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AS

Profession aide-soignante : la fin d'un modèle ?

Publié le 21/10/2019

La réingénierie du diplôme d'Etat Aide-Soignant (D.E.A.S) prévue pour début 2020 impose un constat : au moment d'engager une densification des compétences AS, il semblerait que la profession soit arrivée aux limites de son modèle initial tracé lors de sa création dans les années 1960. En effet, l’attribution de nouveaux actes aux aides-soignants implique maintenant de franchir la frontière du champ d'activités de l'infirmier diplômé d'Etat (IDE). Cependant, puisque l'aide-soignant réalise une partie du rôle propre de l'infirmier, force est de constater que les schémas d'évolutions de la profession AS s'indexent indubitablement sur le référentiel d'actes de ces derniers, engendrant, de fait, une improbable conjecture fonctionnelle. Ainsi, se pose une problématique : la profession aide-soignante peut-elle encore évoluer dans l'organisation des soins actuelle, tout en conservant son modèle original ?

Continuer à glisser ou rebondir : telle est la question ?

Partant du principe qu'une profession ne doit pas se transformer, en phagocytant tout ou partie d'une autre, l'heure est venue de se pencher sur la mise en oeuvre, à terme, d'une réforme de fond du métier d'aide-soignant...

C'est une réalité des organisations : beaucoup d'aides-soignants "glissent" et dépassent leurs compétences à l'heure où les contextes de soins se voient de plus en contraints par des difficultés humaines... Question de "bonne volonté", d'"obligation" ou de "protocoles de service", la glissade AS est quotidienne, parfois même tolérée, sans toutefois être reconnue en responsabilité, en compensation salariale et, surtout, sanctionnée par une formation complémentaire ad hoc ! Alors, officialiser et légitimer des actes hors activités, menés de façon officieuse sur le terrain par la majeure partie des aides-soignants, qu'ils soient en établissements de soins publics ou privés ou en service de soins à domicile, voilà le postulat cohérent sur lequel les représentations professionnelles se sont appuyé pour porter la réingénierie auprès des instances institutionnelles.

Cependant, l'arrêt de la glissade sous couvert, qui doit être une chance de permettre à la profession AS de rebondir en renforçant son attractivité et de reconnaître sa polycompétence , ne doit pas être l'occasion d'ouvrir la boîte de Pandore à de nouveaux dépassements officieux jusqu'à une prochaine réingénierie... Au risque sinon d'absorber peu à peu la profession infirmière de façon "low cost" et d'étayer les arguments de certaines représentations infirmières qui y voient une dévalorisation de leur référentiel d'activités, admettant qu'un même acte effectué par deux professionnels, n'ayant pas la même formation initiale, engendre de fait une altération de la valeur propre de ce dit acte et, à plus ou moins long terme, une baisse de sa cotation, notamment pour les soins infirmiers effectués à domicile.

Ainsi, sans vouloir paraître complotiste né, l'on pourrait penser que la réingénierie du D.E.A.S serait l'occasion, au lieu de valoriser réellement la fonction AS, de profiter d'un modèle redistributif des compétences interprofessionnelles pour mener des économies déguisées du système de santé... De fait, partant du principe qu'une profession ne doit pas se transformer, en phagocytant tout ou partie d'une autre, l'heure est-elle venue de se pencher sur la mise en oeuvre, à terme, d'une réforme de fond du métier d'aide-soignant afin, qu'autour de celui-ci, puisse se créer un réel domaine d'expertise ne devant toutefois pas être structuré en allant piocher par facilité dans le référentiel d'actes infirmiers ?

Question de "bonne volonté", d'"obligation" ou de "protocoles de service", la glissade AS est quotidienne, parfois même tolérée, sans toutefois être reconnue en responsabilité, en compensation salariale et, surtout, sanctionnée par une formation complémentaire ad hoc !

De la continuité du binôme AS/IDE...

En conclusion, la réingénierie du D.E.AS peut être l'occasion d'inviter à une réflexion pionnière en la matière quant à la création d'une expertise aide-soignante à la française, ayant un réelle voix au chapitre de la communauté soignante, à l'élaboration d'un rôle périphérique à celui de l'infirmier, tout en conservant l'aspect de la complémentarité originelle. Donc, in fine, à la création d'un autre modèle de la profession AS adapté aux nouveaux enjeux de santé publique, sans pour autant que  binôme AS/IDE soit le dindon inconscient de la farce économique...

Etudiant en soins infirmiers (2019-2022), Aide-soignant
@AlexisBatll


Source : infirmiers.com