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Prix Nobel de médecine 2008

Publié le 07/10/2008

Le Prix Nobel de médecine récompense des chercheurs français pour la première fois depuis Jean Dausset en 1980, rappelle-t-on.

Le prix s'élève à 10 millions de couronnes suédoises, dont la moitié revient à Harald zur Hausen, un quart à Luc Montagnier et un quart à Françoise Barré-Sinoussi.

LA DECOUVERTE DU VIH

Luc Montagnier, âgé de 76 ans, est président de la Fondation mondiale pour la recherche et la prévention du sida à Paris. Françoise Barré-Sinoussi, âgée de 61 ans, dirige l'unité "Régulation des infections rétrovirales" à l'Institut Pasteur à Paris.

Alors que le premier cas de sida (syndrome d'immunodéficience acquise) a été décrit par des médecins américains en 1981 et que rapidement on s'est aperçu qu'il s'agissait d'une épidémie, l'équipe de Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi dans l'unité d'"Oncologie virale" de l'Institut Pasteur a travaillé à l'identification du virus, rappelle l'Académie Nobel dans un communiqué.

Collaborant avec des cliniciens, ils ont recherché le virus dans des lymphocytes de patients. Ils ont pu isoler un rétrovirus de la famille des lentivirus, proche mais différent du HTLV, qu'ils ont initialement appelé Lymphadenopathy associated virus (LAV).

Des anticorps contre le LAV ont été trouvés chez des patients souffrant de sida et des patients à risque et le virus a ensuite été isolé par les chercheurs pasteuriens chez des personnes infectées sexuellement, des hémophiles et des transfusés.

L'Académie Nobel évoque les travaux de Robert Gallo aux National Institutes of Health aux Etats-Unis qui avait de son côté isolé un virus qu'il avait nommé HTLV-III, puis Jay Levy à San Francisco qui avait identifié un virus qu'il avait appelé AIDS-associated retrovirus (ARV). Il s'est avéré que ces virus étaient identiques au LAV et il a finalement été décidé au niveau international, en 1985, d'appeler ce virus VIH (virus de l'immunodéficience humaine).

L'Académie Nobel de fait pas état de la polémique sur l'antériorité de la découverte entre l'équipe française et l'équipe de Robert Gallo qui a duré de nombreuses années, sur fond de bataille judiciaire pour les droits des brevets sur les tests VIH, ni sur les soupçons qui ont longtemps pesé sur Gallo d'avoir utilisé pour son compte un échantillon de LAV que lui avait envoyé Montagnier (Gallo affirmant qu'il y avait eu une contamination involontaire), note-t-on.

Le communiqué rappelle que le VIH infecte plus de 33 millions de personnes dans le monde et que plus de 60 millions ont été touchées depuis le début de la pandémie, le nombre de décès étant estimé à 25 millions.

Par ailleurs, les travaux sur l'origine du virus la font remonter au début du 20ème siècle, en Afrique de centre-ouest.

HPV ET CANCER DU COL

Harald zur Hausen, âgé de 72 ans, qui travaille au Centre de recherche sur le cancer allemand d'Heidelberg, est à l'origine de la découverte du lien entre HVP et cancer du col, découverte dont l'application la plus récente est la commercialisation de vaccins contre HPV pour la protection contre ce cancer féminin.

Dans son communiqué, l'Académie Nobel rappelle qu'on pense depuis longtemps que les cancers de la sphère anogénitale sont causés par un agent sexuellement transmissible. Mais avant les travaux d'Harald zur Hausen, ces virus n'avaient pas été identifiés. Lui-même avait travaillé sans succès sur la piste du virus herpétique HSV-2.

Il s'est alors intéressé au papillomavirus, faisant deux hypothèses: que l'ADN du virus serait toujours présent, et exprimé, dans le cancer du col, et que le virus serait également présent dans les verrues génitales. Il s'était en effet étonné que, malgré leur localisation, leur mode de transmission et la connaissance de cas de transformation maligne, les verrues génitales n'aient jamais été étudiées en lien avec les cancers génitaux.

Il a donc recherché l'ADN d'HPV dans des biopsies de cancers du col et de verrues génitales, isolant différentes souches de virus. Il a ensuite montré que certaines souches d'HPV, notamment 16 et 18, étaient responsables des cancers du col alors que d'autres souches provoquaient seulement des verrues génitales.

Au niveau moléculaire, il a également montré que des éléments du génome viral intégrés au génome de la cellule sont nécessaires pour le maintien du caractère tumoral.

On sait désormais qu'HPV est impliqué aussi dans la majorité des cancers de l'anus, dans une partie des cancers du vagin et de la vulve et dans une minorité des cancers du pénis, de la bouche et de la gorge.

Le cancer du col est le second cancer de la femme dans le monde, touchant 500.000 femmes chaque année, surtout dans les pays en développement, et causant 250.000 décès.

Avant l'arrivée des vaccins contre HPV, une application a été la commercialisation de tests de dépistage du cancer du col utilisant la recherche du virus dans les frottis cervicaux, rappelle-t-on.


Source : infirmiers.com