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PUERICULTRICE

Regard de patient : "Laissez-nous jouer notre rôle de mère..."

Publié le 14/03/2017

Après cinq ans de traitement pour tomber enceinte, Audrey apprend qu'elle attend des jumelles conçues naturellement. Un bonheur deux fois plus immense pour cette courageuse jeune femme qui pensait ne jamais parvenir à concevoir. Mais malheureusement, la joie va très vite laisser place à la tristesse...

Dans le salon d'un appartement de la région parisienne retentissent les rires d'une petite fille enjouée et espiègle. Qui aurait pu l'imaginer il y a deux ans courir et jouer avec autant de vivacité ? Personne, à en croire les chances minimes qu'elle avait de vivre. Car Rebecca revient de très loin et a surmonté en deux ans de vie bon nombre d'épreuves que beaucoup ne sauraient tolérer. Née prématurément , sa fragilité d'aujourd'hui lui donne l'apparence d'un bébé d'un an, mais son aspect fluet ne fait en rien défaut à son fort tempérament et à son courage indéfectible. Je l'admire… Et ce n'est pas juste parce que c'est ma fille, c'est à cause de tout son parcours pour rester en vie, s'émeut Audrey, sa mère. Car en effet, à plusieurs reprises les jours de Rebecca ont été en danger, mais la petite fille s'est accrochée pour rester en vie. Elle a fait, entre autre, un arrêt cardiaque in utero, les médecins ont donc dû procéder à mon accouchement à seulement sept mois de grossesse , précise la jeune femme de 36 ans.

Cette témérité, Rebecca la tient de sa mère. Après s'être battue pendant cinq ans pour tomber enceinte, Audrey a finalement conçu deux jumelles qui ont présenté le syndrome transfuseur-transfusé. Très vite cette situation l'obligera à faire des choix que nul ne devrait être amené à faire et qui changeront à jamais son regard sur la maternité et la vie...

Le syndrome transfuseur-transfusé (STT) : de quoi s'agit-il ?

Le syndrome transfuseur-transfusé (STT) est une complication spécifique survenant dans le cas d’une grossesse gémellaire monochoriale. Les jumeaux se partagent un même placenta via deux cordons ombilicaux distincts mais pourtant reliés entre eux par des vaisseaux sanguins. Or dans 15 à 30 % des cas, ces anastomoses vont entraîner un déséquilibre des échanges sanguins. Un des jumeaux va alors devenir le transfuseur tandis que l’autre sera le transfusé c'est-à-dire que le sang du jumeau donneur va passer dans le sang du jumeau receveur.

Pour lutter contre ce déséquilibre, des mécanismes de régulation vont se mettre en place et donner lieu à ce qu’on appelle le syndrome transfuseur-transfusé (STT). Pour tenter de diminuer sa volémie, le jumeau transfusé, généralement plus gros et présentant un volume sanguin trop élevé, va augmenter sa production d’urine. Toutefois, ce mécanisme ne sera pas sans conséquence puisqu'il va provoquer un excès de liquide amniotique (hydramnios).

A l’inverse, le jumeau transfuseur, présentera une diminution de sa pression sanguine, accompagnée parfois d'une anémie, ainsi qu'une vessie de petite taille. Il est donc particulièrement vulnérable et présente un grand risque de mortalité in utero.

Le syndrome transfuseur-transfusé augmente le risque de fausse couche. En effet, au vu de la grande quantité de liquide amniotique, l’utérus est amené à croire qu’il est arrivé à terme.

A ce jour, le seul et unique traitement existant est chirurgical. L'intervention consiste à introduire un petit télescope dans l’utérus sous anesthésie locale ou péridurale, afin d’accéder au sac amniotique du jumeau transfusé. Après avoir repéré les anastomoses, le chirurgien gynécologue provoquera une coagulation de ces vaisseaux communs à l’aide d’une fibre laser. Par ailleurs, l’excès de liquide amniotique sera drainé pour réduire l'hydramnios. A l'issue de cette opération, l'équilibre des échanges entre les jumeaux sera rétabli permettra de rétablir un équilibre des échanges entre les jumeaux et le partage du placenta sera alors équitable.

Si dans 35 à 50 % des cas, les deux bébés survivent, on déplore malheureusement encore 20 % de décès des deux jumeaux, dont la moitié par accouchement prématuré lié au traumatisme du geste médical.

Gwen HIGHT  Journaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@gwenhight


Source : infirmiers.com