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PSYCHIATRIE

Près de 10 700 suicides en France en 2012

Publié le 08/02/2016
suicide prise de médicaments

suicide prise de médicaments

Le nombre de suicides en France s'est rapproché en 2012 des 10 700 décès, selon le deuxième rapport de l'Observatoire national du suicide, remis le 2 février 2016 à la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Marisol Touraine.

En 2012, le suicide a engendré la mort de 9.715 personnes en France métropolitaine.

Ce rapport de 481 pages, intitulé "Suicide, connaître pour prévenir : dimensions nationales, locales et associatives" est le deuxième rapport rendu par cet observatoire créé en septembre 2013 Lancement de l'Observatoire national du suicide sur la volonté de Marisol Touraine. Le premier rapport, publié en décembre 2014, avait établi un état des lieux sur des chiffres de 2011, rappelle-t-on.

En 2012, le suicide a causé la mort de 9 715 personnes en France métropolitaine, soit près de 27 décès par jour, loin devant la mortalité routière qui s'est élevée, cette même année, à 3 426 victimes, peut-on lire dans la synthèse du rapport. Mais l'observatoire nuance aussitôt ce chiffre: Aussi précis soit-il, ce décompte ne doit pas faire oublier qu'il s'agit là d'une estimation puisqu'en raison d'erreurs ou d'absence de codage parmi les 558 408 certificats de décès enregistrés en 2012, le nombre de suicides se rapproche plus vraisemblablement des 10 700 décès. Il souligne aussi que, de la préadolescence au grand âge, le suicide concerne l'ensemble de la société. Mais il se pose avec plus d'acuité pour les hommes et chez les personnes âgées, précise-t-il.

Le suicide, c’est un drame de santé  publique. Ce  sont  chaque  année  entre  10 000  et  11 000 personnes qui mettent fin à leurs jours, et environ 80 000 personnes qui sont hospitalisées à la suite d’une tentative de suicide.

75 % des décès par suicide sont masculins

Ainsi, 75% des décès par suicide sont masculins. La surmortalité masculine est présente à tous les âges, bien que davantage marquée entre 25 et 44 ans où la part des décès masculins avoisine 80%, indique-t-il.

Le taux standardisé de mortalité par suicide s'établit, tous âges confondus, à 16,7 pour 100 000 en France métropolitaine en 2012, note l'observatoire. Le taux brut est de 15,3 pour 100 000 habitants pour la France métropolitaine et de 15,1 pour 100 000 habitants pour la France entière, et présente deux pics : le premier entre 45 et 54 ans, où il atteint 25,1 pour 100 000, le second à partir de 75 ans où les taux sont supérieurs à 30 pour 100 000.

Le rapport s'intéresse aussi aux tentatives de suicide, qui sont, elles, surtout le fait des jeunes filles entre 15 et 20 ans et dans une moindre mesure des femmes âgées de 40 à 50 ans. En France métropolitaine, le nombre de tentatives de suicide est estimé à environ 200 000 par an, 20 fois plus que le nombre de suicides.

Quant aux pensées suicidaires, parmi les personnes de 15 à 75 ans interrogées en 2014 dans le cadre du Baromètre santé de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), 5% en France métropolitaine, 4,2% en Guadeloupe, 4,4% en Martinique, 4,7% à La Réunion et 5,5% en Guyane ont déclaré avoir eu de telles pensées au cours des 12 derniers mois.

Par ailleurs, selon un programme de recherche mené entre 2007 et 2010 sur l'impact des suicides et des tentatives de suicide sur l'entourage, l'observatoire rapporte que pour chaque décès par suicide, 26 personnes sont directement ou indirectement endeuillées, soit environ 300 000 personnes chaque année, auxquelles il faut ajouter 3 750 000 Français touchés par la tentative de suicide d'un proche...

Le suicide, bien qu’intimement individuel, peut être combattu collectivement.

Une nouvelle feuille de route au premier semestre

L'intérêt de ce rapport de l'observatoire réside aussi dans les quelque 120 pages de données locales, détaillées dans des fiches région par région, outre-mer compris, note-t-on. Ainsi, pour chacune des 26 (anciennes) régions, l'observatoire dresse un panorama des taux de suicide, des modes opératoires et des taux d'hospitalisation pour tentative de suicide, ainsi qu'il le résume. Il détaille aussi les pourcentages de sous-déclaration estimée du taux de suicide par région, et évoque par exemple une sous-estimation considérable en Ile-de-France ou en Rhône-Alpes.

Deux fiches décrivent aussi les liens entre suicide et tentative de suicide et hospitalisation, au niveau national.

Dans son discours prononcé à l'occasion de la remise du rapport, mardi, dont l'APM a eu la version écrite, Marisol Touraine a évoqué le chiffre de 80 000 personnes qui sont hospitalisées à la suite d'un tentative de suicide chaque année. Le suicide est peut-être l'acte individuel le plus absolu, mais il est révélateur d'un échec collectif, a-t-elle également souligné. Elle a promis une nouvelle feuille de route opérationnelle pour la prévention du suicide dans le courant de ce premier semestre, qui s'appuiera sur les travaux de l'observatoire, mais aussi le rapport du Haut conseil pour la santé publique (HCSP), ainsi que le rapport d'évaluation du Plan psychiatrie et santé mentale, qui doivent lui être remis dans les prochaines semaines.

Réduire la violence de la maladie par un meilleur accompagnement du patient, lutter les violences sexistes, sexuelles, contre les discriminations, le harcèlement, le burn-out : toutes ces actions visent à soutenir et à protéger des personnes qui, trop souvent, ont le sentiment qu’il n’y a plus de lumière au bout du tunnel.

Hospitalisation pour tentative de suicide: améliorer le codage des établissements de santé

L'observatoire détaille, dans une fiche spécifique, les hospitalisations pour tentative de suicide (TS). Il note qu'entre 2008 et 2013, le taux d'hospitalisation pour TS dans les services de médecine et chirurgie en France métropolitaine et départements d'outre-mer est passé de 17,5 pour 10 000 habitants en 2008 à 15,7 pour 10 000 en 2013.

Cette diminution concerne surtout les années comprises entre 2010 et 2013 et est plus marquée chez les femmes que chez les hommes, indique-t-il, précisant que cette analyse est circonscrite aux TS hospitalisées dans les services de médecine et chirurgie, et ne prend pas en compte les patients suicidants non hospitalisés après un passage aux urgences, ni ceux qui sont hospitalisés directement en psychiatrie sans passage préalable dans un service de médecine.

En métropole, les régions du Sud présentent les taux les plus bas par rapport au taux national en 2013, remarque l'observatoire. Dans les DOM, les taux y sont plus bas que le taux national sauf en Martinique où le taux est particulièrement élevé chez les hommes (16,8 pour 10 000), sans que cette surmorbidité hospitalière n'ait été retrouvée chez les femmes (7,1 pour 10 000), ce qui pose question.

Il semblerait que la surmorbidité hospitalière masculine des TS provienne [...] d'une erreur de codage des hospitalisations, certains séjours pour intoxication alcoolique chez les hommes ont été codés en hospitalisations pour tentative de suicide par auto-intoxication ou exposition à l'alcool, précise-t-il.

Du coup, l'observatoire relève que les données issues du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) sont importantes pour la surveillance des TS mais restent dépendantes du codage par les praticiens des établissements de santé.

Il serait utile que des améliorations du codage soient apportées et que des études de validation des données du PMSI soient mises en place localement dans des établissements, avec un possible retour dans les dossiers médicaux, propose-t-il.


Source : infirmiers.com