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GRANDS DOSSIERS

Quel masque choisir face à la grippe A H1N1 ?

Publié le 04/09/2009

Introduction

Face au risque d’épidémie de grippe A H1N1, des précautions comme le port d’un masque doivent être prises tant pour le personnel que pour les personnes avec qui nous travaillons : patients mais aussi lycéens si vous êtes infirmière scolaire, employés si vous êtes infirmier du travail, etc.
Mais quel que soit l’endroit où vous travaillez, les moyens de protection doivent être adaptés et efficaces vis-à-vis du risque encouru. Une protection efficace ne peut être obtenue que si un équipement adapté est porté au bon moment, par la bonne personne, selon des modalités précises.

Qu’est-ce qu’un masque de protection et à quoi cela sert-il ?

Il existe deux grands types de « masque » : Les masques de soins médicaux ou chirurgicaux et les appareils de protection respiratoire (APR).
Il faut savoir que le ministère a prévu dans son plan grippe A que le public « puisse disposer de masques en tissu réutilisables après lavage ».

Les masques de soins médicaux ou chirurgicaux :

Il faut d’abord savoir que maintenant il n’existe qu’un seul terme « les masques chirurgicaux » qui englobe l’ensemble des masques utilisé pour les soins
Ces masques relève de la directive européenne 93/42/CEE (norme EN 14683 « Masques chirurgicaux ».)
Ce masque est destiné à éviter, lors de l’expiration de celui qui le porte, la projection de secrétions des voies aériennes supérieures ou de salive pouvant contenir des agents infectieux transmissibles par voie « gouttelettes » ou « aérienne ».
Porté par le soignant, il prévient la contamination du patient et de son environnement (air, surface, produits…).
Porté par le patient contagieux, il prévient la contamination de son entourage et de son environnement.
Par ailleurs le masque médical protège celui qui le porte contre les agents infectieux transmissibles par voie « gouttelettes ». En aucun cas il ne le protège contre les agents infectieux transmissibles par voie « aérienne ».


Tableau 1 : Performances des masques chirurgicaux selon leur type





Test Type I Type IR Type II Type IIR
Efficacité de filtration bactérienne (EFB)
Exprimée en % **
> 95 > 95 > 98 > 98
Pression différentielle (exprimée en Pascal) *
Pression de la résistance aux éclaboussures
(exprimée en mm de mercure)
Non
exigé
> 120 Non
exigé
> 12

Les masques IR et IIR sont dits « résistants aux éclaboussures »
* La pression différentielle exprime la résistance du masque au passage d’un flux gazeux. A niveau de fuites à la périphérie égal, un masque permettra une respiration du porteur d’autant plus aisée que cette valeur sera basse.
** L’efficacité de filtration bactérienne est mesurée sur le matériau du masque ; elle ne prend pas en compte les fuites au visage.
Source : Recommandations pour l'utilisation des masques médicaux
http://www.cclin-sudouest.com/recopdf/recos_masques.pdf

Les appareils de protection respiratoires (APR) filtrants.

L’appareil de protection respiratoire protège celui qui le porte de l’inhalation d’aérosols, poussières, gaz ou vapeurs présentant un danger pour la santé.
Exemple d’appareil de protection respiratoire (document INRS)

Les appareils de protection respiratoire se divisent en 2 familles :

  • les appareils isolants qui fournissent un air respirable à partir d’une source indépendante de l’atmosphère ambiante : ces appareils ne sont pas abordés dans ce document ;
  • les appareils filtrants qui épurent l’air ambiant composés d’une pièce faciale et d’un dispositif de filtration. Dans certains cas la pièce faciale est constituée du matériau filtrant lui même et ne nécessite donc pas l’adjonction d’un filtre.

La pièce faciale peut être plus ou moins importante, par exemple

  • le 1/2 masque couvre la zone nez-bouche-menton,
  • le masque couvre l’ensemble du visage.

En fonction du type de filtre, les appareils filtrants sont actifs contre :

  • les particules seulement,
  • certains gaz ou vapeurs seulement,
  • les particules et certains gaz ou vapeurs.

Un appareil de protection respiratoire filtrant contre les particules protège son porteur contre l’inhalation d’agents infectieux à transmission aérienne ou à transmission par voie «gouttelettes ».
Les appareils de protection respiratoire sont des équipements de protection individuelle qui relèvent de la directive européenne 89/686/CEE du 30 novembre 1989.

La filtration contre les particules :

Le filtre vise à protéger le porteur du masque contre les aérosols, c’est-à-dire des suspensions  de particules solides ou liquides (poussières, fumées, brouillards…).
Les filtres sont marqués avec la lettre P (pour particules) et portent une bande blanche.
Un appareil filtrant contre les particules est constitué de deux parties à savoir une pièce faciale (partie de l’appareil en contact avec le visage de l’utilisateur, demi-masque ou masque) et un dispositif de filtration (filtre P1, P2, P3 par ordre croissant d’efficacité), ou d’un seul élément sous forme de pièce faciale filtrante (FFP1, FFP2, FFP3 par ordre croissant d’efficacité).
Pour un meilleur confort, certains appareils respiratoires sont pourvus d’une valve expiratoire. Il est important de savoir que l’air rejeté par le biais de la valve n’est pas filtré, sauf exception.

