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Procès de Périgueux: le Dr Chaussoy apporte son soutien à l'infirmière et à la généraliste

Publié le 13/03/2007

L'infirmière, Chantal Chanel, et le Dr Tramois sont accusées d'avoir pratiqué un acte d'euthanasie active ayant provoqué en août 2003, la mort de Paulette Druais, atteinte d'un cancer en phase terminale, rappelle-t-on.

Après une première matinée et un début d'après-midi consacrés à l'examen des personnalités, le Dr Frédéric Chaussoy, premier des 19 témoins appelés à comparaître, est entré lundi en fin de journée dans le vif du sujet.

Selon lui, le geste effectué par les deux professionnelles de santé était assimilable à celui qu'il a lui-même effectué pour Vincent Humbert. "Elles ont fait comme moi leur métier, rien que leur boulot, en respectant la volonté et la dignité du patient", a-t-il lancé aux juges et aux jurés, restés silencieux tout l'après-midi.

Le Dr Chaussoy avait bénéficié en février 2006 d'un non-lieu dans l'affaire Vincent Humbert, le jeune tétraplégique que sa mère et le médecin avaient aidé à mourir en 2003, rappelle-t-on.

Il a indiqué qu'il trouvait "injuste" qu'une affaire soit classée d'un côté et que, de l'autre, une médecin et une infirmière soient "renvoyées devant la cour d'assises". "J'aurai pu être assis sur le même banc que Chantal Chanel et Laurence Tramois mais j'ai eu de la chance d'avoir eu affaire à un magistrat humain et compassionnel", a-t-il répété à plusieurs reprises.

Rappelant les circonstances du décès de Vincent Humbert, le médecin a indiqué que la décision s'était faite de manière "collégiale" avec quatre médecins et une infirmière.

Alors que le médecin s'est employé à montrer les similitudes entre les deux actes d'euthanasie, l'avocat général s'est fait plus insistant sur les différences entre les deux affaires, le questionnant notamment sur l'intérêt du "principe de collégialité".

Le Dr Chaussoy a souligné les différences de taille et d'encadrement entre l'hôpital de Berck-sur-mer (Pas-de-Calais) et l'hôpital local de Saint-Astier. Il est "difficile" d'organiser "une conférence collégiale" un soir à 20 heures dans un hôpital local quand il n'y a pas d'autres médecins, ni infirmière, a-t-il fait remarquer.

A la question "Y avait-il urgence?" à pratiquer un acte d'euthanasie, le Dr Chaussoy a sans hésiter répondu par l'affirmatif. L'avocat général s'est alors fait plus pressant, interrogeant le médecin sur la nécessité d'impliquer la famille dans cette décision. "Ne faudrait-il pas organiser une dernière réunion de famille" avant de pratiquer un tel acte?, a-t-il demandé.

"Bien sûr", a répondu du bout des lèvres le médecin, tempérant une nouvelle fois en insistant sur des "conditions de travail plus luxueuses" qu'offre un centre hospitalier par rapport à un hôpital local.

Interrogé par le président de la cour d'assises et par l'avocat général sur la loi sur la fin de vie votée en 2005, le Dr Chaussoy a estimé qu'elle constituait "une avancée" mais qu'elle ne réglait pas tout. "Cette loi n'aurait rien apporté dans le cas de Vincent Humbert", a-t-il assuré.

Précisant à de nombreuses reprises qu'il n'était "pas un militant de l'euthanasie", il a plaidé pour une nouvelle loi, précisant qu'il revenait aux pouvoirs politique et législatif "de faire leur travail" comme le Dr Tramois et lui-même avaient "eu le courage de le faire".

Il a également insisté sur la période difficile qu'avaient été les trois années d'instruction et a estimé qu'un médecin et une infirmière ne devaient pas être assis sur le banc où, la semaine dernière, une personne l'était pour avoir tué deux personnes "de sang froid".

Un homme de 59 ans a été condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de la Dordogne pour avoir tué deux inspecteurs du travail lors d'un contrôle dans son exploitation agricole, rappelle-t-on.

Après avoir été interrogé par l'avocat de la généraliste, l'audience a été suspendue un court moment suite à un malaise d'une personne de l'assistance, à laquelle le Dr Frédéric Chaussoy a porté secours puis a repris une vingtaine de minutes plus tard.

Interrogé en marge du procès, Me Benoît Ducos-Ader, l'avocat de Laurence Tramois, a estimé que le Dr Chaussoy avait pu démontrer que les deux affaires étaient "superposables". Il a également soulevé le problème du "sous-effectif" des services de soins palliatifs, a-t-il commenté.

Le procès devrait reprendre mardi matin avec l'audition de l'ancien sénateur et l'ancien ministre, Henri Caillavet, connu pour son soutien à la légalisation de l'euthanasie.

Il devrait se poursuivre notamment par l'audition du Dr Christophe Bayon, un des associés du Dr Tramois, et par celle du personnel et du directeur de l'hôpital. En fin d'après-midi, Michel Druais, l'époux de la patiente décédée le 25 août 2003 devrait également témoigner.


Source : infirmiers.com