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INFOS ET ACTUALITES

Près de 10.000 manifestants dans les rues de Paris contre le projet HPST

Publié le 29/04/2009

Selon la préfecture de Paris, le nombre de manifestants était de 8.000. La Coordination médicale hospitalière (CMH) qui avait appelé à participer, a évoqué un nombre compris entre 8.000 et 10.000.



Parti à 11 heures de Montparnasse, le défilé a d'abord rejoint les abords du ministère de la santé où il a marqué un bref arrêt puis s'est dirigé vers le Sénat et s'est regroupé avec les enseignants-chercheurs qui manifestaient également de leur côté et étaient, selon la préfecture, au nombre de 1.600.

Des membres du personnel non médical et surtout médical de nombreux établissements (Pitié-Salpêtrière, Henri Mondor, Saint-Antoine, Paul Brousse, Saint-Louis, Bicêtre, Avicenne, HEGP, Joffre-Dupuytren, Bichat-Claude Bernard, HEGP, Louis Mourier, Sainte-Périne, Albert Chenevier...) de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), composaient l'essentiel des manifestants dont certains défilaient pour la première fois.



A l'AP-HP, le taux de grévistes parmi les médecins s'est montré d'ailleurs très élevé. D'après les chiffres obtenus par l'APM auprès de l'institution, le taux de participation chez les médecins dans 21 sites sur 38 était de 50,1% et le taux de mobilisation de 75,9%. Pour le personnel non médical, le taux de participation s'élevait à 9,7% et le taux de mobilisation à 17,8%.

En revanche, peu d'hôpitaux n'appartenant pas à l'AP-HP étaient représentés à la manifestation, note-t-on.

Parmi les établissements non AP-HP présents, figuraient des représentants d'hôpitaux du Val d'Oise, du centre hospitalier intercommunal (Chic) de Créteil, de l'hôpital Esquirol et de l'Hôpital national de Saint-Maurice (Val-de-Marne) et du CH Sainte-Anne.

Des délégations de CHU de province avaient également fait le déplacement, comme une quarantaine de praticiens hospitaliers (PH) et de professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM), une soixantaine de PH, de PU-PH et d'internes du CHU de Poitiers, une dizaine d'hospitalo-universitaires des Hospices civils de Lyon (HCL) et les présidents de CME d'autres CHU.



S'étaient mélangés en tête de cortège des représentants des différentes organisations qui avaient appelé à manifester, dont ceux du Mouvement pour la défense de l'hôpital public (MDHP), des syndicats du personnel de l'AP-HP (CGT, FO, SUD, CFDT, CFE-CGC, CFTC), de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), de la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), de la CMH, du Snam-hp et du Syndicat de la coordination nationale des médecins hospitalo-universitaires (SCNMHP).

D'autres organisations figuraient dans le défilé, comme l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp) et le Syndicat national des médecins et praticiens salariés des hôpitaux et établissements de soins privés à but non lucratif et lucratif (Symhospriv, affilié à la CFE-CGC).

Dans le cortège, les médecins étaient souvent venus avec leur équipe et côtoyaient des membres du personnel soignant (infirmiers, aides-soignants...) et non soignant, non syndiqués ou syndiqués, sous un slogan commun "l'hôpital n'est pas une entreprise. Les malades ne sont pas une marchandise".

Plusieurs banderoles réclamaient le "retrait" du projet de loi Bachelot mais des participants ont indiqué à l'APM qu'ils demandaient plutôt des amendements à la partie sur la gouvernance hospitalière, note-t-on.

"C'est un événement très rare de voir toutes ces professions réunies, ces personnalités et toutes ces catégories", a commenté pour l'APM le président de la CMH, François Aubart, en estimant que cette mobilisation témoignait du "ras le bol" et du "désarroi" de tous les hospitaliers.

"Si la ministre campe sur ses positions, il y aura un risque très important d'explosion majeure", a-t-il ajouté.

UNE PREMIERE POUR DE NOMBREUX MEDECINS

De nombreux médecins hospitaliers présents, parmi lesquels figurait le Pr Laurent Lantieri (hôpital Henri Mondor) dont l'équipe a réalisé trois greffes de face, ont indiqué à l'APM qu'ils participaient pour la première fois à une manifestation, tout du moins depuis leurs études.

Tous ont fait part de leur mécontentement face aux dispositions sur la gouvernance à l'hôpital contenues dans le projet HPST qui visent à donner plus de pouvoir aux directeurs aux dépens, selon eux, des médecins, les présidents des commissions médicales d'établissement n'étant chargés que de donner des "avis" sur les nominations des médecins présents dans le directoire et des chefs de pôle.