Tableau 2 : Performances minimales exigées par la norme EN 149 : 2001

Classification Fuite totale maximale Pénétration maximum du filtre
(NACL et huile de paraffine)
FFP1 22 % 20 %
FFP2 8 % 6 %
FFP3 2 % 1 %

Un appareil de protection respiratoire doit porter impérativement les indications suivantes, inscrites de manière indélébiles :

  • le marquage « CE » (sigle CE suivi du numéro de l'organisme notifié chargé du contrôle qualité);
  • le numéro et l'année de la norme correspondant au type d'appareil (EN 149: 2001 dans le cas des appareils filtrants jetables contre les aérosols);
  • l'indication de la classe d'efficacité (P1, P2 ou P3 pour les filtres anti-aérosols et FFP1, FFP2, FFP3 pour les demi-masques filtrants anti-aérosols).

Un APR doit être adapté aux risques encourus lors de l'activité et aux conditions de travail. C'est pourquoi son choix doit être fait par une personne compétente, en concertation avec les utilisateurs, à partir de l'évaluation des situations de travail.
Le confort et l'acceptabilité doivent être pris en compte, sous peine de voir rejeter les mesures de port de ces appareils. L'appareil doit être facile à mettre et à enlever, ne pas gêner la respiration et la communication, ne pas entraîner d'irritation cutanée ou de sensation inconfortable de chaleur.

L'appareil doit également pouvoir s'ajuster correctement au visage, car rappelons-le, la protection dépend étroitement de l'étanchéité au niveau du visage. Il existe des masques jetables de différentes formes, munis ou non d'un joint facial. Certains modèles sont disponibles en plusieurs tailles. Il est important de proposer et de pouvoir faire essayer différents modèles de masques afin de choisir pour chaque morphotype de visage celui qui est le mieux adapté. Pour vérifier que le modèle choisi convient à son utilisateur, il faut faire un essai d'ajustement selon les indications du fabricant.
Pour vérifier le bon ajustement d’un appareil de protection respiratoire pratiquer le test «fit check ». Son principe est le suivant:

  • mettre le masque,
  • obturer brièvement le filtre ou la surface filtrante avec les mains et si nécessaire avec une feuille de plastique,
  • Inspirer et vérifier que le masque tend à se plaquer sur le visage; s'il est encore possible d'inspirer, c'est que le masque fuit au niveau du joint facial.

Le port de certains modèles de demi-masques peut être incompatible avec le port de lunettes, qu'il s'agisse de lunettes de vue ou de lunettes de protection, quand ces lunettes s'opposent à un ajustement correct du masque.
Il s'agit donc d'un critère à prendre en compte lors du choix d'un modèle d'appareil de protection respiratoire.

Précautions et mode d’emploi

  • Il faut d’abord se renseigner pour savoir si des consignes ont été données au niveau national comme ministère ou au niveau local comme Comité de Lutte contre les infections nosocomiales ou Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail. Si oui les respecter.
  • Lire impérativement la notice fournie par le fabricant avec son mode d’emploi.
  • Les masques doivent être jetés et remplacés s'ils sont endommagés ou si la respiration devient difficile.
  • Ajuster les masques : dépliage complet, liens bien serrés ou élastiques bien en place, pince-nez ajusté.
  • Une fois en place, ne pas manipuler le masque car risque de détérioration de celui-ci et de contamination des mains.
  • Se laver les mains ou effectuer une friction avec une solution hydro-alcoolique après retrait du masque.
  • Eliminer le masque dans la filière des Déchets d’Activité de Soins à Risques Infectieux.
  • Les masques doivent être stockés dans un endroit sec.
  • Vérifier leur date de péremption.
  • Ne pas les déconditionner
  • Ne pas les laisser accessibles dans un lieu de fort passage (zone dédiée à l'équipement)
  • Les masques ne protègent pas leur porteur des gaz, des vapeurs ou des atmosphères contenant moins de 19.5% d'oxygène.
  • Attention si vous portez une barbe et/ ou des lunettes.
  • Changer le masque dès qu'ils sont retirés. Nous avons la mauvaise habitude de les laisse pendre en attendant de les "rechausser". Or, un masque tombé est un masque à retirer.
  • Pour le changement se référer avant tout à la notice du fabricant.
  • Le maquillage est évidement à proscrire lorsque l'on porte un masque.

