Prématurité : favoriser aussi le lien père-enfant

En France, on compte plus de 60 000 naissances prématurées chaque année. Pour que les pères puissent s'investir pleinement dans leur rôle, tout autant que les mères, six étudiantes puéricultrices souhaitent réunir ces familles conçues un peu plus tôt que prévu ! Pour ces nouveaux-nés prématurés, et leurs parents qui le sont devenus prématurément, elles lancent un projet participatif pour recueillir des fonds. Le but : améliorer la prise en charge des nouveau-nés prématurés en apportant à leur famille une possibilité de se retrouver « comme s’ils étaient à la maison ». Explications.

Un rapport de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques du Ministère de la Santé, paru en octobre 2011) montre que la prématurité est passée de 5,9% en 1995 à 7,4% en 2010, soit une augmentation DE 15% en 15 ans.  En 2012, plus d’un bébé sur dix naît prématurément dans le monde, soit 13 millions de naissances dans le monde en 2010, et 60 000 en France. Est considérée comme prématurée, toute naissance qui survient au moins 1 mois avant le terme.   

Lors de ces naissances qui ne reflètent pas le processus normal d’accouchement, le père est bien trop souvent exclu. Le nouveau-né arrivant dans cet univers médicalisé, et sa mère étant elle-même hospitalisée suite à l’accouchement, il reste le père, seul, n’ayant pas sa place à l’hôpital. En effet, lors des grossesses "normales", la mère accouche et reste environ 3 jours à l’hôpital et rentre au domicile. Seulement, dans le cas des enfants prématurés, l’hospitalisation peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois ! C’est pour cela qu’il faut un service adapté pour cet enfant venant un peu trop tôt au monde : un service de néonatologie. Il n’y en a pas dans les hôpitaux, donc un enfant prématuré naissant dans un hôpital non-adapté doit obligatoirement être transféré vers un centre hospitalier de référence. Une expérience pouvant être vécue comme traumatisante pour les parents.  Un des nombreux témoignages de père disant qu’il devait faire des aller-retour tous les jours : Mon fils est resté 4 mois hospitalisé et ma femme est restée avec lui durant tout ce temps, à 100 km de la maison. Tous les jours je faisais la route, et depuis les premiers jours de sa vie, Maxence m'accueillait avec un sourire. Je conseille aux papas de prémas de faire cette route le plus souvent possible, le lien père-enfant-maman est très important ; de plus, cela a toujours été ressourçant pour moi. Il est vrai aussi que la maman a besoin de son mari autant que de son bébé. N'oublions pas que même si ces bébés sont si petits, ils n'en sont pas moins forts et qu'ils puisent leur force dans l'amour des parents. La route est longue mais croyez-moi, elle est belle. (Témoignage SOS PREMA)  

Je conseille aux papas de prémas de faire cette route le plus souvent possible, le lien père-enfant-maman est très important...

Le père, figure d'attachement auprès de l'enfant...

Nous voulons améliorer la qualité de la prise en charge des prématurés et de leur famille. C’est pourquoi la présence du père est essentielle. Le père a un rôle à part entière au sein de la famille, il devient comme la mère une figure d’attachement auprès de l’enfant. Cette figure d’attachement est un besoin réel du nouveau-né, il lui permet de se sentir en sécurité et de pouvoir se développer normalement. Les liens d’attachement entre père-mère-enfant s’effectuent dès la naissance, et c’est pourquoi le père doit pouvoir être présent dès la naissance également !  

Nous avons eu l’occasion de faire des recherches dans la littérature sur le rôle et la place du père dans la famille. Il est vrai que les temps ont changé, et nous sommes dans une époque où le père se veut plus présent, et veut partager de nombreux moments avec ses enfants. Ce sentiment est d’autant plus accru lorsque le nouveau-né est prématuré, puisque celui-ci ne vient pas au monde dans les conditions souhaitées. Nous avons pu nous entretenir avec plusieurs pères concernés, ils nous disent être très impliqués dans les soins de leur enfant, et ils ont une réelle envie d’investir leur rôle de père. Encore faut-il pouvoir leur permettre d’investir pleinement ce nouveau rôle.

Pour cela, une solution nous est apparue comme évidente : les chambres mère-enfant ont besoin d’un lit pour accueillir le père et lui permettre de rester dormir. Cela semble nécessaire afin de réunir cette famille. Pour que le père puisse profiter pleinement de son nouveau-né et apporter un soutien physique et psychologique à la mère. Pour que le père puisse s’occuper de son enfant la nuit, et ne pas devoir attendre plusieurs semaines avant de construire un lien durable avec son enfant.

Les chambres mère-enfant ont besoin d’un lit pour accueillir le père et lui permettre de rester dormir.

Un projet de financement participatif...

Un lit d’appoint répondant aux normes hospitalières représente un coût : 1 000 euros. Notre objectif est d’en acquérir 5, soit un total de 5 000 euros. Nous avons tenté d’effectuer les démarches afin d’établir une levée de fond pour ce projet auprès de l’hôpital. Les restrictions budgétaires étant telles, les lits d’appoint pour cette unité n’est pas une priorité.  C’est pourquoi nous avons besoin d’un coup de pouce. Nous recherchons des soutiens afin d’appuyer notre projet. Nous voulons réunir ces familles conçues un peu plus tôt que prévu ! Pour ces nouveau-nés prématurés, et leurs parents devenus parent prématurément ! Nous représentons l’antenne des Yvelines de l’association SOS Prema. L’association SOS PREMA œuvre pour une meilleure prise en charge de la prématurité, et vient en aide à leur famille. C’est par ce biais que nous collectons des fonds (objectif 5 000 euros) pour notre projet sur une plate-forme communautaire.

Chaque don est utile, et sera déductibles des impôts (à 66%).  Pour ce faire, les 6 infirmières sont inscrites à la Course des Héros, le 19 juin 2016, elles y représenteront l'antenne de SOS Préma Yvelines. Par cette course, elles souhaitent récolter des dons afin de financer les lits pour papa. Un bien joli projet qui ne manque pas de souffle et auquel nous avons souhaité donner un éclairage.

N'oublions pas que même si ces bébés sont si petits, ils n'en sont pas moins forts et qu'ils puisent leur force dans l'amour des parents »

Informations utiles

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Irène PALOMARES pour le groupe   Etudiante puéricultrice, Institut de puériculture Brune (Paris)  En stage à l'Hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye   i.palomares@hotmail.fr