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Prévenir la souffrance au travail par la formation

Publié le 13/03/2017

Dans le cadre de notre série de publications de travaux de fin d’études, nous vous proposons aujourd’hui le mémoire de Fabienne Thurel-Goudenège. Masseuse-kinésithérapeute, elle a entrepris un Master 2 en sciences de l’éducation pendant lequel elle a mené des recherches sur l’épuisement des professionnels hospitaliers.

Le syndrome d’épuisement professionnel n’est donc pas un problème de personnes, mais un problème de souffrance à son travail, conséquence d’une organisation du travail défaillante.

Ce travail l’a conduit à construire un dispositif de formation permettant aux employés de pouvoir reconnaitre les signes d’épuisement professionnel, pour eux et pour leurs collègues. Pendant de nombreuses années, j’ai exercé la profession de masseur-kinésithérapeute en libéral. En 2011, j’ai décidé de me diriger vers le salariat en temps qu’intérimaire.

Un thème de recherche centré sur l’épuisement des personnels hospitaliers

J’ai d’abord exercé dans le secteur privé, puis dans la fonction publique hospitalière. J’ai croisé de nombreux professionnels, dépassés par leur fonction et la charge de travail qui leur incombait, baissant les bras, puis finalement en arrêt maladie prolongé ou récurrent. Ces différentes expériences m’ont convaincu d’aborder ce thème de recherche pour mon mémoire de Master. Il porte sur le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out, des employés en établissements de soins et les moyens de sensibilisation, d’information, de prévention, auxquels ces employés ont accès dans les établissements de soins. L’outil d’enquête utilisé est un questionnaire transmis aux employés en établissement de soins, comprenant une partie descriptive, des questions sur le stress au travail, sur les connaissances des systèmes de prévention du burn-out dans leur établissement, des mises en situations pour connaître les pratiques et les réactions des employés face au stress au travail, une dernière question se référant aux préférences de l’employé sur les techniques de gestion du stress.

Le burn-out en établissement de soins supérieur à la moyenne des autres secteurs

L’état de la santé au travail des salariés interrogés est médiocre. Le constat est en effet alarmant puisque plus de la moitié des employés interrogés (53%) présente des signes d’épuisement professionnel et que ce chiffre élevé ne fluctue ni en fonction du grade, ni en fonction de l’ancienneté, ni en fonction de l’âge. Plus de 15% des employés en établissements de soins sont exposés à un risque de syndrome d’épuisement professionnel. Ce chiffre est supérieur à la moyenne nationale qui donne un risque de burn-out de 12,6% chez les salariés dans les entreprises françaises. (Cabinet Technologia en 2014).

Etonnamment, peu de salariés font appel aux dispositifs en place dans l’établissement, tels que médecin du travail (5%), membre du CHSCT (6%) et encore moins au RH (2%). On peut se demander si cela provient d’une ignorance ou d’un manque de confiance, en effet il est encore tabou de souffrir à son travail et d’aller en discuter avec une instance présente dans l’établissement. Paradoxalement, les rôles du CHSCT sont bien connus (par 94% des employés), notamment en matière de protection mentale des salariés (12,9%) et de développement des actions de prévention et d’information sur le risque d’épuisement professionnel (15,3%).


Des dispositifs de prévention à mettre à jour

Ceci est donc révélateur d’une mauvaise qualité des dispositifs de prévention du syndrome d’épuisement professionnel, proposés au personnel en établissements de soins. Il convient donc de la revoir pour l’améliorer. Il devient urgent et indispensable, d’alerter les dirigeants d’établissements de soins sur la méconnaissance de leur personnel quant à l’utilisation des dispositifs de prévention existants, et parallèlement de mettre en place une information et une communication, sur les dispositifs présents au sein de l’entreprise, afin que chaque employé puisse trouver une solution qui lui convienne, pour éviter de sombrer dans un syndrome d’épuisement professionnel.

Perspectives

Avec plus de 3,2 millions de salariés français exposés à un risque élevé de burn-out, ce phénomène inquiétant touche toutes les catégories socioprofessionnelles.
Dans le cadre de la recherche qui a été effectuée auprès des employés en établissements de soins, cette inquiétude se confirme. Ce constat m’a amené à construire un dispositif de formation permettant aux employés de pouvoir reconnaitre les signes d’épuisement professionnel, pour eux et pour leurs collègues. Il les aidera également à se déculpabiliser face à la situation d’épuisement professionnel. Le syndrome d’épuisement professionnel est un problème sociétal majeur, englobant le travail, les travailleurs, les entreprises. Il apparait que dans les établissements où l’organisation du travail n’a pas trouvé le chemin permettant d’offrir aux employés une qualité de vie au travail satisfaisante, le burn-out touche des employés qui ne présentent pas de fragilité psychologique particulière (ce sont souvent des salariés engagés dans leur travail, dans leur entreprise, mais travaillant selon des valeurs dans lesquelles ils ne se reconnaissent plus).

Le syndrome d’épuisement professionnel n’est donc pas un problème de personnes, mais un problème de souffrance à son travail, conséquence d’une organisation du travail défaillante. On peut le considérer véritablement, comme un accident du travail.
Dans une société où les crises identitaires se multiplient, il devient urgent de se préoccuper de ceux qui souffrent au travail.

Lire le TFE - Contribution des Sciences de l’Education à la valorisation des dispositifs de prévention du syndrome d’épuisement professionnel et à l’optimisation de l’état de santé au travail des employés en établissements de soins. (PDF)

Fabienne Thurel-Goudenège Masseur Kinésithérapeute Master 2 en Sciences de l’éducation Spécialité : Responsable d’Évaluation, de Formation et d’Encadrement ftg.kine@gmail.com

Cet article a été publié le 2 mars 2017 par le site cadredesante.com que nous remercions de cet échange


Source : infirmiers.com