Masques de soins chirurgicaux


Source : Pose d’un masque chirurgical (CCLIN Paris Nord)
http://www.cclinparisnord.org/GRIPPE/Fiche_PoseChir_ARLINpicard.pdf

Il faut savoir :

  • que les masques chirurgicaux ont un « sens » à respecter lors de la mise en place :
  • Il convient de présenter à l’extérieur la mention imprimée sur le masque.
  • En l’absence d’indication spécifique, on applique sur le visage le côté le plus rembourré de la barrette

Pose :

  • N’extraire de l’emballage qu’un seul masque, le masque à utiliser, et le saisir par sa partie centrale externe
  • Respecter le sens de pose (barrette en haut et plis plongeants)
  • L’appliquer sur le visage en le tenant par les liens :
    • liens supérieurs noués sur le haut de la tête,
    • les liens inférieurs noués au niveau du cou, en les tendant suffisamment pour bien déplier le masque et le plaquer sous le menton.
  • Le masque doit être porté en couvrant le nez, le menton et la bouche. Il doit être appliqué hermétiquement sur le visage.
  • La barrette est pincée au niveau du nez pour augmenter l’étanchéité et limiter la fuite.
  • Le masque est manipulé seulement pour la pose et le retrait (ne pas le repositionner), et toujours par les attaches.

Appareils de protections respiratoires filtrants :


Source : Pose d’un masque FFP2 (CCLIN Paris Nord)
http://www.cclinparisnord.org/GRIPPE/Fiche_PoseFFP2_ARLINpicard.pdf

  • Si utilisation de l’appareil de protection respiratoire vis-à-vis d’un risque infectieux Pratiquer un lavage simple ou une friction hydro alcoolique des mains avant et après chaque changement de masque
  • Pour les masque de type FFP2, la durée d’utilisation maximale conseillée est de 4 heures pour un port permanent. Après il faut en changer.

Problèmes rencontrés :

Vous pouvez rencontrer des  intolérances liées à des irritations ou à des allergies. Vous devez alors consulter votre médecin du travail. Il faut savoir que certains fabricants proposent des masques « hypoallergéniques ».

Quelle information et formation du personnel ?

Le port d'un masque ou d’un appareil de protection respiratoire représente une gêne et un inconfort. En effet, la résistance au passage de l'air diminue le confort respiratoire et le confort thermique. L'information du personnel est donc une étape indispensable pour l'adhésion au port de ces équipements : risques contre lesquels l'appareil protège, conditions d'utilisation... Une formation à l'ajustement et au port des équipements doit également être assurée. Rappelons que le masque doit être bien ajusté au visage pour offrir une réelle protection.

Que faire face à un patient porteur de grippe A ?

Il faut d’abord respecter les consignes données par votre Direction ou les autorités de tutelles. Pour les établissements de soins, il est fortement recommandé de suivre les instructions  données par le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN).
Il faut ici rappeler les précautions standards comme le lavage fréquent des mains avec du savon ou des solutions hydro alcooliques
Le port du masque est une mesure qui a montré son efficacité dans la protection du professionnel et du patient en établissement de santé.

Prise en charge d’un patient et précautions standard

Les précautions standard préconisent le port de masque si les soins ou manipulations exposent à un risque de projection ou d’aérosolisation de sang, ou tout autre produit d’origine d’humaine (aspiration, endoscopie, actes opératoires, autopsie…)
Le masque à utiliser dans ces situations par le personnel soignant est de type « chirurgical » avec couche imperméable (type IR selon la norme EN 14683).

Prise en charge d’un patient et précautions particulières

En complément des précautions standard, certaines infections (ou suspicions d’infection) nécessitent la mise en oeuvre de « précautions particulières » définies en fonction de l’agent infectieux (réservoirs, mode de transmission, résistance dans le milieu extérieur) et de l’infection (localisation et gravité).
Les pouvoirs publics ont évalué, pour 12 semaines de pandémie, à environ 600 millions de masques le besoin en appareils de protection respiratoire de type FFP2 pour un certain nombre de personnels comme ceux de santé, etc. Ces masques sont stockés dans les hôpitaux à la disposition de l’Etat.

Conclusion

En conclusion nous rappellerons qu’une protection efficace contre la grippe A ne peut être obtenue que si un équipement adapté est porté au bon moment, par la bonne personne, selon des modalités précises.
Les questions à se poser sont donc :
Quel type de masque choisir pour moi ? Pour les autres (patients, lycéens, employés …) ?

  • chirurgicaux de type I ou IR, II ou IIR ?
  • appareils de protection respiratoire filtrant : FFP1, FFP2, FFP3 ?

A ce jour, mais cela peut changer, les recommandations sont :

  • Masques chirurgicaux pour les malades, leur entourage et l’accès à certains locaux
  • Appareils de protection respiratoires pour le personnel en cas de suspicions de grippe A.

Il nous faut :

  • éradiquer l’appellation « masques de soins » de notre vocabulaire en la remplaçant par « masques chirurgicaux »
  • Respecter les consignes données par les autorités compétences (Ministère, CLIN, CHSCT…)

Pour suivre l’actualité sur la grippe

Guy ISAMBART
Rédacteur en chef infirmiers.com


Source : infirmiers.com