Le directeur général préfigurateur de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, Claude Evin, a estimé mardi que les problèmes de maltraitance ordinaire à l'hôpital dénoncés par le médiateur de la République étaient liés notamment à un problème d'organisation et de respect des droits des malades.
Le pôle santé, sécurité des soins du médiateur de la République a rendu public mardi son rapport annuel d'activité qui montre que la moitié des requêtes traitées concernent des situations de maltraitance ordinaire.
Le directeur préfigurateur de l'ARS d'Ile-de-France a estimé mardi soir sur Europe 1 que les problèmes de maltraitance étaient "une réalité à regarder avec lucidité".
"L'hôpital est un lieu de tension, lieu où malheureusement la souffrance est naturellement présente, c'est le lieu où l'on meurt. C'est le seul lieu public où se cristallisent beaucoup de conflits, parce que c'est le seul service public qui est ouvert 24 heures sur 24. On demande beaucoup à l'hôpital", a expliqué Claude Evin.
Pour lui, les violences dont fait état le rapport du médiateur sont liées notamment à "des mauvaises organisations". "Le temps d'attente aux urgences, par exemple, et parfois même le temps d'attente lors de consultations externes ce n'est pas normal".
"Je sais que c'est souvent une absence d'attention et une absence de prise de conscience qu'une personne malade, faible et fragile a des droits", a déclaré Claude Evin.
Le délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF), Gérard Vincent, a estimé pour sa part que la notion de maltraitance ordinaire devait être "maniée avec beaucoup de précautions" dans un entretien au journal bimestriel du médiateur de la République, "Médiateur actualités".
"Elle agrège tout d'abord des situations très différentes. Entre la personne qui patiente depuis plusieurs heures aux urgences, alors que le personnel est débordé, et celle qui n'arrive pas à obtenir des informations sur son état de santé, il est difficile et réducteur de trouver une cohérence", a déclaré Gérard Vincent.
Il considère néanmoins que la protection des droits des malades doit "être une priorité pour les hospitaliers". L'hôpital public doit progresser selon lui aussi vers "davantage de transparence dans sa communication à l'égard du public" et vers "une meilleure reconnaissance de ses erreurs" avec "un essor du signalement des incidents et de la gestion des risques".
Il faudrait aussi "une meilleure information sur les actes de soins, ainsi que la réparation des conséquences d'une faute".
Dans un communiqué de presse, le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI, affilié à la CFE-CGC) a également réagi mercredi au rapport du médiateur de la République. Il estime que ces situations de maltraitance ordinaire sont liées au "manque de moyens et [aux] suppressions de postes de soignants".
Le syndicat propose des solutions pour améliorer la situation et suggère notamment de cesser de "sacrifier le confort du malade pour faciliter le fonctionnement d'un service", citant par exemple le réveil de malade à 6 heures pour la prise de température alors que les médecins n'arrivent pas avant 9 heures.
Il donne des conseils pratiques pour améliorer la relation soignant-soigné en mettant en avant les capacités de relations humaines, pour faciliter le respect de l'intimité et du libre arbitre, et non pas seulement l'habileté technique des infirmiers.
Les situations de maltraitance citées par le médiateur concernent par exemple des attentes interminables des familles avant d'être conduites auprès de leurs proches hospitalisés, le sentiment d'avoir été mal ou pas informé, ou rarement écouté, le sentiment d'un désintérêt ou d'une attitude méprisante de la part du personnel soignant, des besoins primaires pas toujours respectés (toilettes, soif, faim, sommeil) ou encore une douleur minimisée, rappelle-t-on.
La Haute autorité de santé (HAS) a annoncé mercredi qu'elle organiserait une conférence de presse sur le thème "prévenir la maltraitance 'ordinaire' en établissement de santé" le mercredi 27 janvier. Les résultats d'une étude réalisée en 2008 seront présentés et permettront "d'éclairer les travaux engagés dans le cadre de l'élaboration du nouveau manuel de certification des établissements de santé", a indiqué l'institution dans un communiqué.
Paris, 15 janvier 2010 (APM)
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