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Près de 2 millions de Français déments en 2030 ?

Publié le 05/07/2013

Entre 1,5 et 2 millions de personnes de plus de 65 ans pourraient avoir une démence en France en 2030, en tenant compte de l'évolution de l'espérance de vie, selon une étude publiée en juin 2013 dans European Journal of Epidemiology (EJE).

Une augmentation importante des plus de 90 ans dans la population en 2030

Ces travaux suggèrent que les stratégies de prévention potentielles ne semblent pas permettre une baisse importante de la prévalence de la démence. Avec l'allongement de l'espérance de vie, une hausse importante du nombre de patients atteints de démences est attendue au cours des années à venir, rappellent Hélène Jacqmin-Gadda de l'Institut de santé publique, d'épidémiologie et de développement (Isped, université Bordeaux II Victor Segalen), et ses collègues.

Dans cette étude, ils ont fait des projections et des estimations de prévalence pour les hommes et les femmes, selon des taux de décès différents, à partir des données de l'Insee et de la cohorte Paquid qui suit des personnes de plus de 65 ans depuis plus de 20 ans dans la région bordelaise.

L'hypothèse « centrale » s'appuie sur la même tendance qu'entre 1988 et 2002 en France, sauf pour les femmes de plus de 85 ans et les hommes de plus de 91 ans pour lesquels un taux « plus optimiste » a été choisi en tenant compte de l'allongement de l'espérance de vie observé entre 2002 et 2007. Selon ce scénario, l'espérance de vie à la naissance en 2030 serait de 87,6 ans pour les femmes et de 81,5 ans pour les hommes. L'hypothèse basse et haute correspondent respectivement à 1,3 an en moins et 1,3 an en plus à la fois pour les hommes et les femmes.

La prévalence estimée de la démence en 2010 oscille entre 980.000 personnes au total et un peu plus d'un million, avec 996.000 personnes selon l'hypothèse centrale. En 2030, cette prévalence serait de 1.563.000 à 1.962.000 personnes, avec 1,75 million de cas selon le scénario central (1.146.000 femmes et 604.000 hommes).

Sur 20 ans, ces chiffres correspondent à une progression globale de la prévalence de 75,7% (de 59,5% à 94,6%), avec une augmentation plus importante chez les hommes (+94,8%) que chez les femmes (+67%). Cette tendance serait liée à un allongement de l'espérance de vie plus important chez les hommes. En raison également d'une augmentation importante des plus de 90 ans dans la population en 2030, la part des personnes atteintes de démence en France chez les plus de 65 ans serait plus importante, de 11,2% en 2030 contre 9,8% en 2010, selon l'hypothèse centrale.

L'espérance de vie à la naissance en 2030 serait de 87,6 ans pour les femmes et de 81,5 ans pour les hommes.

Les chercheurs ont également voulu évaluer l'impact potentiel de différentes stratégies de prévention mises en place en 2010 auprès des plus de 65 ans sur la prévalence de la démence en 2030. En supposant que l'hypertension artérielle (HTA) est associée à la fois à un risque accru de démence et de décès, ils ont testé l'impact d'une meilleure prise en charge. Mais selon les hypothèses testées, ces interventions ne semblent avoir qu'un effet « modeste » sur la prévalence de la démence chez les 65-85 ans, avec au mieux une baisse de 2,7%, sinon une hausse limitée à +5,6%. « Les campagnes de prévention contre l'HTA et/ou un large recours aux antihypertenseurs selon les recommandations actuelles pour prévenir les maladies coronaires et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) réduiraient à la fois la mortalité et l'incidence de la démence mais n'induiraient qu'un petit changement dans le nombre de cas de patients déments en 2030 », commentent les auteurs.

Ils ont également testé l'impact d'un traitement hypothétique efficace pour prévenir la survenue d'une démence chez les personnes porteuses de l'allèle 4 de l'apolipoprotéine E (ApoE4), facteur de risque connu de la maladie d'Alzheimer. Une telle stratégie, sans effet sur la mortalité, permettrait de de réduire de 24% la prévalence de la démence en 2030 mais « ce scénario très optimiste est improbable ».

Dans la littérature, peu de données sont disponibles pour proposer des scénarios détaillés d'interventions de santé publique. Néanmoins, ces résultats apportent des éléments pour anticiper les changements dans la prévalence des démences et cette méthode peut être utilisée pour évaluer d'autres scénarios, concluent les chercheurs.

European Journal of Epidemiology, édition en ligne du 12 juin 2013


Source : infirmiers.com