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GRANDS DOSSIERS

Quand le milieu hostile ouvre ses portes

Publié le 26/10/2015
secourisme grotte

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Eric Zipper

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secourisme équipe

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Spéléologues

Spéléologues

Mélanie Flores

Mélanie Flores

Tables rondes, travaux de groupes, pratiques en milieu souterrain et tests de matériel étaient au programme de la 2e édition des Journées médicales 2015 organisées en septembre dernier par Spéléo Secours Français Alsace autour de la thématique des secours en milieu hostile. Un monde à part entière...

Crédit  Spéléo Secours Français Alsace - Le secours en milieu hostile requiert compétences spécifiques, matériels adéquats et expertise collective.

La 2e édition de ces Journées médicales s’est déroulée dans le val de Villé, en Alsace. L’occasion de réunir quelques professionnels et associations du monde du secours pour trois journées de rencontres et d’échanges. Si ces journées étaient avant tout destinées aux infirmiers et médecins, elles étaient également ouvertes aux autres professionnels des secours habitués à ces milieux extrêmes. Sauveteurs spéléologues, pompiers du GRIMP, démineurs, ingénieurs, médecins du SMUR, tous étaient là, ensemble, pour partager leur même passion du secours. Pour ces habitués du milieu montagneux, sous-terrain ou des contextes de post-catastrophe, le programme de ces trois jours était riche proposant un tour d’horizon des nombreuses thématiques liées au secours en milieu hostile : prise en charge d’une victime en hypothermie, crush syndrome… Plusieurs tables rondes ont également suscité de vifs échanges et l'intervention des démineurs d’Alsace aura permis de faire des liens très intéressants avec les risques d’explosions (industrielles, terroristes…) et la prise en charge des victimes de blastes.

Rassembler, fédérer, avancer

Si de nombreux organismes sont régulièrement confrontés à ces milieux hostiles et isolés, il est rare que ces derniers se réunissent autour d’une même table. Mener des réflexions communes, trouver des pistes d’amélioration sur la prise en charge des victimes, est un but ambitieux mais essentiel comme nous l’explique Eric Zipper, président du Corps Mondial de Secours et Conseiller Technique Départemental en Spéléologie, à l’initiative de ces rencontres : Ce qui est intéressant, c’est de trouver les bonnes solutions, les nouvelles solutions et bien souvent les adapter, voire les inventer. C’est ce qui me passionne depuis des années. Mes contacts sont dans tous ces domaines et j’avais envie de réunir compétences et passion en un même endroit, notamment pour répondre à des questions que l’on se pose depuis longtemps. Croiser les regards et les compétences, en entreprise, c’est le moyen de progresser vite et fort. Cela s’applique aussi dans le domaine du secours et de l’urgence, surtout que ce monde est cloisonné, chacun avançant avec sa vision au sein de son domaine. Là nous avons réussi à réunir des gens du SMUR, du déminage, de la faculté de Haute Alsace, des ingénieurs, des gens du SDIS, des médecins et infirmiers du Corps Mondial de Secours… ». Et pourtant, un infirmier exerçant à l’hôpital évolue au quotidien dans un monde qui se trouve être à l’opposé des conditions que l’on peut trouver en milieu hostile. Oui, ce sont deux mondes bien opposés, et pourtant entre lesquels les passerelles sont nécessaires, explique le spéléologue. Comprendre comment l’un travaille permet à l‘autre d’être plus efficace, mais aussi de prendre en compte les impératifs de chacun. Et ce contenu fait d’exposés, puis de tests et enfin d’un retour commun est très riche pour avancer ensemble vers l’efficacité.

« La polyvalence recherchée »

Parmi les participants de cette 2ème édition, Mélanie Florès, infirmière de 26 ans, travaille actuellement en service de réanimation chirurgicale et salle de réveil, à l’hôpital du Kremlin Bicêtre à Paris. Fraîchement membre de l’équipe médicale du Corps Mondial de Secours – USAR, elle a participé avec d’autres collègues de l’ONG, à ces rencontres plutôt inhabituelles. Loin de l’atmosphère hospitalière dans laquelle elle évolue depuis maintenant 4 ans, elle nous livre ses premières impressions. Depuis mon diplôme, je n'ai travaillé qu’en intra-hospitalier, du coup je ne connais pas grand-chose sur les gestes de premiers secours, et sur la médecine de post-catastrophe. D'avoir pu échanger avec des secouristes, spéléologues, pompiers ou médecins et infirmiers du SMUR a été très enrichissant et ce n'est qu'un début !

En effet, ce n’est que très récemment que la jeune infirmière décide de franchir le pas en rejoignant l’association humanitaire. J'ai toujours voulu faire de l'humanitaire, explique Mélanie, et utiliser mon savoir-faire pour aider les personnes qui en avaient le plus besoin. Ce qui m'a vraiment plu c'est la polyvalence recherchée par le CMS, des personnes aux métiers et personnalités différentes, c'est une vraie richesse ! Avant de conclure, J’ai pu rencontrer pendant ces jours des gens simples, heureux de partager leur savoir-faire avec nous ! Les journées étaient vraiment complètes et  bien organisées on n'avait pas de temps à perdre ! Et tout ça dans la bonne humeur !

Un week-end d’expérimentations

Les Journées médicales sont aussi l’occasion de profiter de la présence de ces professionnels venus d’horizons et de régions différentes, pour tester et échanger leurs avis sur les dernières nouveautés en termes de matériel médical. L’objectif est donc de tester du nouveau matériel en conception ou déjà sur le marché, et d’en faire un retour d’expérience au fabricant en proposant des pistes d’amélioration. L’humidité, le froid, la poussière, les passages étroits… tous les éléments sont réunis pour tester rapidement l’efficacité d’un matériel médical sous terre. Sa robustesse, sa facilité d’utilisation, sa résistance à l’humidité sont autant de critères primordiaux dans la médicalisation en milieu hostile. Ainsi, la nouvelle civière gonflable de Zodiac Aeroscope a pu être manipulée durant ces 3 jours. Une civière légère ayant l’immense avantage d’être compacte et percutable avec une simple cartouche. Elle devient ensuite un plan dur, qui peut flotter sur l’eau, et sur lequel on peut facilement maintenir et transporter une victime. Des mesures ont aussi été réalisées dans un point chaud (bulle protectrice permettant de réchauffer efficacement une victime sous-terre), pour mesurer le seuil critique du risque explosion lors de l’utilisation d’oxygène en présence d’une flamme.

Tous ces résultats seront prochainement publiés sur le site internet du Spéléo Secours Alsace. Et une prochaine édition devrait être programmée en 2018.

Jérémie THIRION   Infirmier, membre du comité de rédaction d'Infirmiers.com  jeremie.thirion@gmail.com  Plus d’informations : Spéléo Secours Alsace


Source : infirmiers.com