Pas moins ! (Quelques exemples : recueil de la saturation en oxygène, Pose de contention, Immobilisation, Change de poche et de support de colostomie, Pose d’aérosols médicamenteux, Lecture instantanée de la bilirubine par voie transcutanée, Alimentation entérale: renouvellement de l’administration de l’alimentation par sonde naso-gastrique, Pose et retrait de lunette à oxygène...) Pour contrer cette manœuvre ministérielle dont le but, in fine, est de rendre légal ce qui est aujourd’hui effectué hors de tout cadre juridique dans les services (et ainsi accéder aux requêtes des directeurs d’établissements et d’EHPAD), Convergence Infirmière a décidé de mener une enquête auprès de la profession, afin que les infirmières s’expriment et donnent leur avis : est-ce que ces actes doivent être confiés aux AS/AP ?

Au cours du même mois de juin, l'Ordre National des Infirmiers avait également produit un questionnaire dont les réponses devait lui servir à défendre la profession dans les discussions.

Dans ce contexte, la relation infirmier/ aide-soignant est donc à repenser d'urgence, en concertation, afin que l'ensemble des professionnels continuent à travailler sur le terrain en bonne intelligence.

"Sortir de l'hypocrisie nous paraît être le plus juste en ce qui nous concerne et en ce qui concerne l'avenir d'une profession très en souffrance et en déficit de confiance"

Selon les propos recueillis auprès d'Arlette Schuhler, Secrétaire de la Fédération nationale des associations d'aides-soignants (FNAAS), à l'issue de la 4e réunion de travail qui a eu lieu ce matin au ministère des Solidarités et de la Santé, les travaux sur la réingénierie de la formation des aides-soignants et sur la revalorisation de la profession, sont maintenant bien engagés.

Effectivement, le cadre défini pour les missions dédiées aux AS sont de trois sortes : accompagner la personne soignée, collaborer au projet de soins personnalisés, contribuer au raisonnement clinique pluriprofessionnel.Concernant les conditions d'accès en IFAS, beaucoup de questions demeurent. Le concours tel qu’il existe pourrait être revu (entrée sur dossier, oral...). Quant à la réingénierie de la formation initiale, plusieurs questions demeurent également : rallonger les études ? Raccourcir les stages au profit d'un enseignement théorique plus important car, évidemment, on ne peut pas imaginer de nouveaux actes effectués par les AS sans qu'ils aient été appris et parfaitement maîtrisés par eux. La sécurité du patient en découle. Bien sûr, toutes ces questions posées s'accompagnent de modifications réglementaires à venir qui ne seront pas les plus simples à finaliser. Nous sommes d'accord pour que les 27 "actes infirmiers" nous soient accordés, mais cette décision ne sera finalement validée qu'à la rentrée après discussion avec l'Ordre National des Infirmiers. (Nous savons que l'Ordre a consulté la profession à ce sujet.) La 5e réunion de travail aura lieu le 10 septembre prochain. Pour nous, les choses sont simples : il faut arrêter de dégrader l'image de ce métier en valorisant les profils de ceux qui l'exercent et en leur reconnaissant de nouvelles compétences. Sortir de l'hypocrisie nous paraît être le plus juste en ce qui nous concerne et en ce qui concerne l'avenir d'une profession très en souffrance et en déficit de confiance.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com