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Psychiatrie - Intervenir au domicile évite la contrainte

Publié le 27/01/2012

L'équipe mobile d'intervention mise en place au centre hospitalier de Sainte-Anne à Paris sur les secteurs 3 et 13 offre une prise de contact à domicile avec les patients psychiatriques en situation de crise et permet un accès aux soins sans recours systématique à la contrainte, selon un bilan de l'activité 2011.

Le Dr Agathe Pérony et ses collègues du CH Sainte-Anne ont présenté ces résultats au congrès de l'Encéphale qui s'est tenu la semaine dernière à Paris. La mobilité des équipes faisait initialement partie des missions de la psychiatrie de secteur, permettant d'intervenir au domicile des patients qui ne veulent ou ne peuvent pas venir aux soins, dont la situation clinique l'imposait, expliquent-ils dans leur poster.

Il s'agit de situations fréquemment liées à une clinique spécifique (psychose paranoïaque, schizophrénie débutante ou à l'inverse très ancienne...), souvent compliquée d'un enfermement au domicile, laissant le patient sans soins et l'entourage impuissant en situation de souffrance.

"Cette pratique s'est beaucoup perdue en raison de la réduction des effectifs et en conséquence de la surcharge de travail car les visites à domicile sont chronophages", a rapporté le Dr Pérony à l'APM.

Les équipes du secteur 3 et 13 du CH Sainte-Anne, couvrant les 5ème, 6ème et 14ème arrondissements, se sont regroupées en 2010 dans le cadre d'une activité de pôle afin de dégager du temps soignant et répondre de nouveau à des situations de crise, qu'elle soit réelle ou ressentie.

Lorsqu'un signalement est fait par une famille, via le secteur, les urgences du CH ou la préfecture de police, les différents membres de l'équipe (médecins, infirmiers, cadres) se réunissent pour discuter de la situation. "Nous prenons le temps de contacter le médecin traitant et/ou le psychiatre qui suivent éventuellement le patient pour mener une enquête médicale, psychiatrique et sociale afin d'être le plus sûrs possible que l'intervention est justifiée", précise le Dr Pérony.

En 2011, 36 signalements ont été faits à l'équipe mobile, conduisant à une intervention dans 64%. "Dans certains cas, le fait que la famille dise qu'elle a pris contact avec nous suffit à débloquer la situation et le patient retourne de lui-même vers les soins".

L'intervention est réalisée avec au moins un médecin et deux infirmiers qui vont au domicile du patient.

Pour les patients signalés en 2011, une hospitalisation libre a été faite dans 26% des cas et un suivi en ambulatoire à l'hôpital ou en ville dans 35%. Finalement, une admission à la demande d'un tiers n'a été prononcée que pour 26%.

Dans 13% des cas, il s'agissait de situations où le patient n'a pu être rencontré mais qui ne nécessitaient pas d'intervention urgente. "Il est alors dit aux familles qu'elles peuvent nous joindre à tout moment", ajoute le Dr Pérony.

Ce bilan indique que l'équipe mobile d'intervention semble bien répondre à un besoin et à la mission de service public de détection des pathologies mentales, puisque les patients signalés ne sont pas connus du secteur, et d'accès aux soins, surtout sans que la contrainte soit systématique, conclut-elle, soulignant l'enthousiasme suscité par cette pratique au sein de l'équipe soignante.

"Il était difficilement acceptable de devoir répondre aux familles qu'on ne pouvait rien faire quand les patients ne veulent pas venir".

Le Dr Pérony se félicite en particulier que l'équipe mobile d'intervention puisse "inciter les patients à décider eux-mêmes de revenir vers les soins car il y a un meilleur pronostic que si on les ramène de force".

"Cette pratique semble revenir au goût du jour puisque d'autres équipes sont en cours de création au sein du CH Sainte-Anne". Sans exploser, elle peut augmenter progressivement, estime-t-elle.


Source : infirmiers.com