"La dernière fois que j'ai manifesté, c'était en 1983 contre la réforme des études médicales", a indiqué à l'APM le Pr Laurent Lantieri.

"J'ai lu le projet de loi. Ce texte ne laisse aucune latitude médicale et conduira à ne retenir que des contingences financières dans les choix médicaux. Le directeur sera le seul qui pourra décider et nommer les praticiens sans avoir de contre-pouvoir", a-t-il dénoncé.

Tout en se disant "conscient" de l'existence des déficits publics en France, le Pr Lantieri a estimé que la part de ces déficits liée à l'hôpital était en diminution.

Cette loi "tuera le service public", a estimé un praticien de l'hôpital Cochin. "Or nous voulons continuer à soigner toutes les personnes que l'on 'ramasse' dans la rue et qui n'ont pas les moyens de se faire soigner", a-t-il insisté.

"Nous ne sommes pas contre la réforme des hôpitaux. Mais nous sommes contre la démédicalisation des décisions et contre l'envoi d'internes dans des établissements privés qui enseigneront une médecine très différente de ce celle que l'on enseigne à l'hôpital", a insisté le Pr Jean-Daniel Chiche (réanimation médicale, hôpital Cochin) qui manifestait aussi pour la première fois.

"Je n'ai pas envie que ce soit un directeur d'hôpital qui décide de tout, du projet médical ou de nos collaborateurs", a déclaré le Pr Emmanuel Tiret de l'hôpital Saint-Antoine, tandis que le Pr François Richard de l'hôpital Pitié-Salpêtrière s'interrogeait sur les raisons des changements introduits par le projet HPST alors que les relations actuelles entre les médecins et les directeurs "marchent bien".

"Le problème a commencé avec la tarification à l'activité (T2A). Le projet HPST est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a indiqué à l'APM le Pr Philippe Massin, chef du service d'orthopédie à l'hôpital Bichat pour expliquer les raisons de sa venue.

Avec les dispositions contenues dans ce texte, les directeurs "n'embaucheront plus les médecins qui traitent des pathologies qui ne rapportent pas financièrement mais pourront choisir les médecins et donc les malades", a-t-il déploré.

Le Pr Yves Frances, chef du service de médecine interne et chef de pôle à l'hôpital Nord à Marseille, a expliqué qu'il souhaitait que ses jeunes collaborateurs aient un "avenir radieux".

Avec HPST, "l'avenir est morose. La direction des hôpitaux ne sera plus bicéphale et mais monocéphale et un praticien pourra être nommé ou mis à pied en fonction d'intérêts économiques", a-t-il estimé, indiquant qu'il manifestait lui-même pour la première fois à titre personnel.

Outre les dispositions sur la gouvernance, le Pr Philippe Moulin, chef de service aux Hospices civils de Lyon (HCL), a dénoncé également le "mélange" des contrats de travail, publics et privés, qui existeront dans les hôpitaux. "A 50 ans, c'est aussi la première fois que je manifeste", a-t-il souligné.

Le Dr Pascal Buchet, PH à l'hôpital Avicenne, a précisé pour sa part qu'il manifestait en tant que médecin mais aussi en tant que maire de Fontenay-aux Roses (Hauts-de-Seine) pour protester contre le fait que les élus se voient "évincés" de leur rôle dans le système hospitalier.

"Les élus seront marginalisés", a confirmé à l'APM le maire socialiste de Clichy, en se disant attaché à sa fonction de président de la Fondation Roguet spécialisée en gériatrie.

DES INTERNES PRESENTS DANS LE CORTEGE

Alors que l'Inter Syndicat national des internes des hôpitaux (Isnih) n'avait pas appelé ses adhérents à participer à la manifestation, de nombreux internes étaient présents dans le cortège.

"Nous ne demandons pas le retrait de la loi mais que la partie sur la gouvernance soit amendée", a précisé le responsable des internes du CHU de Poitiers.

Dans un communiqué diffusé lundi soir, l'Isnih n'a effectivement pas appelé à manifester mais a demandé une nouvelle fois que des changements soient introduits dans le projet de loi. Il a annoncé que les présidents des syndicats d'internes des différentes villes de CHU étudieront le 16 mai le nouveau texte qui sera présenté au Sénat et décideront ce jour-là "de la suite à donner".


Source : infirmiers.com