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MODES D'EXERCICE

Qui orienter en HAD ? La HAS met un outil à disposition des professionnels de santé

Publié le 11/12/2017
Infirmière soin patient à domicile

Infirmière soin patient à domicile

Malgré le désir certain des pouvoirs publics de développer l'hospitalisation à domicile (HAD), cette possibilité reste peu employée par les professionnels de santé. C'est pourquoi la HAS met à leur disposition un outil en ligne pour qu'ils puissent orienter au mieux les patients en fonction notamment de leur état de santé et de leur traitement.

Si les politiques veulent maximiser cette option, le nombre de patients traités à domicile reste faible. La HAS a  donc créé un outil en ligne pour aider les professionnels de santé à choisir au mieux le mode de prise en charge des patients.

« ADOP-HAD », un outil en ligne mis à disposition des professionnels de santé pour les aider à orienter les patients en HAD. Disponible à l'adresse adophad.has-sante.fr, il devrait permettre aux différents prescripteurs d'identifier les patients susceptibles d'être pris en charge en HAD.

Créé par la HAS, il s'agit d'un algorithme présentant plusieurs critères de sélection à cocher. Cela permet de déterminer la pertinence ou non du recours à l'hospitalisation à domicile. La situation clinique du patient mais aussi d'autres éléments comme le niveau de dépendance ou la vulnérabilité psychosociale. Ces divers aspects ont été définies en fonction des soins administrés en HAD et devraient englober les différents modes de prise en charge qui y sont autorisés.

Se poser les bonnes questions

L’État des santé du patient nécessite-t-il l'administration de médicaments de la réserve hospitalière ? Y-a-t-il des risques d'aggravation ? Le prescripteur se retrouve face à ce genre d'interrogation lorsqu'il arrive sur le site. A la fin, ces réponses sont évaluées et un résumé lui est proposé en format PDF, il pourra donc le conserver ou l'utiliser lors des échanges avec les équipes concernées.  

La HAS tient à souligner que même si le patient est éligible à la HAD, l'admission ne sera effective qu'après discussion avec l'équipe en charge de l'hospitalisation au domicile, le médecin traitant et bien sûr le patient.

L'autorité publique a élaboré ce dispositif après avoir constater le faible recours à la HAD qui est pourtant reconnue depuis 2009 comme une modalité d'hospitalisation à part entière . Elle permet d'assurer des soins de manière continue et coordonnés de qualité équivalente à ceux prodigués au sein même des établissements de santé. La HAS espère ainsi sensibiliser les professionnels de santé à cette alternative .

HAD par HAS: le coup de gueule d'une IDEL !

Un outil, élaboré par un groupe de travail d’expert au sein de l’ HAS est désormais mis à disposition des médecins et établissements pour définir les critères d’inclusion d’un patient en HAD. Cependant, s’il n’est nullement question de sa pertinence, il pose certaines interrogations au sein du monde libéral infirmier.

  • Traitements intra veineux, 2 passages/jour : Un IDEL est tout à fait habilité à prendre en charge ce type de soins techniques. Idem pour l’enfant : il existe des IDEL puériculteurs.rices
  •  Sortie précoce de chirurgie avec « intervention soignante » (2x/J) : en quoi un IDEL ne pourrait pas intervenir ?
  • Prise en charge de l’éducation avec passage quotidien : là encore, les IDEL passent quotidiennement voire jusqu’à 4x/J chez les patients le nécessitant. Ils établissent des liens privilégiés avec les familles et hormis la nomenclature qui valorise peu les séances d’éducation, c’est un acte compatible avec l’exercice libéral.
  • Nous arrivons à la prise en charge d’un patient avec une colostomie, et surveillance du traitement… Jusque-là rien d’impossible pour un IDEL, parfaitement apte à effectuer des soins de stomie et surveiller un traitement, même antibiotique et même en parentéral.
  • Le plus questionnant sera sans doute cette personne âgée polypathologique, résidant en EHPAD, et porteuse d’une plaie de type escarre, curieusement qualifiée de plaie aigue (??) et qui nécessite donc une « grand technicité de soins ».

Il est important de rappeler que dans la NGAP, les pansements d’ulcère et d’escarre (plaies chroniques) sont majoritairement considérés comme des pansements « simples » et facturés à 6,30 euros. Par un système de géométrie variable, ils se retrouvent affublés du qualificatif de « pansements complexe » sur une prise en charge HAD… Nous concèderons le fait que c’est dans un EHPAD, où les IDEL ne peuvent plus intervenir depuis déjà plusieurs années. Mais il serait juste d’harmoniser les termes concernant les soins de plaies.

A noter également la composition du groupe de travail ayant participé à la réflexion pour ce document (p 144), qui très « à charge » car un seul IDEL, contre des infirmiers et médecins coordonnateurs d’HAD et des soignants hospitaliers. Peu de voix pour défendre le suivi par un IDEL, qui rappelons le, peut techniquement prendre en charge tous types de soins. La seule limite est la rémunération associée, qui n’est pas toujours adaptée aux soins longs.

Chacun des modes de suivi du patient au domicile a son intérêt et sa place, mais ne mettons pas des critères trop larges pour l’inclusion en HAD, car il existe bien une alternative sérieuse, représentée par les 116 000 IDEL qui sont sur le terrain 365 jours/an, avec une qualité des soins et un cout maitrisé indiscutables.

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com