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PORTRAIT / TEMOIGNAGE

Reconversion : devenir infirmier lorsque l’on gagne bien sa vie, une folie ?

Publié le 27/09/2017
Homme infirmier

Homme infirmier

Nombreuses sont les personnes qui, malgré une carrière bien engagée dans un tout autre secteur, souhaitent devenir infirmières . Il s’agit généralement de donner du sens à leur vie professionnelle, d’aider autrui, bref, d’être utile. Faut-il pour autant abandonner une situation professionnelle confortable et se lancer dans des études d’infirmier lorsque l’on a l’intime conviction que ce métier est fait pour nous ?

Pour éviter de trop idéaliser la profession infirmière, mieux vaut faire un stage d’observation.

Sur le forum d’Infirmiers.com, Yakiseo, âgé de 30 ans, explique qu’il a tout pour être heureux. En tant que gérant d’une agence web, il gagne bien sa vie et a reçu une proposition de poste à Vancouver plus qu’intéressante. Néanmoins, il est en plein doute sur son avenir professionnel, et souhaite se reconvertir pour devenir infirmier . Il est lui-même issu d’une famille de soignants, a eu un bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social) et étant transplanté rénal, il passe de nombreuses heures à l’hôpital. Alors oui, je gagnerais beaucoup moins bien ma vie pendant 3 ans (voire plus du tout si j'arrête définitivement mon entreprise), concède-t-il. Je vais reprendre des études alors que quand même bon...on en perd des neurones à 30 piges. Mais je me sens fait pour ça. Alors ma question est simple : folie furieuse de faire ça ?.

Sur la question Faut-il abandonner une situation professionnelle confortable pour mener des études d’infirmier ?, les utilisateurs du forum d’Infirmiers.com ne sont pas unanimes, mais presque… Franchement, si vous gagnez très bien votre vie… gardez votre taf et faites du bénévolat si vous ressentez le besoin de vous sentir utile. Les conditions de travail sont affreuses, le salaire peu élevé, souligne ainsi augusta. Le constat est le même pour Lenalan qui conserverait son job et n’irait pas s’enquiquiner dans ce métier si elle était à la place de Yakiseo. C’est beaucoup d’inconvénients, de frustrations, parfois de sacrifices… pour à l’arrivée ? Pas grand-chose (piquer, panser…) et un salaire à 1 600 euros, voire moins, déplore-t-elle. À l’instar d’augusta, plusieurs membres de la communauté proposent à Yakiseo de se tourner vers le bénévolat, comme la protection civile, la Croix-Rouge française ou encore l’EPRUS pour, à la fois, continuer à vivre comme il le souhaite et se sentir utile.

Franchement, si vous gagnez très bien votre vie… gardez votre taf et faites du bénévolat si vous ressentez le besoin de vous sentir utile.

JEDYTE est quant à elle moins catégorique. Il y a 10 ans de ça, quand il y avait du travail pour tous les infirmiers, qu'on avait le choix de notre lieu d'exercice et spécialité et dans des conditions de travail plus dignes qu'à l'heure actuelle, j'aurais dit pourquoi pas. Mais aujourd'hui pas sûr que tu choisisses ton premier poste ni ta région et si ton train de vie diminue, tu risques d'être déçu. C'est en prenant tout ceci en considération qu'il faudra te faire un avis. Je te conseille d'attendre un peu, de rencontrer d'autres infirmiers. Sur le forum difficile de te faire une idée juste car tu auras seulement les cas d'infirmiers en souffrance ou démotivés. Personne n'écrit un post pour dire "tout va bien j'aime mon métier", indique-t-elle très justement.

D’autres personnes encouragent néanmoins vivement Yakiseo à se lancer. Ce métier peut être passionnant, souligne Chuplika. Tu peux collaborer avec différents médecins qui t’apprendront plein de choses et qui vont te considérer comme un collaborateur dans la prise en charge du patient, faire de superbes rencontres (des patients très attachants qui te remercient de prendre soin d’eux, qui t’offrent des chocolats ou te racontent leur vie…). Les moments de relationnels sont rares, le manque de temps est en cause, mais il s’avèrent être précieux, même si ce n’est que cinq minutes. Tu trouveras des collègues en or, car oui, l’esprit d’équipe est important pour tenir. Moi, je ne gagne rien, mais je fais un métier qui me plaît, ajoute cosmos. Et je suis épanouie malgré tous les coups qui nous sont portés. Je garde en moi l’humain, l’aide et le plaisir d’apporter à autrui du confort.

Les moments de relationnels sont rares, le manque de temps est en cause, mais il s’avèrent être précieux, même si ce n’est que cinq minutes

Le tableau peint par les infirmiers n’est donc pas si noir, et malgré le malaise ressenti par la profession, ils trouvent des points positifs qui leur permettent de continuer d’exercer. Personnellement, je suis une passionnée de la chirurgie et de l’intérieur du corps humain, confie ide-1981. Toucher une aorte de mes mains, voir un coeur battre dans un thorax de mes yeux, sortir un bébé lors d’une césarienne me fait réellement kiffer. Tout comme instrumenter une prothèse de hanche. Lenalan apprécie particulièrement le fait d’apaiser une dame Alzheimer qui est en panique parce qu’elle pense avoir loupé son bus et l’heure de l’école maternelle pour accompagner son petit garçon et de s’asseoir au soleil en tenant la main d’une personne âgée en discutant simplement de la pluie et du beau temps. Rehmi considère d’ailleurs que c’est ça le plus important, trouver ce qui nous plaît vraiment. Cela peut prendre du temps. On peut ramer pour trouver un lieu d’exercice qui nous convient, mais une fois qu’on l’a trouvé, on sait pourquoi on a fait ce métier. Je pense que lorsque l’on sent que l’on n’est pas épanouie, il faut déjà songer à chercher un autre poste.

Si c'est vraiment ce que tu veux faire, je t'encourage à effectuer un stage de découverte, rencontrer d'autres infirmiers et discuter longuement avec eux.

Observer et tester avant de se lancer

Jo_Bis suggère à Yakiseo d’observer comment les choses se passent réellement en service. Car actuellement, Yakiseo est plutôt solitaire alors que le travail en équipe représente 50 % du relationnel de l’IDE. Pour éviter les déconvenues dès la formation , Rinou06 conseille elle aussi à Yakiseo de faire un stage d’observation histoire de savoir un peu plus où il met les pieds. Pour Chuplika également, si c'est vraiment ce que tu veux faire, je t'encourage à effectuer un stage de découverte, rencontrer d'autres infirmiers et discuter longuement avec eux. Cette décision t'appartient, c'est ton avenir et je suis d'accord avec toi, le bien-être psychologique dans ton boulot est très important, voire primordial.

Quoi qu’il en soit, avant de prendre une décision, il est nécessaire de se confronter à la profession infirmière. La consultation de différents forums peut aider à se faire une opinion sur le métier mais cela ne vaut pas une exploration complète de l’environnement et des différentes possibilités d’exercice, si possible au sein de différents services.

Et vous, vous êtes-vous reconverti pour devenir infirmier ? Racontez-nous !

Aurélie TRENTESSEJournaliste Infirmiers.comaurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse


Source : infirmiers.com